CANDIDATURE A LA PRESIDENTIELLE DE 2025 : ADO avance masqué
« Je n’ai pas encore pris de décision. Mais je tiens à vous rassurer que je suis en bonne santé et que je souhaite continuer à servir mon pays ». C’est ce qu’a déclaré le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO), devant le corps diplomatique, le 9 janvier 2025. C’était à l’occasion de la traditionnelle cérémonie de présentation des vœux qui marque ainsi le début des vœux des corps constitués au président de la République. De quoi relancer le débat sur une éventuelle candidature du président ivoirien à un 4e mandat. Surtout que cette déclaration du chef de l’Etat intervient après plusieurs sorties de certains de ses fidèles lieutenants qui l’appellent ouvertement à ne pas renoncer au pouvoir à l’issue de son troisième mandat en cours, obtenu au prix du sang. Car, faut-il le rappeler, ils sont nombreux les Ivoiriens qui ont perdu la vie au cours des manifestations qui avaient suivi l’annonce de la candidature d’ADO à la présidentielle de 2020. La suite, on la connaît. Le climat social, déjà très délétère depuis la crise-post-électorale de 2010-2011, s’était davantage détérioré, exacerbant ainsi les tensions sociopolitiques. Mais pour le président Ouattara, seule la fin justifie les moyens puisqu’il a réussi à conserver son fauteuil. Et sauf cataclysme, tout porte à croire qu’il sera encore candidat à sa propre succession à la faveur de la présidentielle d’octobre prochain qui est déjà sur toutes les lèvres.
ADO n’est pas loin de marcher dans les pas des timoniers du continent
A preuve, à dix mois du scrutin, il ne s’est pas encore choisi un dauphin, préférant entretenir le flou sur son intention ou non de briguer un nouveau mandat. A cela s’ajoute la récente nomination de l’ex-Premier ministre, Patrick Achi en qualité de ministre d’Etat, conseiller spécial à la présidence de la République. Si ce n’est pas une « nomination électoraliste », cela y ressemble fort. Car Patrick Achi, faut-il le relever, n’est pas n’importe qui, politiquement parlant. C’est grâce à lui que la région du Sud-Est, réputée pour être acquise à l’opposition, est tombée dans l’escarcelle du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), à l’issue des dernières législatives et locales. Peu avant Patrick Achi, c’est Albert Mabri Toikeuse, un autre poids-lourd de l’opposition, qui a aussi été bombardé ministre, conseiller à la présidence de la République. Ces choix, très loin d’être anodins, cachent mal des calculs politiques. On voit donc venir ADO qui, on peut le dire, avance masqué, presque chaque jour qui passe. Le pouvoir, dit-on, corrompt et corrompt absolument. En effet, voilà un homme, jadis présenté comme un démocrate bon teint, qui est finalement en train de succomber à la tentation du pouvoir à vie. Au point qu’il n’est pas loin de marcher dans les pas des timoniers du continent tels que Paul Biya du Cameroun, Denis Sassou N’guesso du Congo, Teodoro Obiang N’guema de la Guinée équatoriale, Paul Kagame du Rwanda et Faure Gnassingbe du Togo, qui refusent de s’imaginer une autre vie en dehors du pouvoir.
B.O