VIOLATION DE L’ACCORD DE WASHINGTON : Donald Trump subira-t-il le même revers que les autres médiateurs ?
Tous les observateurs avertis se doutaient bien que la signature, le 4 décembre dernier, à Washington, d’un accord de paix entre les présidents Félix Tshisékédi et Paul Kagame, mettrait un terme au crépitement des armes dans la partie orientale de la République démocratique du Congo (RDC). Ils n’avaient certainement pas tort dans la mesure où, dès la veille de la signature dudit accord, sous les auspices du locataire de la Maison blanche, en l’occurrence, Donald Trump, les hostilités se poursuivaient sur le terrain. Il fallait donc faire montre de naïveté pour croire que la paix entre la RDC et le Rwanda, comme par coup de baguette magique, passerait par Washington. En tout cas, on peut dire sans se tromper que le président Donald Trump, en dépit de ses rodomontades, n’a pas réussi là où ses homologues kényans et angolais ont échoué, pour ne pas dire qu’ils y ont laissé des plumes. A preuve, l’encre de l’accord signé sous son regard bienveillant, n’a même pas encore séché que des attaques ont éclaté dans plusieurs localités de la province du Kivu. D’ailleurs, le président Félix Tshisékédi n’y est pas allé avec le dos de la cuillère en accusant ouvertement son voisin Paul Kagame de faire montre de mauvaise foi, en « violant ses engagements ». Il n’a peut-être pas tort. Car, dans le même temps, un nouveau rapport des Nations unies confirme la présence sur le sol congolais, d’entre 6 000 et 7 000 soldats rwandais dans le Kivu, où ils combattent aux côtés de l’AFC/M23. Et ce n’est pas tout.
Entre la RDC et le Rwanda, c’est la confiance qui manque le plus
Car, les mêmes experts onusiens reconnaissent que de hauts gradés de l’armée congolaise entretiennent des rapports suspects avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), du nom de ce groupe rebelle formé par d’anciens génocidaires hutus en exil. Mieux, les FDLR, tout comme les Wazalendo, restent très actifs sur plusieurs fronts, pour ne pas dire qu’ils prêtent main forte aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) visiblement à la peine. Or, selon les exigences de Kigali et les recommandations de la communauté internationale, les FDLR devraient non seulement être désarmés, mais aussi neutralisés. Que nenni ! En fait, il faut le dire, entre la RDC et le Rwanda, c’est la confiance qui manque le plus. Si fait que chaque pays, sous la pression de la communauté internationale, prend des engagements dont il sait qu’il ne respectera pas. Chacun traîne les pieds, préférant attendre de voir l’autre à l’œuvre avant toute action sur le terrain, tant et si bien que l’on a l’impression de faire du surplace là où les populations, de guerre lasse, attendent des résultats concrets. Cela dit, maintenant que l’accord de Washington est en train, si ce n’est déjà fait, d’être caviardé, on attend de voir ce que fera le président Donald Trump dont l’honneur, ici, est en jeu. Saura-t-il rappeler à l’ordre les deux chefs d’Etats aux fins de faciliter une sortie de crise ; lui qui, on le sait, convoite les « terres rares » de l’Est de la RDC ? Il le peut s’il le souhaite ; tant on sait qu’il a de l’ascendant sur les deux dirigeants qui ne se blairent pas.
B.O
