TOURNÉE DU PREMIER MINISTRE JAPONAIS EN AFRIQUE : Les intérêts guident les pas
Telle une charmante demoiselle, l’Afrique, c’est peu de le dire, fait l’objet d’une cour assidue. En effet, il ne se passe pas un seul mois sans que l’on ne voie défiler des dirigeants des puissances occidentales ou asiatiques sur le continent noir. Ainsi, après les visites des ministres russe et chinois des Affaires étrangères, puis de la vice-présidente et du Secrétaire d’Etat américains, c’est au tour du Premier ministre nippon de fouler le sol africain. Ce dernier a entamé, en effet, le 29 avril dernier, une tournée qui le conduira, tour à tour, en Egypte, au Ghana, au Kenya et au Mozambique. Ce déplacement en terre africaine qui intervient en prélude au sommet du G7 prévu du 19 au 21 mai prochain à Hiroshima au Japon, a pour objectif de renforcer la coopération entre l’Empire du levant et les pays africains. C’est donc clair, si l’Afrique est devenue la destination privilégiée des grandes puissances, c’est beaucoup moins à cause beaux yeux des Africains qu’à cause des ressources naturelles dont elle regorge. Chaque puissance veut sa part de marchés si fait que l’on a l’impression que le continent se retrouve au cœur des préoccupations des uns et des autres. C’est pourquoi en plus du sommet France-Afrique, on parle désormais de Chine-Afrique, Russie-Afrique, Inde-Afrique, Etats-Unis/Afrique et bien entendu Japon-Afrique que l’on appelle la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) dont la dernière rencontre s’est tenue à Tunis en août 2022. A l’occasion, le Japon avait annoncé une enveloppe budgétaire de 30 milliards de dollars d’investissements sur le continent sur une durée de trois ans, et la formation de plus de 300 000 Africains dans plusieurs domaines. L’objectif, on le sait, est de travailler à contrer l’influence de son puissant rival chinois qui, faut-il le rappeler, semble avoir le vent en poupe sur le continent. Tout comme de son côté, la Russie qui est aujourd’hui portée au pinacle dans bien des pays africains, travaille à contrer l’activisme des Français et des Américains en Afrique. Ce faisant, profitant du sentiment anti-français qui monte, Moscou a réussi à se faire une place de choix dans certains pays comme le Mali et la République centrafricaine (RCA) où opèrent d’ailleurs les mercenaires de la société de sécurité privée Wagner. C’est de bonne guerre. Cela dit, il revient à l’Afrique de savoir tirer le maximum de profits de sa coopération avec les grandes puissances qui lui font des yeux doux. C’est l’occasion ou jamais. Malheureusement, les années passent et le constat demeure le même. L’Afrique reste toujours à la traine, où en dépit de ses richesses, la famine et d’autres fléaux ont pignon sur rue. Le pire, c’est qu’avec tous ses partenaires de taille, l’Afrique ne parvient toujours pas à arracher un siège permanent aussi bien au sein de Conseil de sécurité des Nations unies qu’au sein du G 20 pour faire entendre sa voix.
B.O