ENTREPRENEURIAT AU BURKINA : Ces jeunes diplômés qui ont osé
Au Burkina Faso, et c’est un secret de polichinelle, avoir du travail relève d’un vrai parcours du combattant. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cela. Il y a, entre autres, le faible niveau d’employabilité des demandeurs d’emplois (système éducatif inadapté) et l’étroitesse du marché de l’emploi. Mais eux, plutôt que de demander de l’emploi, ont décidé d’en créer. Eux, ce sont ces jeunes qui, après leurs études, se sont lancés dans le business sans attendre un soutien quelconque. Aujourd’hui, ils arrivent à s’en sortir. Mieux, ils emploient des dizaines d’autres jeunes. Comment y sont-ils arrivés ? Quelles difficultés rencontrent-ils ? Quel est leur secret ? Pour comprendre, nous sommes allé à la rencontre de certains d’entre eux, dans la ville de Ouagadougou, courant décembre 2017. Et s’il y a une chose qu’ils partagent, c’est leur audace.
Bissighin, secteur 33, quartier périphérique de la ville de Ouagadougou. Il est 17h30, en ce jour du 7 décembre 2017, lorsque nous quittons la nationale 2, route de Ouahigouya et empruntons la voie non bitumée qui mène vers la cité de Bassinko et plus connue sous le nom de « route de Bassinko ». Sur cette voie exiguë et ravinée, les usagers circulent dans tous les sens, chacun cherchant le meilleur chemin pour avancer rapidement. Et, à chaque fois que nous croisons un motocycliste ou un véhicule, nous prenons un « bon bain » de poussière. Après avoir parcouru environ 1 kilomètre et demi, nous arrivons à destination. Le lieu du rendez-vous ressemble plutôt à un espace culturel et est facilement reconnaissable. En effet, c’est la seule cour bien éclairée de cette zone « non-lotie ». Là, pour la plupart des habitants, « avoir le courant » relève du luxe. A l’intérieur de la cour, plusieurs petites paillotes se côtoient. L’endroit est vaste. Un coup d’œil rapide laisse penser que la cour sert de maquis- restaurant ou de lieu de spectacles. Après nous être rassuré que nous étions au bon endroit, nous nous installons, le temps de souffler, en attendant Grégoire Ouédraogo. C’est avec lui que nous avons rendez-vous. Du haut de ses 30 ans, il est titulaire d’une maîtrise en économie. Contrairement à la plupart des jeunes qui se bousculent à la porte de la Fonction publique, Grégoire Ouédraogo fait partie de ceux-là qui, après leurs études, ont décidé de travailler à leur propre compte. En effet, certains jeunes, pour entrer à la Fonction publique, consacrent une, deux voire plusieurs années à se préparer pour être parmi les meilleurs et espérer être admis. Dans le privé, c’est une toute autre réalité. Et comme le disait l’autre, très souvent, « il faut connaître quelqu’un », si tu veux être employé dans une boite. Dans tout ça, l’Etat, considéré comme l’un des plus grands employeurs, n’a réussi, en 2017, qu’à offrir 11 096 postes. Or, ils étaient 905 166 candidats répartis sur toute l’étendue du territoire national, soit un ratio de 82 candidatures par poste. « Moi, je me suis toujours mis dans une logique d’entrepreneuriat », nous lance Grégoire Ouédraogo. Après avoir obtenu son diplôme à l’Université de Koudougou et fait 6 mois au Ghana pour perfectionner son anglais, nous confie-t-il, il s’est tout de suite mis à vendre certains articles comme des téléphones et des ordinateurs portables. Souvent, dit-il, il servait juste d’intermédiaire entre un client donné et un fournisseur pour, à la fin, récupérer comme bénéfice, entre 2000 et 5000 F CFA. « Après cela, je me suis intéressé à la vente des fournitures bureautiques et du divers. Ce n’était pas simple », se rappelle-t-il. Et d’ajouter « en effet, lorsque je créais mon business, j’ai