HomeA la uneAN III DE LA CHUTE DE OMAR EL BECHIR AU SOUDAN : La grande désillusion !

AN III DE LA CHUTE DE OMAR EL BECHIR AU SOUDAN : La grande désillusion !


Trois ans après la chute de Omar el Béchir, le peuple soudanais n’est toujours pas au bout de ses peines. En rappel, son mouvement qui avait commencé par ce qui passait pour de banales émeutes de la faim et qui s’était intensifié au fil du temps, se terminera quelque quatre mois plus tard par la chute du dictateur.  C’était le 11 avril 2019. L’armée avait alors déposé en règle celui qui restera dans bien des mémoires comme le tristement célèbre boucher de Khartoum. Mais trois ans plus tard, le constat reste amer, tant la chute du dictateur est loin de signifier la fin de l’oppression pour le peuple soudanais qui continue de broyer du noir et de compter ses morts. C’est dire si après avoir sué sang et eau pour obtenir le départ de Béchir du pouvoir, sa situation ne s’est guère améliorée et on peut se demander si l’on n’est pas passé de la peste au choléra, avec cette autre dictature féroce tenue par les militaires dirigés de main de maître par le Général al Burhane. Ce, après que les hommes en treillis ont failli à leur parole d’honneur d’officiers, s’étant engagés à partager le pouvoir avec les civils dans un calendrier de transition fixé de commun accord pour le retour à l’ordre constitutionnel.

 

Non seulement sa révolution a été récupérée, mais tout porte aussi à croire que le peuple a été roulé dans la farine par les militaires

 

Mais, après quelques mois d’atermoiements et de cheminement dans un attelage militaro-civil, les militaires au pouvoir à Karthoum finiront par tomber le masque en excluant totalement les civils de la conduite des affaires de la transition quand vint le moment de passer la main suivant le calendrier de rotation.   Si fait que le rêve d’une vie meilleure des Soudanais, consécutif à la chute de l’ex-président Omar el Béchir, est en train de virer aujourd’hui à la grande désillusion et au cauchemar.  Toute chose qui n’est pas loin de faire du peuple soudanais, le dindon d’une bien mauvaise farce. Car, non seulement sa révolution a été récupérée, mais tout porte aussi à croire que ce peuple a été roulé dans la farine par des militaires bien décidés à ne rien lâcher malgré la mobilisation continue de la rue,  donnant même le sentiment de travailler à une réhabilitation des caciques de l’ancien régime. A ce rythme, l’on se demande si la révolution du peuple soudanais n’est pas partie pour connaître le même sort que le Hirak en Algérie, qui montre depuis quelque temps, d’inquiétants signes d’essoufflement. Comment pouvait-il en être autrement quand les tombeurs de Omar el Béchir, devenus les nouveaux hommes forts de Khartoum, se montrent intraitables avec le peuple, n’hésitant pas à tirer à balles réelles sur les croquants ? C’est le lieu de saluer le courage, l’engagement et la détermination du peuple soudanais qui est loin d’abandonner le combat, malgré la répression barbare et systématique des manifestations ainsi que la restriction des espaces de liberté. Mais jusqu’à quand tiendra-t-il encore si son combat n’est pas mieux soutenu par la communauté internationale ? Bien malin qui saurait répondre à cette question.

 

 

Les Soudanais ont encore du chemin à parcourir, s’ils veulent se débarrasser un jour du pouvoir kaki

 

 

En attendant, on n’est pas loin de l’enlisement politique et de l’effondrement économique, tant la situation a du mal à évoluer. En effet, entre des civils en rupture totale de confiance voire de dialogue avec l’armée et des militaires qui cherchent à colmater les brèches dans la perspective d’une éventuelle reprise de l’aide internationale si indispensable au maintien à flot de l’économie, le pays n’a plus de gouvernement depuis la mise à l’écart des premiers par les seconds.  Dans ces conditions, l’on se demande d’où viendra le salut du peuple soudanais. D’autant qu’en dehors de la suspension de l’aide internationale, l’on ne voit poindre à l’horizon, aucune mesure coercitive de la communauté internationale visant à ramener les militaires à revoir leur copie dans leur volonté de confiscation du pouvoir à Khartoum. Mais comment espérer une évolution positive de la situation,  si les militaires soudanais doivent continuer de montrer une soif aussi effrénée du pouvoir ? Comment ne pas être gagné par le pessimisme quand on assiste à cette forme de retour en grâce qui ne dit pas son nom, de certains caciques du régime déchu qui ont été récemment blanchis par le régime de la junte ?  C’est dire si les Soudanais ont encore du chemin à parcourir, s’ils veulent se débarrasser un jour du pouvoir kaki et aspirer à  goûter aux délices de la démocratie qu’ils appellent de tous leurs vœux.

 

« Le Pays »


Comments
  • Omar el Béchir….

    Quand ce dictateur a senti que les ennuis arrivaient …il a demandé de l’aide a un homme qui ne s’intéresse pas au bienêtre des peuples, mais plutôt aux dirigeants…Vladimir POUTINE
    Quand la révolution a chassé Omar …Poutine est quand même resté.. Donc la Russie est toujours au Soudan ,ce pays servant de base avancée aux WAGNER qui opèrent en RCA !!!

    12 avril 2022

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