MONTEE DE LA VIOLENCE AU BURKINA : Des artistes-musiciens interpellent le gouvernement
L’Association burkinabè des femmes artistes-musiciennes (ABFAM) et d’autres organisations de la société ont battu le pavé, le 27 mai 2017 pour, ont-elles dit, exprimer leur soutien à l’artiste-musicienne Adja Divine, d’une part, et dénoncer la violence sous toutes ses formes au pays des Hommes intègres, d’autre part. A l’occasion, elles ont remis une lettre au ministre en charge de la Sécurité et une autre à la ministre de la Femme, de la solidarité nationale et de la famille pour les interpeller sur « les violences multiples et multiformes que subissent les femmes et les hommes au Burkina Faso ! ».
« Trop c’est trop » ; « Je suis Adja Divine » ; « Justice pour Adja » ; tels sont, entre autres, les messages que l’on pouvait lire et entendre le 27 mai dernier sur le Boulevard de l’Insurrection populaire (boulevard France-Afrique). En effet, suite à l’agression de Adjaratou Diessongo, connue sous le nom d’artiste Adja Divine, acteurs de la société civile et mélomanes se sont donné rendez-vous pour interpeler les autorités afin que justice lui soit rendue. Partie de « Palace Hôtel » sis à Ouaga 2000, les manifestants ont marché jusqu’à l’alimentation « Les bons amis » où Adja Divine a été brutalisée, humiliée et séquestrée. Sur le même lieu, attendait la Secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Femme, de la solidarité nationale et de la famille, chargée des affaires sociales, des personnes vivant avec un handicap et de la lutte contre l’excision, Yvette Dembélé, représentant son ministre. « Nous, femmes et hommes artistes, avec nos sœurs des organisations féminines, et le soutien de toutes les femmes et hommes du Burkina Faso épris de paix et de justice sociale, venons solennellement, par cette déclaration, manifester notre colère et notre impuissance face à la barbarie perpétrée le mardi 23 mai 2017 sur Madame Adjaratou Diessongo alias Adja Divine, artiste musicienne vivant à Ouagadougou », a soutenu Mariame Améty Méria Dramé, présidente de l’Association burkinabè des femmes artistes-musiciennes (ABFAM). Notre soutien à la victime et notre refus de l’incivisme, de l’impunité et de l’anarchie sont, a-t-elle poursuivi, pour nous, une profession de foi pour vous interpeller encore une fois sur les violences multiples et multiformes que subissent les femmes et les hommes au Burkina Faso.
Après avoir reçu la lettre des manifestants, la Secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Femme, de la solidarité nationale et de la famille, chargée des affaires sociales, des personnes vivant avec un handicap et de la lutte contre l’excision, Yvette Dembélé, a exprimé, au nom du gouvernement, son soutien à la victime. « Nous avons tenu à être là pour montrer notre solidarité avec nos frères et sœurs qui ont marché ce matin. C’est le même combat que le ministère en charge de la femme et de la promotion du genre poursuit. Nous sommes là pour dire que nous sommes engagés contre les violences faites aux femmes et à cet effet, nous avons une loi qui prévoit prévention, réparation et prise en charge des victimes de ces violences », a-t-elle indiqué.
Pour Martine Yabré, secrétaire générale de la Coalition femme, paix et sécurité, même si Adja Divine a reconnu avoir refusé d’obtempérer, il n’appartenait pas à la population de se rendre justice elle-même, quel que soit le motif. Pour elle, ce n’est pas une question de femme, mais une question de droits humains. Elle a invité les Burkinabè à dépasser un certain nombre de comportements et devenir plus humains les uns envers les autres.
Même si les femmes étaient les plus nombreuses à cette marche, nombreux sont les hommes qui ont effectué le déplacement pour réclamer aussi justice pour Adja Divine. Ali Ponré Premier, Floby, Sana Bob, pour ne citer que ceux-là, ont exprimé leur soutien à la marche et par ricochet leur opposition à la violence. « Je suis sorti pour dire non à ce qu’ils ont fait à ma sœur Adja Divine. Il faut que cela prenne fin », s’est indigné Sana Bob.