d’abord travaillé à être en règle vis-à-vis de la loi. Ce sont des démarches qui sont souvent complexes et coûteuses. Mais je l’ai fait au fur et à mesure, dans l’espoir de soumissionner aux appels d’offres ». Le sourire au coin des lèvres, il poursuit en précisant que tout naturellement, à cette étape, il n’était pas sûr de bénéficier des marchés à exécuter, le secteur étant ce qu’il est. L’essentiel, pour lui, a donc été d’être à l’affût pour bondir sur la moindre opportunité qui se présenterait. En attendant une telle opportunité, il prend son mal en patience et se consacre à la vente en détail et de demi-gros de fournitures et de matériels bureautiques. A ce stade de son entreprise, la clientèle de Grégoire est essentiellement composée d’élèves et d’étudiants. Une ou deux fois tous les deux mois, dit-il, il se rend à Lomé au Togo pour chercher des marchandises et introduire dans le circuit du marché, tout ce qu’il pouvait trouver comme nouveaux articles. « C’est à partir de là que j’ai commencé à m’intéresser à la vente de voitures d’occasion », rapporte-t-il. Aussi, une ou deux fois par mois, il réussit à avoir une commande de voiture « France au revoir ». « A chaque fois que j’ai une commande, je me déplace moi-même à Lomé pour faire le choix de la voiture. Quand on se débrouille comme nous, il faut faire en sorte de satisfaire toute commande, avec le plus d’attention possible », s’explique-t-il. Mais, entre deux phrases, il est obligé de s’arrêter pour, soit répondre à un appel, soit aux salutations des personnes qui s’occupent de l’espace où nous sommes installés. Parfois, il donne des instructions. C’est à ce moment que nous comprenons que l’espace culturel dans lequel nous sommes assis, fait partie de son business. « Au fil du temps, j’ai développé d’autres initiatives. J’ai pu, avec des moyens modestes, ouvrir un dépôt de boisson. L’espace que vous voyez, vient en appui à cette activité car il me permet, en premier lieu, d’écouler la boisson », nous révèle-t-il. Aujourd’hui, Grégoire emploie une vingtaine de personnes qui l’aident dans la vente des fournitures bureautiques et également dans la redistribution des boissons. « Arrivez-vous à vous en sortir? », lui demandons nous. « Je rends grâce à Dieu. J’arrive à aider mes proches et je réponds parfois à des sollicitations. Pour cela, oui, je rends grâce à Dieu », répond-t-il. Après un instant de pause, nous reprenons les échanges mais cette fois-ci, nous évoquons l’actualité marquée par la situation en Libye.
« Ouaga Camping » pour commencer
Des jeunes qui ont décidé d’aller à l’aventure pour revenir en « rois », mais qui finissent comme esclaves dans le désert Libyen. La plupart des familles de beaucoup de ces migrants se sont endettées à hauteur de plusieurs centaines de milliers de F CFA, pour les faire partir et les voir revenir un jour en « binguiste ». « Je déplore et condamne cette situation d’esclavage en Libye. Ce dont je suis sûr, c’est que ces jeunes ont aussi leur place ici car, à mon humble avis et de par ma petite expérience, pour entreprendre, ce qu’il faut, ce ne sont pas des moyens colossaux, mais de la conviction et du courage. Et actuellement, beaucoup d’opportunités en matière d’entrepreneuriat, sont présentes au Burkina et attendent d’être saisies », nous confie notre interlocuteur. D’ailleurs, il n’est pas le seul à penser que pour entreprendre, contrairement à ce que pensent certains, l’on n’a pas forcément besoin de sommes colossales. Zakaria Bonané, lui, a commencé son activité avec 200 000 F CFA. Aujourd’hui, il emploie 6 personnes. Il vend du « pain anglais » ou encore du « Panini ». Son commerce, il l’a ouvert depuis 2007. Pionnier dans le domaine, l’idée