Dr MOHAMED KORGHLOU, PRESIDENT DE MONDIAL CARE FRANCE A PROPOS DES EVACUATIONS SANITAIRES
Les évacuations sanitaires, on en parle beaucoup dans notre pays. En effet, de plus en plus, des personnes sans aucune formation médicale s’improvisent « intermédiaires en évacuations sanitaires ». Un grand nombre de cliniques privées ou des médecins, à titre individuel, voire des individus versés dans le gain facile, s’aventurent dans ce domaine sans la moindre base juridique ou qualification professionnelle les autorisant à mener une telle activité (registre de commerce, etc.) Or, l’organisation et la planification transfrontalière des soins impose une rigoureuse organisation de cette activité. Des sociétés spécialisées sont nées à travers le monde, particulièrement dans les pays européens. Le Burkina Faso se met, à son tour, à l’heure de la modernité avec la création du premier prestataire dans le domaine. L’Agence Internationale les As du Management et de la santé, en abrégé (2AMIS), créée en fin 2017 par l’ancien Directeur général du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO), Bibia Robert Sangaré, facilitant l’évacuation des patients burkinabè vers différentes destinations, particulièrement la France, le Maroc et la Tunisie. Pour cette activité de conseil et d’assistance en évacuation sanitaires, l’agence 2 AMIS du sieur Sangaré a signé une convention de partenariat dans le cadre d’un réseau international de prestations médicales avec la société française Mondial Care France sise au 112, Avenue du Général Charles De Gaule à Rosny-Sous-Bois France. On apprend ainsi qu’au titre de l’année 2019, ce sont au total 23 patients(es) qui ont été évacués avec l’accompagnement et l’assistance de l’Agence 2AMIS/Mondial Care France ,en France, au Maroc, en Tunisie. Ces patients proviennent aussi bien de structures publiques, parapubliques que privées en plus des privés individuels. A l’occasion du séjour au Burkina Faso, du Docteur Mohammed Korghlou, président de Mondial Care France au Burkina Faso, nous avons rencontré les deux responsables et avons échangé sur cette question des évacuations sanitaires .
« Le Pays » : Dans quel cadre séjournez-vous au Burkina Faso ?
Dr Mohamed Korghlou : Tout d’abord, c’est toujours un plaisir et une grande joie de se retrouver à Ouagadougou; une ville pleine de vie, que j’ai eu le privilège de découvrir il y a de cela plus de dix ans. Comme vous le savez, la société d’assistance Mondial Care imprime une présence panafricaine. Dans cette optique et pour ce qui est du Burkina Faso, nous avons l’honneur d’être partenaire exclusif de l’Agence 2AMIS de Robert Sangaré dont je salue le dévouement et le professionnalisme de son staff. L’entreprise assure un lien permanent avec ses différentes représentations dans les capitales du continent aussi bien à Ouagadougou qu’à Niamey, Libreville ou Abidjan. Nous avons instauré une tradition de se voir au moins une fois par an avec notre partenaire et représentant au Burkina Faso. Nous profitons aussi pour rencontrer les différents décideurs, leur rendre compte, relever leurs doléances et remarques et améliorer tous ensemble nos procédures de travail. Le tissage d’une relation humaine forte contribue pleinement à la réalisation de grands succès au profit des malades.
En quoi consistent le conseil et l’assistance en matière d’évacuations sanitaires ?
Pour répondre clairement à cette question, j’aimerais qu’on se place dans le contexte. Comme vous le savez, il est très dur de quitter son pays, sa famille, son travail pour aller se faire soigner à l’étranger. Personne ne souhaite une évacuation sanitaire à son prochain car cela voudrait dire qu’on lui souhaite d’être malade. Mais puisque la maladie fait partie de la vie et que la quête d’une meilleure santé peut conduire les hommes à aller la chercher dans n’importe quel coin du monde, il faut une organisation efficace et véritablement professionnelle pour que ce voyage obligé, si on doit l’entreprendre, atteigne le résultat escompté. Beaucoup de questions vont revenir dans la tête de cette personne à évacuer en rapport avec la qualité des soins, de l’accueil, du transport, de l’hébergement, et l’accompagnement… Ce n’est pas une simple affaire. Mondial Care apporte une réponse et met en place un processus pour chaque étape de ce voyage de santé. Il s’agit d’un travail de fond, qui découle de l’analyse précise de l’état clinique du patient. Cela va du choix de la ou des structures de soins, à la coordination de ces actes. L’assistance médicale est un métier. Il est codifié et répond à des normes et exigences établies selon des recommandations internationales.
