PRESIDENTIELLE 2024 AU SENEGAL : Ousmane Sonko peut-il encore sauver les meubles ?
Deux jours après l’audience marathon du 12 décembre dernier, le tribunal hors classe de Dakar chargé de se prononcer sur l’affaire de la radiation de Ousmane Sonko des listes électorales, a rendu son verdict. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la sentence prononcée est largement favorable au leader du PASTEF qui se voit réintégré sur les listes électorales. Et la portée de ce verdict est d’autant plus grande que la décision rendue le 14 décembre dernier, relance la candidature du truculent opposant à la présidentielle du 25 février 2024. Au-delà, c’est un verdict qui sonne comme un camouflet pour l’Etat sénégalais que les partisans d’Ousmane Sonko accusent de s’acharner sur leur leader. Mais qui vient rehausser l’image de la Justice sénégalaise qui jouait son honneur et sa crédibilité dans cette affaire, et qui a su se mettre au-dessus des considérations partisanes pour dire le droit. En tout cas, par cette décision qui en a surpris plus d’un, elle tend à prouver son indépendance vis-à-vis du pouvoir. Et ce dans un contexte où peu de gens croyaient encore en la capacité du jeune opposant à se remettre dans le jeu électoral, si certains ne l’invitaient pas déjà subtilement à faire le deuil de ses ambitions présidentielles à court terme.
Tant que le verdict ne sera pas définitif, Ousmane Sonko restera un candidat en sursis
Autant dire que jusque-là, le combat du natif de Thiès n’aura pas été vain. Mais peut-il encore sauver les meubles pour se retrouver sur la ligne de départ de la course à la succession de Macky Sall ? La question est d’autant plus fondée que sa réintégration sur les listes électorales est certes une victoire d’étape pour Ousmane Sonko, mais le combat pour la validation de sa candidature est loin d’être gagné d’avance. Car, entre les conditions de parrainages à remplir, le rejet de sa caution dans les conditions que l’on sait, et les délais de dépôt des candidatures à respecter, le parcours reste encore parsemé d’embuches. Et ce, dans un contexte où la procédure judiciaire n’est pas encore complètement terminée, avec la possibilité qui existe encore pour l’Etat du Sénégal, d’interjeter appel. Toute chose qui pourrait relancer le dossier, alors que le temps presse et n’est pas loin de jouer en sa défaveur, avec l’échéance du 26 décembre prochain pour la clôture des dépôts de candidatures, qui avance à grands pas. Toujours est-il que même si, à en croire la défense, « ce recours n’est pas suspensif », tout porte à croire que tant que le verdict ne sera pas définitif, Ousmane Sonko restera un candidat en sursis. Sans oublier que le dernier mot de la validation des candidatures revient au Conseil constitutionnel qui a compétence en la matière et qui aura à se prononcer en dernier ressort en temps opportun. C’est dire si le feuilleton de la candidature de Ousmane Sonko à la présidentielle du 24 février prochain, est loin d’être à son dernier épisode.
Le Sénégal gagnerait à tourner la page d’une affaire qui aura creusé de profondes entailles dans le mur de la cohésion sociale
Et ses condamnations, à six mois de prison avec sursis dans le procès en diffamation que lui a intenté le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, et par contumace à deux ans fermes dans l’affaire Adji Sarr, restent encore autant d’épées de Damoclès suspendues sur sa tête, qui pourraient ruiner ses espoirs au dernier moment. Sans oublier que lors de son placement sous mandat de dépôt en juillet dernier, il avait été inculpé de nouvelles charges allant de l’appel à insurrection, à l’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, en passant, entre autres, par le complot contre l’autorité de l’Etat et autres actes visant à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves. C’est dire si l’Etat du Sénégal est loin d’avoir dit son dernier mot, dans ce bras de fer qui l’oppose au jeune opposant qui apparaît, aujourd’hui plus que jamais, comme le poil à gratter du pouvoir de Macky Sall dont les avocats ont déjà annoncé qu’ils feraient appel. Mais au-delà, c’est tout un pays qui gagnerait à tourner la page d’une affaire qui aura creusé de profondes entailles dans le mur de la cohésion sociale à travers des violences parfois meurtrières, et qui le tient en haleine depuis plus de deux ans.
« Le Pays »
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