lui est venue alors qu’il était en Côte d’Ivoire pour des vacances. « Mon ambition première était de jouer au foot. Mais j’ai été victime de plusieurs blessures. Entre-temps, j’étais parti en Côte d’Ivoire pour me reposer et c’est là-bas que j’ai découvert cette façon de faire le pain. Les gens en raffolaient à Abidjan mais à Ouaga, ce n’était pas connu », se rappelle-t-il. De retour au pays en 2006, Zakaria Bonané n’avait donc qu’une seule chose en tête : faire découvrir les saveurs de cette façon de faire le pain aux Burkinabè. Mais comment, étant donné qu’il n’avait aucun sou et ne pouvait compter sur personne pour un soutien financier ? « Dieu faisant bien les choses » selon ses propres termes, la même année, il réussit à signer un contrat avec un club de football à Koudougou. Avec ce contrat, il obtient les 200 000 F FCFA, son fonds de roulement pour mettre en place son projet. « J’ai d’abord payé la machine qui sert à faire le pain », nous indique-t-il. Et durant toute la saison qu’a duré son contrat, tout ce qu’il gagnait, il l’investissait dans le matériel qui devait lui servir à fabriquer les « Paninis ». L’année qui a suivi, en 2007, il était fin prêt. Il fait appel à un jeune dont le seul rêve était d’aller à l’aventure, en Europe, pour venir travailler avec lui. Ce dernier accepte et ensemble, ils s’installent d’abord dans un quartier de Ouagadougou, à Kalgodhin, non loin de « Ouaga camping ». Mais Bonané avait un objectif : avoir un marché pour ses produits. Car, la plupart de ceux qui y travaillaient étaient des étrangers, donc supposés connaître le pain qu’il s’apprêtait à mettre sur le marché. « Je ne me rappelle pas de la date exacte à laquelle j’ai commencé, mais je sais que c’était un jeudi soir. Je ne vendais en moyenne que 5 pains par jour. Mais avec le temps, les clients ont apprécié ce que je leur proposais », se souvient-il. Le soutien et les encouragements de ses clients, c’est le seul réconfort que notre jeune entrepreneur a eu tout ce temps. Personne d’autre, souligne-t-il, ne lui a prêté main forte, que ce soit sur le plan financier ou matériel. Pourtant, il a tenté plusieurs approches. « J’ai fait preuve d’abnégation et de courage », soutient-il. Une détermination qui paye aujourd’hui et qui, il faut le dire, n’a pas manqué de faire des émules dans son entourage. En effet, après le succès de son business, foi de Bonané, plusieurs autres jeunes l’ont approché pour connaître son secret. « Sur ce plan, je suis toujours resté ouvert. J’ai formé et aidé de nombreux jeunes. Aujourd’hui, ils sont nombreux à s’installer à leur propre compte un peu partout à Ouagadougou et à l’intérieur du pays », rapporte-t-il également avec un brin de fierté. Car, lui, Bonané, dit être convaincu que la recherche effrénée de l’argent ne conduit pas forcément à la réussite. Sa vision est que pour réussir, surtout dans l’entrepreneuriat, il faut d’abord avoir confiance en soi-même, construire des rapports cordiaux avec son entourage et avoir des relations humaines saines. Soutenir d’autres jeunes n’a donc pas empêché notre jeune entrepreneur d’avancer dans son business. Bien au contraire, rapporte-t-il, il continue de faire son petit bonhomme de chemin dans le milieu des affaires. Il compte désormais faire dans la production de matières premières qui entrent dans la préparation du « Panini », en l’occurrence les œufs. Il y a déjà investi en payant des poules pondeuses qui ont été ravagées par la maladie. « J’ai les installations de base, mais je n’ai plus de moyens pour payer d’autres poules pour continuer la production d’œufs. Il me faut 10 millions de F CFA pour mettre sur les rails ce grand projet. », lance-t-il un peu désabusé.
