CELLOU DALEIN DIALLO EN LICE POUR LA PRESIDENTIELLE
La stratégie du boycott de la présidentielle prônée naguère par l’UFDG (Union des forces démocrates de Guinée) pour protester contre le 3e mandat d’Alpha Condé, relève désormais du passé. En effet, le leader de ce parti d’opposition, Cellou Dalein Diallo, participera à la présidentielle du 18 octobre prochain. L’annonce a été faite le 6 septembre dernier par le parti du principal opposant au régime d’Alpha Condé. La primeur de l’information a été accordée aux coordinateurs du FNDC (Front national pour la défense de la Constitution). Par voie de conséquence, Cellou Dalein Diallo s’exclut de cette coalition. Car, cette dernière avait été mise en place avec pour objectif d’empêcher le 3e mandat d’Alpha Condé et de boycotter le scrutin au cas où ce dernier acterait sa candidature. Les partis politiques membres de cette coalition étaient donc tenus d’observer cette consigne. Le non-respect de celui-ci vaut renoncement à la qualité d’en être membre. Là-dessus, il n’y a pas à pinailler. De ce point de vue, l’UFDG de Cellou Dalein Diallo n’est plus membre du FNDC puisqu’ elle a décidé de présenter son mentor à la présidentielle du 18 octobre prochain. Et il retrouvera dans les starting-blocks, celui dont la candidature à un 3e mandat avait été à l’origine de la création du FNDC. Tout le monde aura compris qu’il s’agit d’Alpha Condé. Contre vents et marées et surtout après plusieurs mois de contestations qui ont laissé sur le carreau des dizaines de morts, ce dernier a annoncé récemment et officiellement, par sa propre bouche, sa candidature. Pour la 3e fois donc, Alpha Condé briguera la magistrature suprême. Et pour la troisième fois, il sera face à Cellou Dalein Diallo. Cette candidature a été dictée, peut-on dire, par les cadres du parti.
La politique de la chaise vide n’a jamais été payante sous nos tropiques
En effet, ces derniers, à l’issue d’une Assemblée plénière au siège de l’UFDG, le 2 septembre dernier, ont formellement demandé à leur président de se porter candidat pour éviter d’être dans une situation de forclusion, car le dépôt des candidatures prend fin le 8 septembre. Outre le risque de forclusion, l’objectif du parti de Cellou Dalein Diallo est de ne pas reproduire le scénario de mars dernier. En rappel, l’UFDG avait boycotté les législatives et le reférendum constitutionnel. Résultat : le parti n’a plus aucun représentant à l’Assemblée nationale. Cette situation a suscité beaucoup de mécontents au sein du parti. Un autre boycott risquerait donc de faire imploser l’UFDG. Cellou Dalein Diallo en a certainement pesé le pour et le contre avant de prendre sa décision. Et cela peut lui valoir des inimitiés au sein du FNDC. Et le qualificatif de traître ou encore de félon, pourrait être retenu contre lui par ses anciens camarades. Cela dit, chacun est libre de décrypter l’attitude de Cellou Diallo. Mais, il faut reconnaître que la politique de la chaise vide n’a jamais été payante sous nos tropiques. En tout cas, les princes qui nous gouvernent ne sont pas gênés outre mesure de voir leurs opposants boycotter les élections. Une autre raison qui a pu motiver Cellou Diallo est la suivante : il joue son va-tout. En effet, ce scrutin pourrait représenter pour lui, celui de la dernière chance. En 2025, date de la prochaine présidentielle, rien ne dit que l’UFDG ne jettera pas son dévolu sur un candidat autre que lui. Déjà, le parti a été fortement ébranlé par des dissensions. Et justement, la décision de boycotter la présidentielle d’octobre prochain, y était pour quelque chose. Mais une chose est de se présenter à la présidentielle, une autre est de la gagner. En Guinée, Cellou Dalein Diallo aura du mal à la remporter. En effet, Alpha Condé fera tout pour parachever ce qu’il a entamé. Et chez lui plus que chez tout le monde, « la fin justifie les moyens ». Outre le fait que toutes les institutions de la Guinée sont à sa solde, il y a aussi qu’il a réussi à dompter la communauté internationale au point que cette dernière n’ose pas fouiner son nez dans les affaires de la Guinée. Et cette tradition remonte à la Guinée de Sékou Touré. Alpha Condé organisera donc sa présidentielle, la gagnera sans coup férir puisqu’il a, en amont, tripatouillé le fichier électoral pour cela. Et la Cour constitutionnelle le proclamera président. Et la communauté internationale le congratulera après quelques réserves teintées d’hypocrisie. Et la vie reprendra son cours normal. En somme, Alpha Condé est en train de boire son petit lait pour après avoir défié le monde entier et son peuple en briguant un 3e mandat et avec la certitude de remporter haut la main la présidentielle d’octobre prochain. Et la cerise sur le gâteau pour lui, est que son principal opposant a décidé de prendre part au scrutin. L’un dans l’autre donc, on pourra bientôt dire que tout est accompli pour Alpha Condé.
Pousdem Pickou