DISCOURS DE MACRON A L’UO : Ovations à l’Amphi de l’UA, intifada sur Charles De Gaulle
Le président français, Emmanuel Macron, est arrivé à Ouagadougou dans la soirée du 27 novembre 2017. De nombreuses mesures ont été prises dans le cadre de cette visite dont la fermeture des écoles à Ouagadougou les 27 et 28 novembre, la fermeture de l’Université Ouaga I Pr Joseph Ki-Zerbo ainsi que son restaurant, l’interdiction d’accès à l’université aux étudiants non sélectionnés pour assister au discours du président français. Ils tenaient fermement à s’exprimer et ont montré leur mécontentement en brûlant des pneus ; ce qui a occasionné une course poursuite entre étudiants et forces de l’ordre.
Pendant que le président français, Emmanuel Macron, était ovationné à l’Amphithéatre de l’Union africaine (UA), d’autres étudiants se livraient à une véritable intifada sur le boulevard Charles De Gaulle avec les forces de l’ordre. Des pneus en flammes çà et là, des rues aux alentours de l’Université Ouaga I Pr Joseph Ki-Zerbo barricadées par la police anti-émeute, c’est ce que nous avons pu constater à notre arrivée sur l’avenue Charles De Gaulle. « Nous dénonçons la mascarade des autorités pour accueillir Macron. On ne peut pas affamer des étudiants et les vider de leur université pour accueillir un président, fut-il de la France », lance Gilbert, un étudiant de l’Unité de formation et de recherches en Sciences exactes et appliquées (UFR-SEA). Il ajoute : « Nous avons voulu profiter de l’arrivée de Macron pour dénoncer l’impérialisme français et la responsabilité de la France dans le sous-développement de l’Afrique en général et du Burkina Faso en particulier. Nous voulons, par cette protestation, montrer notre indignation face au comportement de nos autorités à notre égard ; on a fermé le
restaurant universitaire central pour nous affamer parce que Macron arrive, tout en sachant que la majorité des étudiants mangent au restaurant ». « La police nous a refusé l’accès de l’université dès le matin et certains d’entre nous ont été bastonnés et arrêtés ; c’est ce qui a conduit au désordre que vous voyez autour de l’université, les courses poursuites et les pneus en flammes», lance un autre étudiant que nous avons trouvé au bord de cette avenue Charles De Gaulle, essoufflé, les pieds couverts de poussière. Sur la même avenue déserte, mégaphone en main, nez à nez avec la police, plusieurs dizaines d’étudiants lancent des slogans hostiles à la France ; on pouvait entendre des slogans tels, entre autres, « l’impérialisme, à bas ! Le néocolonialisme, à bas ! Non à l’occupation de la France ! Non au pillage de nos ressources ! Non à l’occupation militaire française ! ». « Notre objectif n’était pas de boycotter le discours de Macron, mais de donner notre vision des choses ; de dire aux autorités burkinabè que l’arrivée de Macron ne changera rien à la politique française dans notre pays, il est là pour la protéger et la renforcer », renchérit Abdoul Fatao du département d’Histoire. Le face-à-face entre la police et les manifestants anti-Macron a duré toute la matinée. Au moment où nous quittions les lieux, l’avenue Charles De Gaulle était toujours déserte et des dizaines de manifestants hostiles à la politique française postés autour de l’Université OuagaI Pr Joseph Ki-Zerbo.
Jonas B. SALOU (Collaborateur)