Créer une entreprise avec 0 F CFA, c’est possible
Si Zakaria Bonané a choisi le domaine de la restauration, Alice Somda, elle, évolue dans la communication. Titulaire d’un BAC, elle a poursuivi ses études dans un institut supérieur de la place. Mais, les moyens ne suffisant pas pour assurer sa scolarité et son loyer, elle décide de mettre en place un projet qui lui tenait à cœur depuis sa tendre enfance : une entreprise de communication spécialisée dans la communication par l’objet. Lorsque nous la rencontrons, le 17 décembre dernier, « petit modèle », dans une robe « Addis Abeba », roulant une « petite » Toyota, nous remarquons en premier lieu qu’elle jouit d’une assurance qui n’est pas habituelle chez les jeunes de son âge. Mais cela ne l’empêche pas d’être courtoise et très ouverte. Ce qui nous a d’ailleurs permis de nous familiariser avec elle très rapidement. A 27 ans, Alice est chef d’entreprise. Sa boîte, elle l’a créée quand elle avait 25 ans, avec comme fonds de roulement, nous dit-elle, 0 F CFA. « Cela peut vous paraître utopique, mais c’est la réalité. Je n’ai pas eu besoin d’avoir un fonds de roulement pour commencer. J’ai d’abord fait du porte-à-porte dans les entreprises pour vendre mon idée et je leur proposait des exemplaires. Lorsque ces dernières y adhéraient, je retournais auprès des fournisseurs et mes infographes et passais la commande à crédit. Et, c’est après la livraison que chacun de nous entre en possession de ce qui lui revient », nous raconte-t-elle. C’est ainsi qu’avançant à pas de caméléon, mais avec certitude et conviction, la jeune Alice a réussi à se constituer un fonds pour acquérir une partie du matériel dont elle a besoin pour fabriquer, entre autres, des tee-shirts, des porte-documents, des calepins, des flyers et tout autre objet qui peut vous permettre de mieux vendre l’image de votre entreprise. « Quelle stratégie adoptez-vous pour avoir la confiance de vos partenaires ? », lui demandons nous. « Je mise sur la qualité. Mais comment je fais pour que mes gadgets soient aussi de si bonne qualité, ça je le garde pour moi », réagit-elle en riant. La concurrence dans le domaine, souligne-t-elle également, est très rude et pour se faire une place, en plus de produire des articles de qualité, Alice et son équipe mettent l’accent sur les délais de livraison. Une équipe qui, nous confie-t-elle, est composée de 4 employés permanents. Mais souvent, pour répondre à certaines demandes, elle peut engager une dizaine de contractuels. Mais quid des conditions de vie d’Alice ? Sur ce point, elle ne se plaint pas non plus. Son souhait, c’est de bénéficier de plus de soutien afin de pouvoir exécuter des marchés qui demandent plus de fonds. A ce propos, nous lui demandons si elle a entrepris des démarches auprès des fonds alloués par le ministère en charge de la Jeunesse pour fructifier ses affaires. « Avec un an d’existence, nous n’avons pas beaucoup de crédibilité auprès des institutions financières. Aussi, pour certains fonds, on nous demande des garanties que nous n’avons pas. Notre plus grande difficulté, c’est cela », nous dit-elle. Dans certaines situations, déplore-t-elle également, l’on considère qu’elle est encore « petite » et on ne lui accorde pas assez de crédits. « Mais, à chaque fois, nous travaillons à prouver le contraire et montrons aux yeux de tous que nous avons aussi de l’expertise », renchérit-elle. De la situation des conditions d’emplois des jeunes, notre interlocutrice a indiqué que travailler dans la Fonction publique ou dans le privé, permet d’avoir, à son avis, une stabilité financière mais pour être riche, il faut entreprendre. « Mais, comment réussir dans l’entrepreneuriat ? ». Sur cette question, la jeune Alice répond simplement : « il faut être audacieux ! ».
