HomeA la uneMISE EN PLACE PAR LE MALI, D’UN CADRE DE CONCERTATION AVEC LA CEDEAO  

MISE EN PLACE PAR LE MALI, D’UN CADRE DE CONCERTATION AVEC LA CEDEAO  


A petits pas vers un dégel des relations entre le Mali et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ? C’est ce que l’on est tenté de croire avec la création, par Bamako, d’un mécanisme de concertation avec l’institution sous-régionale.  Objectif : faciliter les pourparlers entre le Mali, la CEDEAO et l’Union africaine dans la perspective de l’adoption d’«un chronogramme consensuel »  pour la suite de la transition. L’information a été donnée par voie de communiqué, le 9 février dernier, par les autorités de Bamako qui devront désormais, en plus de l’isolement diplomatique, faire face à une fronde interne puisque l’opposition menace de ne plus reconnaître leur légitimité à partir du 25 mars prochain. Cela dit, le ministre des Affaires étrangères et son homologue de l’Administration territoriale seront les chevilles ouvrières du mécanisme de négociations avec l’institution d’Abuja. Au nombre de leurs interlocuteurs, le Ghana qui est à la tête de la CEDEAO, le Sénégal qui vient de prendre les rênes de l’Union africaine, la Mauritanie, le Nigeria, la Sierra Leone, le Togo et l’Organisation des Nations unies.

 

Reste à espérer que l’esprit de conciliation sera le moteur de ce dialogue

 

 

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il était temps de renouer le fil du dialogue entre Bamako et l’institution sous-régionale, suite aux lourdes sanctions d’isolement diplomatique et économique qui commencent à peser lourdement sur le peuple malien.  Et l’initiative est d’autant plus salutaire qu’elle est non seulement endogène, mais peut aussi être comprise comme une façon, pour les autorités de la transition, d’apaiser les tensions avec la CEDEAO en ayant à cœur d’aller à un dialogue direct qui peut se révéler beaucoup plus productif, s’il peut permettre de crever l’abcès et d’aller vite et bien en besogne. Ne dit-on pas que toute guerre finit toujours autour d’une table de négociations ? C’est pourquoi, au regard des profonds désaccords qui ont conduit à la crispation des relations, assortie de l’embargo de la CEDEAO, il y a lieu d’encourager les autorités de Bamako dans cette dynamique de dialogue qui entretient l’espoir d’une sortie du bras de fer qui ne profite finalement à personne. Ni au Mali qui est aujourd’hui au bord de l’asphyxie économique, ni à la CEDEAO dont l’image n’a jamais été aussi écornée par l’impopularité de sanctions jugées aussi inopportunes que disproportionnées, et qui a à cœur de redorer son blason. C’est dire si au bout du compte, tout le monde y gagne. Reste maintenant à espérer que l’esprit de conciliation sera le moteur de ce dialogue pour permettre de trouver le consensus nécessaire à la révision des sanctions.  L’espoir est d’autant plus permis que la CEDEAO ne cesse de répéter à l’envi que c’est à son corps défendant qu’elle a dû alourdir ses sanctions contre le Mali et qu’elle n’attend que la proposition d’un « délai raisonnable » de Bamako, pour revoir sa copie.

 

 

Tout le reste réside dans la sincérité des réformistes de Bamako, dans leur volonté de changement

 

 

Maintenant que l’occasion de discuter se présente à travers le cadre de concertation qui a été formellement mis en place, il faut espérer que les débats seront francs et sincères, en prenant en compte les préoccupations de l’une et l’autre des parties. Car, si l’on peut comprendre l’attachement de la CEDEAO à la légalité constitutionnelle, reste qu’en la matière, elle n’est pas exempte de tout reproche du fait de sa propension à fermer les yeux sur les dysfonctionnements en termes de tripatouillages constitutionnels et autres élections truquées qui font le lit de la mal gouvernance  fortement décriée au-delà même des frontières du Mali. C’est dire si l’on espère qu’au-delà des tiraillements, le Mali sera un cas d’école pour la CEDEAO qui a aussi besoin de tirer leçon de la situation pour changer son fusil d’épaule dans son rôle de vigie de la démocratie. Autrement dit, si le retour à l’ordre constitutionnel s’impose comme une impérieuse nécessité dans un Etat de droit, le niveau de délitement des valeurs jusqu’au plus haut sommet de l’Etat et d’incurie de la classe politique, reste aujourd’hui encore une interpellation majeure dans nos démocraties en trompe- l’œil où la question de la refondation est loin d’être un concept creux. Tout le reste réside dans la sincérité des réformistes de Bamako, dans leur volonté de changement.  Au-delà, cela pose en filigrane, la question de la crédibilité des élections sous nos tropiques. Il importe de rompre avec la règle de l’éternel recommencement  à travers le cycle des élections contestées sur fond de trucage et autres violences parfois meurtrières liées à un difficile renouvellement de la classe politique. Reste maintenant à trouver le juste milieu pour aboutir à un allègement et, pourquoi pas, à une levée totale des sanctions de la CEDEAO, dans l’intérêt du peuple malien et des pays limitrophes.

 

 « Le Pays »

 


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