CANDIDATURE DE ALI BONGO A LA PRESIDENTIELLE : C’est maintenant que commencent les choses sérieuses
Le fait est suffisamment rare pour être souligné. C’est tout un symbole. En effet, c’est lors d’une visite de chantiers à Port-Gentil que le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, a annoncé sa candidature à la présidentielle de septembre prochain. Et le choix de cette ville est loin d’être un fait de hasard pour deux raisons. La première c’est que Port-Gentil est connue pour être une ville frondeuse qui, au lendemain de la victoire d’Ali Bongo en 2009, s’était fortement embrasée ; si fait que durant son mandat, Bongo fils a jugé bon de réaliser quelques investissements dans la province ; histoire de rabattre le caquet à ses contempteurs. La deuxième raison tient au fait que Port-Gentil est située à quelques kilomètres seulement de la ville natale de Jean Ping qui, entré en dissidence, a décidé de faire voir des vertes et des pas mures au président Bongo. Ce qui n’est pas rien, politiquement parlant. C’est dire donc qu’Ali Bongo a soigneusement mis en scène sa déclaration de candidature ; une manière de dire aux populations de Port-Gentil qu’il ne les a pas oubliées en dépit de tout. C’est de bonne guerre. Car, en politique, rien n’est gratuit. Tout est calculé. Cela dit, les jours à venir s’annoncent très décisifs pour le président Bongo.
L’annonce de la candidature de Bongo fils risque de provoquer des troubles au Gabon
En effet, il devra d’abord convaincre les frondeurs de son propre parti, qui exigent la tenue d’un congrès avant l’investiture du candidat à la présidentielle. Ce qui ne sera pas une mince affaire quand on sait que ces frondeurs veulent en découdre avec Bongo fils qu’ils traitent de tous les noms d’oiseaux. Du reste, il faut même craindre que l’annonce à la hussarde de cette candidature ne les irrite davantage au point de les voir rallier la cause de l’opposition. Laquelle opposition ne veut pas voir Ali Bongo briguer un second mandat pour cause d’acte de naissance douteux. Et comme pour ne rien arranger, la plainte pour faux concernant l’acte de naissance du président Bongo, déposée en France par sa demi-sœur, a été classée sans suite par le parquet de Nantes qui estime que sa juridiction n’est pas compétente pour connaître de ce dossier. Ce qui risque de laisser libre cours à la conjecture, en l’absence de toute clarification sur les origines du président Bongo. En un mot comme en mille, l’annonce de la candidature de Bongo fils à la présidentielle de septembre prochain risque de provoquer des troubles au Gabon. Certes, rien, du point de vue constitutionnel, n’interdit au président Ali Bongo de briguer un nouveau mandat, mais tout porte à croire que las de la dynastie Bongo, le peuple gabonais veut désormais le changement. Ali Bongo saura-t-il lire ce signe des temps ?
B.O.