CELEBRATION DU 14-JANVIER AU MALI : Vous avez dit ‘’souveraineté nationale’’ ?
Les annales de l’histoire du Mali sont assez claires. C’est le 22 septembre 1960 que ce pays accédait officiellement à la souveraineté internationale, mais cette date pourrait désormais être écrasée, dans le calendrier national, par le 14-Janvier, comme pour exalter ce jour de janvier 2022 qui a laissé aux Maliens, le souvenir impérissable d’une rare communion qui avait fait presqu’oublier les frictions fratricides qui déchirent le pays depuis 2012. Selon les autorités de la transition, ce 14 Janvier 2022 marque, en effet, un acte fondateur de résistance populaire et de résilience du peuple malien face aux pressions extérieures, notamment aux sanctions décrétées par la CEDEAO, le 9 janvier 2022, contre le pays après le dernier coup d’Etat d’Assimi Goïta. Le choix de cette date est donc dicté par la volonté des autorités de la transition, de clore symboliquement l’infâme parenthèse de plusieurs décennies de soumission et de courbettes face à la France et à ses « sous-fifres » de la CEDEAO, en reprenant en main le destin politique et économique du Mali, marquant ainsi le retour à la vraie souveraineté du pays. Quoi qu’on dise, la junte au pouvoir à Bamako peut se targuer d’avoir réussi son pari, celui de faire respecter ses choix stratégiques et de choisir librement ses partenaires, malgré les tirs de barrage de certaines puissances occidentales et de leurs porte-voix de la CEDEAO. A vrai dire, personne ne vendait cher la peau du colonel à la barbe de plus en plus abondante, après les tirs groupés de la CEDEAO, de l’UEMOA et de la communauté internationale contre son régime, mais voilà qu’un an après, il est toujours à son poste, alternant esbroufe, chantage et escalade verbale et diplomatique vis-à-vis de la « junte française » et de ses relais dans la sous-région.
Les ‘’Goïtaphiles’’ ne veulent pas entendre de voix dissonantes
Il ne s’en tire pas mal pour autant, puisqu’en montrant qu’il est intransigeant quand il s’agit de défendre ce qu’il considère comme étant les intérêts du Mali, il a, du coup, renforcé le sentiment patriotique de ses compatriotes et accru sa popularité au point même de susciter des vocations dans d’autres pays de l’espace communautaire. Quoi donc de plus normal que de célébrer cette date-clé du 14- Janvier qui, faut-il le rappeler, marque aux yeux de nombreux Maliens, comme une nouvelle ère, celle de l’indépendance totale vis-à-vis de l’ogre français, et du mano à mano avec certains chefs d’Etat africains considérés, à tort ou à raison, comme étant à la solde de l’impérialisme occidental. Même les Maliens de l’intérieur qui sont soupçonnés de flirter avec les ennemis de la transition ou de ramer à contre-courant de cette « souveraineté retrouvée », sont contraints au silence, pris à partie s’ils ne sont pas tout simplement ostracisés. Et ce n’est pas l’Imam Mahmoud Dicko qui, dans son « Manifeste pour la refondation du Mali » publié récemment, a martelé que « l’Etat qui gouverne le Mali n’a plus de sens et qu’il faut sauver le pays », qui dira le contraire, après avoir inhalé le gaz lacrymogène que la police a utilisé pour disperser ses partisans qui sont allés l’accueillir à son retour de La Mecque, samedi dernier. C’est connu, les ‘’Goïtaphiles’’ ne veulent pas entendre de voix dissonantes, surtout pas celles qui estiment qu’il est ridicule de parler de « souveraineté retrouvée » quand on ne contrôle que 20% de son territoire, quand on a un Produit intérieur brut epsilonesque et qu’en terme de partenariat, on n’a fait que remplacer le diable par sa mère, en parlant de la France et de la Russie.
Les ‘’Goïtaphobes’’ estiment, en effet, que rien que la présence massive des forces internationales de maintien de la paix au Mali, est une sérieuse entorse à la souveraineté du pays, et fustigent davantage celle des sulfureux mercenaires russes de Wagner qui se fichent éperdument des propos de l’homme d’affaires humaniste suisse, Henri Dunan, selon lesquels la « guerre est une horreur qui doit être règlementée ». Les inquiétudes et les enjeux de ce groupe paramilitaire privé dans un pays prétendument souverain, rappellent, selon ses pourfendeurs, l’assaut de Fallu Jah et la torture des prisonniers à Abu Ghraîb en 2004, en Irak, auxquels avaient activement pris part Blackwater, une société militaire privée américaine basée en Caroline du Nord. Mais comme la fin justifie les moyens, les autorités de la transition maliennes n’écoutent pas ces cris d’orfraie poussés, selon elles, par la France et relayés par ses laquais locaux, surtout qu’il ne s’agirait pas, ici, de mercenaires comme le prétendent ces derniers, mais d’instructeurs russes appelés librement à la rescousse pour aider à sauver le Mali, au nom du multilatéralisme et de la… «souveraineté retrouvée » et assumée.
Hamadou GADIAGA