En rappel, le 23 mai 2017, Adja Divine, accusée de vol de bébé, a été violemment agressée par une foule mécontente alors qu’elle avait été interpellée par la Police.
Le syndicat de la Police nationale, l’UNAPOL, a d’ailleurs déposé plainte contre elle pour diffamation et refus d’obtempérer (Voir ENCADRE).
Issa SIGUIRE
L’ABFAM interpelle le ministère de la Sécurité
Monsieur le ministre,
Nous, femmes et hommes artistes, avec nos sœurs des organisations féminines, et le soutien de toutes les femmes et de tous les hommes du Burkina Faso, épris de paix et de justice sociale, venons solennellement par cette déclaration, manifester notre colère et notre impuissance face à la barbarie perpétrée le mardi 23 mai 2017 sur madame Adjaratou Diessongo, alias Adja Divine, artiste-musicienne vivant à Ouagadougou.
Monsieur le ministre,
le peuple burkinabé est déjà victime d’actes de violence perpétrés par des terroristes. Les différents attentats dont le pays a fait l’objet, plongent la population dans une situation d’insécurité et d’inquiétude permanente.
Aujourd’hui, cette insécurité s’aggrave avec des comportements violents et extrémistes qui se développent ainsi que l’incivisme qui grandit de jour en jour.
Ces actes de barbarie et d’incivisme dont dame Diessongo alias Adja Divine a été victime, lui ont valu au-delà des violences corporelles, des violences psychologiques, la destruction de son véhicule et un traitement dégradant et humiliant de la part d’agent de sécurité et de la population.
Des individus, par des actes, propos accompagnés d’agressions contre la personne de Madame Adjaratou Diessongo, ont porté atteinte à sa dignité, son honneur et son intégrité morale et physique. Ainsi, ces actes sont punis par la loi « 061-2015/CNT portant prévention, répression et réparation des violences à l’égard des femmes et des filles et prises en charge des victimes ».
Pour nous, femmes du Burkina Faso, le viol public de l’intimité d’une femme, comme l’a subi notre sœur, n’est pas réparable car, les conséquences psychologiques sont incommensurables pour toute la famille ; et ce viol dénote d’un manque de maturité et de bassesse dont la population a fait preuve.
Aussi, nous nous insurgeons contre ce fait, qui est le paroxysme de l’incivisme que connaît le Burkina Faso.
Monsieur le ministre,
Le peuple burkinabé a été élu parmi les trois (3) premières personnalités du monde, suite à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et l’opération de nettoyage qui s’en est suivie !
Aujourd’hui, l’incident survenu montre que ce peuple est à la dérive.
Et que les agents chargés de la sécurité devront être renforcés pour plus de professionnalisme dans les différentes interventions de terrain, afin de pouvoir faire face à cette problématique de l’incivisme violent.
Notre soutien à la victime et notre refus de l’incivisme, de l’impunité et de l’anarchie est pour nous comme une profession de foi pour vous interpeller encore une fois sur les violences multiples et multiformes que subissent les femmes et les hommes au Burkina Faso !
Monsieur le ministre,
Tout en comptant sur votre engagement personnel, le soutien de l’autorité que vous incarnez et celui inconditionnel de votre département, nous vous prions de bien vouloir croire en notre détermination sans pareille et notre forte attente à des mesures concrètes pour l’élucidation de tous les dossiers de violations flagrantes des droits des femmes et en l’occurrence celui de Adjaratou Diessongo qui est une vraie humiliation pour vous en tant qu’époux, père, frère et fils d’une femme.
Nous restons assurés que vos convictions, vos principes et votre rigueur ne vous permettront pas d’accepter ou de passer sous silence une telle situation, tant elle est grave, inhumaine et humiliante pour le peuple burkinabé que pour les autorités et plus spécifiquement le ministère de la Sécurité.
Nous espérons que la lumière sera faite très rapidement sur le présent cas, et les auteurs sanctionnés !
Monsieur le ministre,
Cette situation est un défi à vos missions et vous met à l’épreuve !
Nous avons le regard tourné vers vous et votre département, et nous attendons des réponses urgentes et salutaires pour une véritable justice.
