LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT PATRICE TALON : « Excellence, je croyais toujours en vous quand vous demandiez de serrer la ceinture »
Dans la lettre ouverte ci-dessous adressée à Patrice Talon, l’auteur, usant du persiflage, l’interpelle sur la gouvernance actuelle au Bénin, avec ces remous sociaux consétifs à la suppression pour certains travailleurs du droit de grève. Aussi constate-t-on que sur le plan social, « l’argent ne circule plus », si fait que dit-il, les Béninois « se plaignent ». Lisez !
Monsieur le président, avant tout propos, permettez moi de vous présenter tous mes vœux les meilleurs pour cette nouvelle année qui débute. Excellence monsieur le président, le Bénin, mon pays, fragilisé, fragmenté, déchiré, descendu sur ce piédestal, comme l’estime votre vice, a été l’œuvre de votre télécommande depuis l’avènement de la fameuse tentative de coup d’Etat et d’empoisonnement du président Boni Yayi. M. le président, vous devez tout à ce pays qui vous a vu naître, qui vous a éduqué, qui vous a nourri, qui vous a fait riche, qui vous a donné le pouvoir de diriger ses fils et filles. Oui M. le président ce peuple mérite que vous lui retourniez l’ascenseur sur le plan social, éducatif et économique. Au lendemain de votre élection, je me disais et je le disais à mes amis voilà enfin un président qui pourra véritablement sortir le Bénin des vices longtemps, longuement et largement vécus et ont été la source de son non décollage. Je me disais que le moment est venu d’identifier le vrai avec le faux, car la compétence serait de mise. M. le président je croyais toujours en vous quand vous demandiez de serrer la ceinture, car pour moi ce fut un appel à tous au travail. M. le président si très tôt vous avez voulu supprimer le droit de grève à certaines catégories de vos travailleurs, vous avez vu juste. Vous avez su mettre des syndicats à votre solde pour des revendications politiques depuis votre écli sous le règne de Yayi Boni. Vous avez vu juste parce que vous craigniez cette forme de revendication politique soit aussi activée contre vous. La preuve est qu’au lendemain de votre élection vous avez procédé à la nomination immédiate de certains de ces syndicalistes, de ces acteurs de la société civile. Excellence M. le président tous les moyens, tous les gros moyens que vous utilisez aujourd’hui pour que les grands électeurs, les grands commerçants et les institutions soient à votre solde, M. le président, si ces moyens étaient dirigés vers le social, votre peuple serait reconnaissant envers vous au point de vous reconduire pour un deuxième mandat. M. le président si j’étais à votre place quand M. Adrien Houngbédji parlait du Bénin fragmenté, j’allais être triste, très triste parce que j’ai une conscience. J’allais être triste parce que je m’aurais dit et pourtant depuis 1990 jusqu’au moment où le pays s’est fragmenté, je faisais nommer des ministres, des directeurs généraux, techniques et centraux. Aussi j’avais la main mise sur le ministère de l’agriculture, de l’économie maritime et sur le ministère de l’économie et des finances. J’allais être triste parce que vous étiez le citoyen chéri de nos régimes antérieurs, de détenteurs des secteurs juteux de notre économie. J’allais être triste enfin parce que vous étiez principal de l’élection et de réélection de celui sous qui le pays aurait été fragmenté. M. le président, pour qu’une politique de gouvernance soit profitable, il faut qu’elle réponde aux aspirations du peuple dans l’espace et dans le temps. M. le président, chassez que vos enfants sont déçus de la façon dont vous les gouvernez. Excellence, M. le président, ces reformes qui nous demandent de serrer les ceintures doivent être accompagnées par des mesures sociales. Si vous vous félicitez de votre lutte contre la corruption, cela suppose que les caisses de l’Etat à travers les recettes se portent mieux. Mais je me demande pourquoi le PAG est encore sous perfusion à travers des emprunts obligatoires répétés qui ne font que nous enliser davantage. Nous constatons que l’argent sale ne circule pas mais se partage entre vous et vos collaborateurs. Cela nous fait croire que vous luttez contre la générosité et non contre la corruption. M. le président, permettez-moi de vous dire que vos compatriotes à travers le monde, la diaspora béninoise se plaignent et dénoncent cette façon de gérer le pays : «le favoritisme, le laxisme, les détournements, la corruption riment avec cherté de la vie et le chômage grandissant » M. le président, la CC vu l’un de ses membres corrompu, démissionné, la justice qui refuse de jouer le jeu est persécutée, bref ! Votre règne est loin d’être démocratique. N’est-ce pas dans un jeu anti-démocratique que vous êtes parvenu au pouvoir ? M. le président, observez vos compatriotes qui croupissent dans la misère, qui meurent dans les hôpitaux, à travers les aventures aussi ! Soyez un peu plus sensible face aux souffrances de votre peuple ! Sachez, M. le président, que ce sont toutes ces insuffisances, cette vérité qui militeront un jour contre vous. A bon entendeur, salut !
Par Narcisse DANADJE, exilé social du régime.