REPRESSION MEURTRIERE DE MANIFESTATIONS POLITIQUES EN RDC
Une marche lancée hier, 9 juillet 2020, à l’appel du parti au pouvoir, l’UDPS, la Lucha et de Filimbi, qui tourne court. En effet, celle-ci a été violemment dispersée par la police. Plusieurs participants issus des deux mouvements, mais aussi de l’UDPS – le parti du président Félix Tshisekedi – et de Lamuka, interpellés … sur fond de brutalité policière. Deux manifestants auraient perdu la vie au cours des échauffourées. Et c’est peu dire que le Congo n’a pas besoin de ça. En République démocratique du Congo (RDC), l’état d’urgence sanitaire liée au Covid-19, qui interdit tout rassemblement de plus de vingt personnes, a manifestement bon dos. C’est sur cette mesure que se fonde également le gouverneur de la capitale congolaise, Kinshasa, pour s’opposer à toute manifestation politique de protestation ou de soutien aux propositions de réforme judiciaire ou à la nomination de Ronsard Malonda à la tête de la Commission électorale. Gentiny Ngobila, c’est le nom du gouverneur, est issu de la coalition pro-Kabila. A priori, il ne veut faire aucune différence entre, d’un côté, les partisans du PPRD – parti de Kabila – qui projettent d’organiser dans les jours à venir, une série de marches, notamment « en soutien aux institutions de la République ». Et, de l’autre, les représentants de l’opposition qui, eux aussi, envisagent de faire entendre leur voix à propos de ladite proposition de réforme judiciaire et de la nomination de Ronsard Malonda, qui leur sortent par le nez. Mais il reste que, dans les faits et jusqu’à preuve du contraire, ce sont les partisans du camp opposé au sien, c’est-à-dire ceux de l’Opposition et de l’UDPS, qui ont essuyé les coups de matraques et autres gaz lacrymogènes des forces de l’ordre et pas que ça. Du reste, le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, ne dit pas autre chose quand il affirme : « Pas plus tard que le 30 juin 2020, j’avais vu le Premier ministre, le président du Sénat, la présidente de l’Assemblée nationale et d’autres animateurs des institutions au cours d’une manifestation de plus de 500 personnes, consacrée à l’inauguration d’un hôpital. Ces gens sont-ils spéciaux plus que nous ? On nous brandit cette affaire de l’état d’urgence pour faire passer en force l’affaire Malonda. C’est un argument qui ne tient pas debout (…). »
Le président Félix Tshisekedi est dans de beaux draps
A Kinshasa, les partisans du PPRD dont plusieurs des cadres sont pour le maintien des marches, malgré la mesure d’interdiction du gouverneur, seront-ils traités de la même façon, si d’aventure ils décidaient de passer outre cette interdiction au nom de l’état d’urgence sanitaire ? On attend de voir si l’on ira vers un deux poids deux mesures. Une chose, en tout cas, est certaine : la RDC ne connaitrait pas ces violentes échauffourées si le clan Kabila s’était gardé de déclencher l’incendie en s’engageant dans son funeste et périlleux projet de caporalisation de la Justice et d’instrumentalisation de l’institution chargée de l’organisation des élections en plaçant à sa tête un homme-lige. En s’installant toujours dans l’unique et infamante logique de préservation de ses intérêts à tout prix au détriment de ceux du peuple congolais, quitte à voir le pays brûler, il ne pouvait pas s’attendre à autre chose que cette gigantesque levée de boucliers qui continue de se répandre à travers tout le pays. De fait, si la RDC continue d’aller mal, le coupable est bien connu : Kabila et son clan qui détiennent la réalité du pouvoir et qui multiplient les manœuvres pour rester maitres du jeu. Le président Félix Tshisekedi est dans de beaux draps ! Après avoir été propulsé à la tête de l’Etat sur la base d’un deal foireux qui l’empêche d’exercer pleinement ses pouvoirs, il apprend à ses dépens que lorsqu’on pactise avec le diable, on finit par le payer d’une façon ou d’une autre.
« Le Pays »