Veuillez monsieur le ministre d’Etat, accepter l’expression de nos sentiments les plus distingués.
Ouagadougou le 22 mai 2017
La Présidente
Mariame Améty Méria DRAME
ENCADRE 2
L’ABFAM invite la ministre de la Femme à sévir
Madame la ministre,
Nous, femmes et hommes artistes, avec nos sœurs des organisations féminines, et le soutien de toutes les femmes et les hommes du Burkina Faso épris de paix et de justice sociale, venons solennellement par cette déclaration, manifester notre colère et notre impuissance face à la barbarie perpétrée le mardi 23 mai 2017 sur madame Adjaratou Diessongo, dite Adja Divine, artiste-musicienne vivant à Ouagadougou,
Madame la ministre,
Le peuple burkinabé est déjà victime d’actes de violences perpétrés par des terroristes. Les différents attentats dont le pays a fait l’objet, plongent la population dans une situation d’insécurité et d’inquiétude permanente.
Aujourd’hui, cette insécurité s’aggrave avec des comportements violents et extrémistes qui se développent ainsi que l’incivisme qui grandit de jour en jour.
Ces actes de barbarie et d’incivisme dont dame Diessongo alias Adja Divine a été victime, lui ont valu au-delà des violences corporelles, des violences psychologiques, la destruction de son véhicule et un traitement dégradant et humiliant de la part d’agent de sécurité et de la population.
Des individus, par des actes, propos accompagnés d’agressions contre la personne de madame Adjaratou Diessongo, ont porté atteinte à sa dignité, son honneur et son intégrité morale et physique. Ainsi, ces actes sont punis par la loi « 061-2015/CNT portant prévention, répression et réparation des violences à l’égard des femmes et des filles et prises en charge des victimes ».
Pour nous, femmes du Burkina Faso, le viol public de l’intimité d’une femme, comme l’a subi notre sœur, n’est pas réparable car les conséquences psychologiques sont incommensurables pour toute la famille ; et dénote d’un manque de maturité et de bassesse dont la population a fait preuve.
Aussi, nous nous insurgeons contre ce fait, qui est le paroxysme de l’incivisme que connaît le Burkina Faso.
Madame la ministre,
Le peuple Burkinabé a été élu parmi les trois (3) premières personnalités du monde, suite à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et l’opération de nettoyage qui s’en est suivie !
Aujourd’hui, l’incident survenu montre que ce peuple est à la dérive.
Et que les agents chargés de la sécurité devront être renforcés pour plus de professionnalisme dans les différentes interventions de terrain, afin de pouvoir faire face à cette problématique de l’incivisme violent.
Notre soutien à la victime et notre refus de l’incivisme, l’impunité et de l’anarchie est pour nous comme une profession de foi pour vous interpeller encore une fois sur les violences multiples et multiformes que subissent les femmes et les hommes au Burkina Faso !
Madame la ministre,
Tout en comptant sur votre engagement personnel, le soutien de l’autorité que vous incarnez et celui inconditionnel de votre département, nous vous prions de bien vouloir croire en notre détermination sans pareille et notre forte attente à des mesures concrètes pour l’élucidation de tous les dossiers de violations flagrantes des droits des femmes et en l’occurrence celui de Adjaratou Diessongo qui est une vraie humiliation pour vous en tant que femme.
Nous restons assurés que vos convictions, vos principes et votre rigueur ne vous permettront pas d’accepter ou de passer sous silence une telle situation, tant elle est grave, inhumaine et humiliante pour le peuple burkinabé que pour les autorités et plus spécifiquement le Ministère de la Femme.
Nous espérons que la lumière sera faite très rapidement sur le présent cas, et les auteurs sanctionnés !
Madame la ministre,
Cette situation est un défi à vos missions et vous met à l’épreuve !
Nous avons le regard tourné vers vous et votre département, et nous attendons des réponses urgentes et salutaires pour une véritable justice.
Veuillez madame la ministre, accepter l’expression de nos sentiments les plus distingués.