Adama SIGUE
Pilga Larba, Directeur général de la Jeunesse et de l’éducation permanente
« Les jeunes ne sont pas financés à la hauteur de leurs ambitions »
Pilga Larba est le Directeur général de la Jeunesse et de l’éducation permanente. L’institution dont il a la charge s’occupe, entre autres, de l’encadrement des jeunes, de l’organisation des mouvements associatifs des jeunes et de la promotion de l’entrepreneuriat. Avec lui, nous avons échangé sur l’entrepreneuriat des jeunes afin de savoir quelles sont les mesures prises par l’Etat pour aider les jeunes entrepreneurs à réussir.
« Le Pays » : Pensez-vous que l’environnement au Burkina est aujourd’hui favorable à l’entrepreneuriat des jeunes ?
Pila Larba : L’entrepreneuriat, c’est tout un processus. Quand on jette un regard au niveau de notre système éducatif, on voit déjà que c’est un système qui ne forme pas les gens à l’entrepreneuriat dès le bas âge. Dans d’autres pays, dès le bas âge, en dehors du cursus administratif, on montre à l’enfant ce qu’il peut aussi faire de ses dix doigts et comment il peut mettre en place un petit atelier. Malheureusement, au Burkina, ce n’est pas cet esprit qui est enseigné à l’école. Ici, c’est quand on n’arrive pas à trouver un travail au niveau de la Fonction publique ou au niveau du privé que l’on commence à penser à entreprendre. Ce n’est pas tard, mais à ce moment, c’est difficile. Donc, l’environnement scolaire n’est pas favorable à l’entreprenariat. Mais actuellement, les conditions de vie et le tissu économique sont de plus en plus en train de contraindre les jeunes à développer l’esprit d’entreprise. L’environnement n’est pas aussi favorable que cela, mais c’est aussi une question de décision politique. Si les autorités décident de promouvoir l’esprit d’entreprise, dès l’école, on peut insérer dans les curricula, des modules de formation en entrepreneuriat. Si on arrive à faire cela, dans 5 ou 10 ans, les jeunes seront beaucoup plus orientés vers l’entrepreneuriat que vers le fonctionnariat.
Vous dites que l’environnement n’est pas favorable à l’entrepreneuriat des jeunes mais on remarque qu’il y a certains qui arrivent à tirer leur épingle du jeu. A ce niveau, que fait l’Etat pour accompagner ces jeunes qui s’y sont engagés ?
C’est juste et je profite féliciter tous ces jeunes qui, malgré les conditions difficiles, arrivent à s’auto-employer tant bien que mal. Ils rencontrent des difficultés, c’est vrai, mais c’est cela aussi l’entrepreneuriat. L’Etat a mis en place des programmes qui permettent d’accompagner techniquement ces jeunes qui arrivent à se débrouiller. Entre autres, des programmes de formation en entrepreneuriat et en gestion de micro-entreprises. Nous recensons de jeunes entrepreneurs et nous leur donnons des formations en gestion de micro-entreprises. Cela leur permet de tenir leur business. Il y a d’autres qui ont la volonté d’entreprendre mais qui n’ont pas le nécessaire. Pour ces personnes, nous avons un programme pour les doter de kits. Il faut dire également que le ministre en charge de la Jeunesse a fait une sortie terrain récemment, où nous avons pu identifier des jeunes convaincus de ce qu’ils font. Parmi eux, certains avaient reçu des financements de fonds placés sous la tutelle du ministère et d’autres avaient eux-mêmes mobilisé leur propre financement. Mais tous, ils arrivent aujourd’hui à s’auto-employer. Ce sont des jeunes à encourager. Lors du passage du ministre, on leur a donné des kits et à certains, des fonds sous forme d’appui. La politique actuellement, c’est de travailler à identifier l’ensemble de ces personnes, et faire des sorties pour aller les encourager. Ce sont des modèles que nous avons envie de porter à la connaissance du public, afin que leurs actions puissent faire des émules au sein de la jeunesse.
