ACCES LIMITE DE PAYS AFRICAINS A L’UE POUR CAUSE DE COVID-19
L’Union européenne (UE) a rouvert ses frontières fermées depuis mars 2020, pour cause de Covid-19, à une quinzaine de pays du monde répondant, entre autres, aux critères suivants : avoir une prévalence du Covid-19 à peu près identique ou moins importante qu’en Europe, avoir de nouveaux cas de Covid-19 inférieur ou égal à 16 pour 100 000 habitants, sur les 14 derniers jours, avec une tendance à la baisse. Sur le continent africain, seuls quatre pays que sont le Maroc, la Tunisie, l’Algérie et le Rwanda, sont jugés aptes à figurer sur la très restrictive liste. Face à une pandémie qui « répand la terreur » à travers le monde, l’on ne saurait blâmer l’UE de chercher à protéger ses citoyens. Elle est dans son bon droit d’autant plus que les frontières de bien des pays, restent, jusqu’à ce jour, fermées. Seulement, on a l’impression que les critères ont été taillés sur mesure. En effet, tout porte à croire que la balance a pesé du côté des nations plus importantes, qui offrent plus d’intérêts économiques à l’UE. En tout cas, il est difficile pour l’UE, de convaincre le reste des pays africains que ces mesures n’ont pas été prises à la tête du client. C’est pourquoi il est difficile de condamner des pays comme le Sénégal et le Gabon dont la réaction ne s’est pas fait attendre. La réciprocité qu’ils entendent appliquer, n’est que justice. L’on pourrait même dire qu’il y va de la dignité des pays africains. La circulation des personnes et des biens est si vitale pour l’économie d’un pays, qu’on ne saurait rester indifférent face à de telles mesures. Disons-le net, le choix des pays du Maghreb est beaucoup plus guidé par des intérêts économiques, ce d’autant que la France, on le sait, est le partenaire privilégié de ces pays. Quant au Rwanda, l’on pourrait dire que son choix ne se justifie pas seulement par le fait qu’il fut le premier pays d’Afrique subsaharien, à confiner sa population, mais aussi et surtout par les craintes que suscite l’homme mince de Kigali en France en particulier.
Il est temps que le continent noir fasse preuve de caractère
Cela dit, il faut déplorer le fait que la réaction africaine face à ce traitement inégalitaire des Etats par l’UE, n’a pas été commune. Certes, tous les pays africains ne sont pas logés à la même enseigne en matière de lutte contre la maladie à coronavirus, mais comme le dit l’adage, l’union fait la force. En tout cas, il est temps que le continent noir fasse preuve de caractère en ne se soumettant plus docilement au diktat des puissances occidentales. Et cela passe par des décisions fortes et concertées. C’est dire si le Gabon ferait preuve de courage et de logique en appliquant strictement sa décision de ne pas délivrer de visas de tourisme aux ressortissants de l’UE jusqu’à nouvel ordre. Il donnerait ainsi une belle leçon à l’UE qui proclame sans cesse l’égalité alors que ses actes sur le terrain prouvent tout le contraire. Mais le petit pays d’Omar Bongo ira-t-il jusqu’au bout de cette logique? On attend de voir. Il est vrai que l’UE a prévu la révision, chaque deux semaines, de sa liste verte, mais elle doit se rendre à l’évidence qu’elle ne saurait imposer des mesures au reste du monde sans que cela ne provoque des frustrations suivies, dans certains cas, d’actes de représailles.
Dabadi ZOUMBARA