Quelle est l’étendue de votre réseau de soins partenaires et dans combien de pays votre structure est-elle représentée ?
L’expérience acquise dans la gestion en France de patients étrangers nous a montré l’importance de disposer d’un réseau de médecins correspondants dans les différentes spécialités médicochirurgicales. Je ne parle pas de réseaux de structures de soins, mais de réseaux de praticiens disposés à répondre promptement aux spécificités de la prise en charge d’un patient ne résidant pas en France. Cette démarche confère une liberté absolue vis-à-vis des hôpitaux et cliniques et laisse la totale latitude de choisir ou de proposer la meilleure orientation possible. Certains organismes optent pour des conventions directes avec les structures de soins. Nous considérons cela comme étant une erreur fondamentale car cela limite le choix dans l’adressage des patients et les prive d’accéder à certaines compétences n’exerçant pas dans les hôpitaux ou cliniques concernés par ces conventions. En résumé, c’est l’état clinique du patient qui nous dicte le choix de la structure.
De plus en plus, les Burkinabè semblent privilégier la Tunisie pour aller se soigner à l’étranger. La justification est que les soins seraient moins chers en Tunisie, et qu’on n’a pas besoin de visa pour y aller. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?
La Tunisie est connue pour être une destination médicale par excellence. De gros moyens ont été investis dans la construction d’hôpitaux et dans les équipements de dernière génération. Le Maroc aussi déploie des efforts considérables dans ce sens, à l’exemple du fleuron de la médecine de Casablanca ; le CHU Cheikh Khalifa. Les équipes médicales ont, pour la plupart, été formées dans des universités européennes. De notre côté et afin de répondre aux patients désireux de se faire soigner dans ces deux pays du Maghreb, nous avons dû créer deux bureaux Mondial Care : l’un à Tunis et l’autre à Casablanca.
De même, il semble que pour aller se soigner en France, il n’est pas facile d’obtenir le visa, nonobstant le coût élevé des soins. Que pouvez-vous dire à ce sujet également ?
Cette notion me semble injustifiée. La destination Maroc ou Tunisie n’est pas une destination Low Cost. Chaque pays a sa spécificité. Je vous dirais même que certaines procédures médicochirurgicales sont moins chères en France. Pour ce qui est du visa, les autorités consulaires françaises ont, dans la grande majorité des cas, répondu favorablement dès lors que le dossier du patient est solide et présente des garanties certaines.
Quels sont vos critères d’orientation des patients vers tel ou tel pays ou telle ou telle structure de soins ?
Orienter un patient est une lourde responsabilité. Vous avez, sans aucun doute, eu des échos sur des mésaventures vécues par des malades très mal orientés ou ayant opté pour des filières de soins qui se sont avérées défaillantes. Notre organisation en interne nous a permis de cibler juste et cela grâce à l’implication de notre staff médical qui se réunit, étudie les dossiers et propose la destination qui semble la meilleure possible. Comme j’ai pu le souligner précédemment, nous ne sommes liés conventionnellement à aucune structure. Nous sollicitons ponctuellement l’équipe qui nous semble la mieux expérimentée pour une meilleure prestation médicale.
Il semble aussi, qu’il y a beaucoup d’arnaques dans le milieu des évacuations sanitaires. Votre réaction ?
Ce genre de mésaventures sont très fréquemment signalées lorsque le patient ne s’entoure pas de toutes les garanties nécessaires quant à son mode de prise en charge et de la destination qu’il a choisie. Pour se soigner à l’étranger, il faudra toujours se faire assister. Dans notre mode opératoire, nous assurons un suivi et un accompagnement permanent du patient jusqu’à son retour au pays. Assister un patient requiert des compétences rigoureusement médicales, une organisation méticuleuse et une équipe dynamique dans chaque pays d’accueil des patients. Nous ne faisons pas, comme certains prétendus intermédiaires, de la conciergerie. En somme, il n’y a pas d’arnaques à proprement parler, mais il y a soit mauvaise orientation, soit absence d’accompagnement et d’assistance par des structures appropriées et compétentes en la matière. Pour ce qui est du Burkina Faso, nous pensons que l’agence 2AMIS et son partenaire Mondial Care disposent de toutes les compétences et de l’expérience pour bien conseiller et orienter les Burkinabè en besoins de soins à l’extérieur vers les meilleures formations sanitaires de France, du Maroc, de la Tunisie, etc.
Propos recueillis par Valérie TIANHOUN