HomeA la uneACQUISITION D’UN NOUVEL AVION PRESIDENTIEL SUR FOND DE GROGNE SOCIALE AU NIGERIA  :  Un prestige qui cache mal la misère des populations  

ACQUISITION D’UN NOUVEL AVION PRESIDENTIEL SUR FOND DE GROGNE SOCIALE AU NIGERIA  :  Un prestige qui cache mal la misère des populations  


 Cent millions de dollars ! C’est le prix du nouvel avion présidentiel dont l’acquisition fait polémique au Nigéria où les populations crient leur misère dans un contexte de crise économique aiguë.  En effet, dans un pays où 40% de la population, selon les données de la Banque mondiale, vit sous le seuil de pauvreté, il n’en fallait pas plus pour raviver la colère de nombreux Nigérians pour qui cette dépense de prestige, est le signe que le gouvernement est peu soucieux de leurs préoccupations et des difficultés qui les assaillent au quotidien. Et le timing de cette dépense somptuaire n’est d’autant pas pour arranger les affaires du gouvernement que le pays sort à peine d’un large mouvement de contestation qui se voulait autant un cri d’alarme qu’une interpellation du gouvernement par des populations exaspérées par le renchérissement continu du coût de la vie. Un mouvement de grogne sociale largement suivi par des populations qui promettent de remettre le couvert en octobre prochain alors que les violentes manifestations qui en ont découlé, ont déjà laissé une dizaine de cadavres sur le carreau.

 

La polémique autour de l’achat de l’avion présidentiel, pose la question du train de vie des élites dirigeantes dans nos républiques bananières

 

C’est dire si la situation sociale reste encore très tendue et potentiellement explosive au Nigeria où la hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires et des carburants, a poussé de nombreux Nigérians à bout. Et au-delà de leur nécessité, les réformes économiques entreprises par le président Bola Tinubu, ne sont pas loin d’en rajouter à la galère des populations qui tirent le diable par la queue, et qui ont toutes les peines du monde à joindre les deux bouts. La situation s’est même aggravée avec la suppression des subventions sur les carburants, qui a vu les prix tripler à la pompe, du jour au lendemain, et dont l’effet domino se traduit par un renchérissement général du coût de la vie. De quoi renforcer le ressentiment des populations de ce vaste pays d’Afrique de l’Ouest où les inégalités sociales et la mauvaise répartition des richesses, renforcent le sentiment d’injustice chez de nombreux Nigérians. C’est dire si les autorités nigérianes auraient tort de croire que la crise sociale est derrière elles. C’est dire aussi si l’acquisition de ce nouvel avion présidentiel dans un tel contexte de tensions sociales liées à la vie chère, peut paraître inopportune pour de nombreux Nigérians contraints de serrer la ceinture jusqu’au dernier trou, là où les dirigeants ne semblent pas enclins à s’imposer les mêmes contraintes. Et l’on peut d’autant plus nourrir des appréhensions pour les prochaines manifestations qu’au-delà du prestige de la Nation, l’achat de cet avion présidentiel pourrait être un argument tout trouvé par les contempteurs du président Tinubu pour durcir le ton de leur lutte.

 

La modicité de nos moyens financiers appelle à une utilisation parcimonieuse de nos ressources budgétaires

 

Et, il faut craindre que la persistance de la crise sociale et politique ait des conséquences désastreuses pour la stabilité d’un pays où la corruption des élites dirigeantes est souvent pointée du doigt. Au-delà, la polémique autour de l’achat de l’avion présidentiel, pose plus généralement la question du train de vie des élites dirigeantes dans nos républiques bananières, qui est souvent en déphasage avec les dures réalités de leurs compatriotes. Enfermées la plupart du temps dans leurs tours d’ivoire, elles roulent souvent carrosse au grand désarroi de leurs compatriotes dont la plupart n’arrivent pas à s’offrir un seul repas par jour. Et si c’est parfois la croix et la bannière pour rencontrer un ministre, que dire du prince régnant qui n’est souvent accessible au peuple que le temps d’une campagne électorale ? Ceci étant, il reste entendu que le prestige d’une nation se mesure parfois à l’acquisition d’un aéronef présidentiel. Mais le contraste de ces appareils de luxe est parfois frappant dans des pays classés parmi les plus pauvres du monde.  C’est dire si c’est un objet de prestige qui cache mal la misère des populations.  Et la note peut paraître particulièrement salée pour le citoyen lambda qui ne comprend pas toujours la portée de tels investissements. Ce qui amène à la réflexion pour trouver la juste mesure. Car, la modicité de nos moyens financiers appelle à une utilisation parcimonieuse de nos ressources budgétaires. Pour le reste, il faut espérer que l’acquisition de ce nouvel avion présidentiel qui défraie la chronique, a suivi la procédure normale et ne cache pas des dessous de table.

 

« Le Pays »

 

 

 

 


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