Ouagadougou le 26 mai 2017
La Présidente
Mariame Améty Méria DRAME
L’UNAPOL porte plainte contre Adja Divine pour refus d’obtempérer, diffamation, tentative de troubles à l’ordre public
« UNAPOL adresse ses vives félicitations aux deux policiers qui ont fait preuve de vigilance et de témérité professionnelle. Leur promptitude et leur sang-froid ont permis à dame Diessongo d’échapper au pire, face à une meute la suspectant de vol d’enfant. Les deux Assistants de Police ont dû risquer leur intégrité physique pour contenir la horde jusqu’à l’arrivée de leurs collègues de l’Unité d’intervention polyvalente (UIP/PN) dont nous saluons la vélocité d’intervention. UNAPOL condamne avec fermeté l’acte d’incivisme de la horde et s’indigne que dans une république, des individus empêchent la Police de faire son travail et décident de lyncher un individu, fut-il un scélérat et quel que soit le crime dont il est suspecté. UNAPOL encourage “Adja Divine” à surmonter cette dure épreuve et lui témoigne toute sa sympathie ainsi qu’à toutes les femmes du monde pour cette atteinte grave à la dignité féminine. UNAPOL salue l’initiative de Adja Divine de porter plainte et s’attachera à ce que toutes les responsabilités soient situées dans cette affaire où elle entend se prévaloir de sa propre turpitude. Dans ce dossier qui intéresse particulièrement UNAPOL, le syndicat se constituera partie civile. Revenant sur les faits, des interrogations méritent d’être formulées :
1) Pourquoi dame Diessongo prétend-elle avoir évité la Police du fait que son assurance est périmée depuis le 5 mai alors que ledit document est valable jusqu’au 15 juin et que la visite technique ne sera échue que le 27 octobre ?
2) Pourquoi dame Diessongo feint-elle d’ignorer la présence de l’agent qui s’est interposé entre elle et ses agresseurs et persiste à répéter qu’elle a été abandonnée par l’agent qui est pourtant bien visible sur les images de la scène, diffusées sur les réseaux sociaux ?
3) Peut-on dénier à la Police le droit de poursuivre des suspects dans ce climat où règne le phénomène du terrorisme ?
4) Pourquoi certains médias dont le “lefaso.net” s’obstinent-ils à faire croire que c’est la Gendarmerie qui a porté secours à la dame alors qu’il s’agit de l’UIP de Police nationale arrivée en renfort ?
5) Pourquoi cette campagne de diabolisation contre la Police Nationale aux allures d’un acharnement savamment orchestré alors que sans la présence de ce corps, la dame serait passée de vie à trépas ?
6) Pourquoi des membres du gouvernement ont-ils fusé chez dame Diessongo pourtant convaincue de refus d’obtempérer, lorsqu’on sait que de valeureux citoyens ont subi de graves meurtrissures allant même jusqu’à la mort sans bénéficier d’autant d’égards ?
7) Où puise-t-elle cette énergie pour envahir la presse audiovisuelle alors qu’une personne normale, au regard du degré de l’infortune, devrait encore être sous le choc ?
UNAPOL, fidèle à son objectif de défendre les intérêts matériels et moraux de la Police et des policiers, décide de ce qui suit :
– porter plainte contre Adjaratou Diessongo alias Adja Divine pour refus d’obtempérer, diffamation, tentative de troubles à l’ordre publique ;
– Convoquer l’ensemble des délégués UNAPOL des 13 régions et des 45 provinces, le mercredi 31 mai 2017 à l’École nationale de Police à 8h00, en vue de l’organisation d’une manifestation inédite pour le respect de la Police et des principes de la république sur toute l’étendue du territoire burkinabè.
UNAPOL invite les populations à se soumettre aux contrôles de police et à bannir la corruption. L’objectif de ces contrôles étant la protection des biens et des personnes. UNAPOL encourage les policiers à persévérer dans leurs missions quotidiennes et à demeurer vigilants, car de leur professionnalisme, dépend la sécurité de la Nation.
UNAPOL ne tolérera aucune atteinte à l’image ou à l’honneur du policier ou de l’institution policière. »
Le secrétariat à la Communication et aux relations extérieures de l’UNAPOL