« Il y a un dispositif de création d’un fonds de garantie avec les banques »
Parlant de financements, beaucoup n’arrivent pas à avoir accès aux fonds ou aux crédits pour commencer ou renforcer leurs activités. Qu’est-ce qui est fait à votre niveau pour aider les jeunes entrepreneurs à ce niveau ?
Le financement constitue un problème réel. Au Burkina Faso, il y a des fonds au niveau du ministère de la jeunesse. Il y en a 4, avec un fonds de subvention de formation. Les trois autres font des prêts aux jeunes, pour qu’ils puissent entreprendre. La grande difficulté, ce sont les garanties et le taux d’intérêt des crédits. Lorsque nous avons tenu les états généraux de la jeunesse, en novembre dernier, des recommandations fortes ont été faites. Parmi elles, il y a la révision des conditions d’accès aux crédits et la réduction substantielle des taux d’intérêts des crédits. Avant même la tenue de ces états généraux, instructions avaient été données au ministère pour que l’on travaille à opérer des réformes au niveau des fonds pour en faire un fonds unique avec plusieurs guichets. Aussi, s’est-il agi de voir comment alléger les garanties et de réduire les taux d’intérêts. Ce sont les deux facteurs qui font que les jeunes accèdent difficilement au fonds. Nous en sommes conscients et il y a des mesures qui sont en train d’être prises et d’ici le premier trimestre de l’année 2018, ces réformes aboutiront afin que nous puissions être capables de trouver un fonds unique avec des conditions souples. Il y a également un dispositif de création d’un fonds de garantie en cours, avec les banques de la place. Cela, pour que celles-ci supportent les garanties afin que les jeunes puissent avoir accès aux crédits. Si ces efforts sont conjugués, nous pouvons parvenir à avoir des fonds qui vont financer ces jeunes dans leurs entreprises.
Mais, pour certains, les fonds qui leurs sont proposés sont insuffisants du fait du plafonnement qui est fait.
En effet, les fonds qui sont actuellement sous la tutelle du ministère, sont plafonnés. Ce plafonnement varie d’un fonds à un autre. Au niveau du Fonds d’appui aux initiatives des jeunes (FAIJ), les plafonds des prêts individuels se situent autour de 2 millions de F CFA. Les prêts collectifs peuvent atteindre 5 millions de F CFA. Il y a d’autres fonds où individuellement, on peut avoir 5 millions de F CFA. Donc, dans certains cas, les jeunes ne sont pas financés à la hauteur de leurs ambitions. Mais, tout cela est lié aux problèmes de garanties. Mais, c’est pour résoudre tous ces problèmes qu’instruction a été donnée de trouver des réformes au niveau des différents fonds, avec également la mise en place du dispositif d’un fonds de garantie. C’est vrai que les fonds sont plafonnés, mais la grosse difficulté reste l’accessibilité au crédit.
En attendant la mise en place de tout ce système, quels conseils avez-vous à donner aux jeunes dans leur ensemble ?
Je voudrais d’abord féliciter l’ensemble des jeunes qui, malgré l’adversité et les conditions difficiles, arrivent à s’auto-employer. Nous les félicitons et nous les encourageons, parce que c’est la voie royale pour promouvoir l’emploi au Burkina. La Fonction publique, à elle seule, ne peut pas absorber tous les demandeurs d’emplois. Ce n’est pas possible. Le tissu économique de notre pays, à ce stade, ne permet pas non plus que les entreprises absorbent tous les demandeurs d’emplois. La seule alternative, c’est de savoir comment chacun peut s’auto-employer et créer aussi des emplois. Beaucoup y arrivent et nous les encourageons. Pour ceux qui n’y sont pas d’abord, nous les y invitons. Dans cette vie, pour se réaliser pleinement, c’est de créer son propre emploi. Je suis dans la Fonction publique et je sais ce qui se passe. Je ne conseillerai pas aux gens de venir dans la Fonction publique. Je leur conseille plutôt de s’auto-employer, car c’est la meilleure manière de s’épanouir pleinement.
Propos recueillis par A.S