AN IV DU CRASH DU VOL D’AIR ALGERIE
Saura-t-on jamais la vérité ?
Quatre ans après le crash du vol 5017 d’Air Algérie, des questions restent en suspens. Et les familles des victimes attendent toujours de savoir les circonstances exactes de cette perte cruelle de leurs proches afin que les responsabilités soient situées. Mais à l’allure où vont les choses, l’on se demande si l’on saura un jour la vérité sur cette affaire. Car, malgré les investigations et les tentatives d’explications des causes du drame, trop de zones d’ombres et de doutes subsistent.
Des explications techniques qui ont été données, l’on retient que c’est la non-activation du système antigivre, liée à l’amateurisme du personnel naviguant, qui serait la cause principale de la catastrophe.
Pourquoi le dossier judiciaire continue-t-il de piétiner ?
Exit donc les hypothèses terroristes qui avaient, entre-temps, fait leur bonhomme de chemin, eu égard au lieu de l’accident, c’est-à-dire le centre du Mali, une région de conflits où de nombreux groupes djihadistes ont pignon sur rue, malgré le déploiement des forces internationales, qui n’a jusque-là pas permis d’endiguer le fléau. Si donc les raisons semblent connues, pourquoi diantre le dossier judiciaire continue-t-il de piétiner ? En tout cas, quatre ans après les faits, les familles des victimes de cette catastrophe continuent de ruminer leur colère et ont le regard toujours rivé sur la Justice dans l’espoir de connaître toute la vérité, rien que la vérité afin de pouvoir faire le deuil de leurs proches disparus. Mais les choses ne semblent pas se présenter de la meilleure des manières, pour espérer un aboutissement heureux du dossier. En effet, à en croire certains membres de l’association des parents des victimes de cette catastrophe, les résultats de l’enquête montrent un flou entretenu par la compagnie Air Algérie qui, dit-on, refuse même que son nom figure sur la stèle construite par les assureurs et l’Etat burkinabè. Si cela venait à être avéré, l’on peut regretter cette attitude de la compagnie algérienne, dans des circonstances aussi dramatiques que douloureuses où l’on a enregistré pas moins de 116 pertes en vies humaines. Même si, par ailleurs, il ressort que dans le cas d’espèce, le vol avait été sous-traité avec une compagnie espagnole, Swiftair, qui a affrété, équipage y compris, le McDonnell Douglas MD-83 qui s’est écrasé le 24 juillet 2014 à Gossi, dans le centre du Mali. En attendant de situer les responsabilités, il est incompréhensible que la compagnie Air Algérie ne joue pas la carte de la transparence à fond. D’autant plus que c’est à elle que les passagers ont fait confiance pour ce voyage qu’ils étaient loin d’imaginer qu’il serait le dernier. A moins que derrière ce qui s’apparente à un refus d’assumer, elle n’ait tout de même quelque chose à se reprocher ou n’adopte simplement cette attitude que par simple stratégie commerciale.
Les lignes peinent encore à bouger véritablement
Car, il est facile d’imaginer qu’au-delà de la question des indemnisations des parents des victimes, qui n’est déjà pas une mince affaire, c’est aussi l’image de la compagnie qui est en jeu. Et ceci pourrait bien expliquer cela.
En tout état de cause, quatre ans après le drame, le constat est que les lignes peinent encore à bouger véritablement dans le sens de la manifestation de la vérité. Et aussi symbolique que soit l’inauguration d’une stèle en cette date anniversaire, il en faudra certainement plus pour panser les plaies des familles des victimes dont les nerfs, déjà mis à rude épreuve, risquent de le rester aussi longtemps que durera le mystère dans cette catastrophe aérienne inédite, de mémoire de Burkinabè, d’une telle ampleur. L’agenda judiciaire n’est certes pas celui du commun des mortels, mais les autorités sont interpellées. Elles doivent peser de tout leur poids pour que ce dossier ne soit pas enterré dans les méandres de l’oubli. Surtout qu’il y a encore des acteurs, et pas des moindres, qui pourraient considérablement contribuer à la manifestation de la vérité. C’est un devoir de mémoire qui honorerait à plus d’un titre notre pays.
« Le Pays »