LE PRÉSIDENT DE LA RD CONGO A PÉKIN : Un bol d’air pour Félix Tshisekedi
Sur invitation de son homologue chinois, Xi Jinping, le président Félix Tshisekedi de la République démocratique du Congo (RDC), séjourne depuis le 24 mai 2023 et ce, pour quelques jours, dans l’Empire du milieu. Depuis hier donc, « Fatshi », comme on le surnomme, hume le bon air et le climat ensoleillé de Béjing, arpentant les majestueux couloirs du pouvoir « impérial » chinois. L’on dit souvent qu’il n’y a rien de mieux qu’un bol d’air frais pour se ressourcer, se remonter le moral et repartir du bon pied. Et Dieu seul sait jusqu’à quel point, le président congolais en avait besoin. En effet, son voyage sur Pékin intervient dans un contexte où Tshisekedi est malmené par des problèmes domestiques. Car, rien que le 20 mai dernier, une manifestation contre la vie chère, organisée par des militants de l’opposition, a été violemment réprimée par la police. A cela, il faut ajouter la crise sécuritaire à l’Est du pays, que Kinshassa et ses alliés ont de la peine à contenir. A la crise armée s’est greffée une situation humanitaire catastrophique avec des milliers de déplacés. Même Dame nature n’épargne pas la RDC. En début mai, de fortes inondations ont dévasté la province du Sud-Kivu, faisant plus de 400 morts et des centaines de portés disparus. Au regard de ce qui précède, le président Tshisekedi n’a pas la tête à danser la rumba. Cela pour dire que l’invitation de Xi Jinping tombe à pic. Beaucoup de Congolais auraient aimé certainement, voir leur « chef » surseoir à son voyage pour s’occuper prioritairement de leurs problèmes domestiques, mais ils doivent se rendre à l’évidence que leur président a la tête ailleurs : le rendez-vous électoral de décembre 2023.
Félix Tshisekedi entend retourner au bercail avec une valise pleine d’accords en matière de coopération économique et commerciale
Pour espérer se faire réélire, Tshisekedi, candidat à sa propre succession, se bat visiblement pour se prémunir contre les critiques liées à son bilan peu élogieux à la tête du pays. Aujourd’hui, « Fatshi » a plus que jamais besoin de bonnes nouvelles à annoncer à son peuple. Le président Xi Jinping peut-il l’y aider ? Sans aucun doute oui ! Car la Chine constitue un partenaire stratégique pour Kinshassa parce qu’elle est la principale destination des produits miniers congolais, notamment le cobalt. Pour sûr, Félix Tshisekedi entend retourner au bercail avec une valise pleine d’accords en matière de coopération économique et commerciale. L’un de ces accords devant être une version révisée du « contrat du siècle » signé en 2008 entre Kinshasa et Pékin. En effet, depuis février 2023, la RDC réclame 17 milliards de dollars d’investissements supplémentaires dans les infrastructures dans le cadre de cet accord en vertu duquel des entreprises chinoises ont accepté de construire des infrastructures (routes, ponts, hôpitaux, fourniture d’eau potable, etc.) en échange d’une participation de 68 % dans la Société sino-congolaise des mines (Sicomines). D’après le pouvoir congolais, les entreprises concernées ont déjà engrangé 10 milliards de dollars alors que les investissements dans les infrastructures se sont limités à 822 millions de dollars depuis 2008. Ce faisant, les Congolais veulent renégocier une collaboration « gagnant-gagnant », selon les officiels congolais. Il reste à savoir si Félix Tshisekedi et sa forte délégation gouvernementale obtiendront gain de cause et dans quelle proportion !
Michel NANA