HomeA la uneAPPEL A LA LIBERATION DE AGBEYOME KODJO AU TOGO

APPEL A LA LIBERATION DE AGBEYOME KODJO AU TOGO


Après la levée, le 16 mars dernier, de son immunité parlementaire, le candidat malheureux à la présidentielle togolaise, Gabriel Agbeyomé Kodjo, accusé de troubles aggravés à l’ordre public, dénonciations calomnieuses et atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat, a été finalement arrêté. L’ancien Premier ministre de Gnassingbé père, proclamé deuxième, derrière le chef de l’Etat, à la présidentielle du 22 février dernier, savait ses mouvements surveillés depuis que le procureur de la République avait décidé d’engager des poursuites judiciaires contre lui. En rappel, au lendemain du scrutin présidentiel, celui qui a aussi occupé le perchoir avant de devenir opposant, s’était proclamé vainqueur et avait même invité le chef de l’Etat à la première dévolution démocratique du pouvoir dans son pays. Et c’est ce qui lui vaut les déboires judiciaires d’aujourd’hui. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette arrestation du leader du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD), n’est pas étonnante. Elle n’avait que trop tardé dans un pays où les désirs du prince régnant valent lois.  Mais Faure avait-il besoin de ça ? A-t-il encore besoin de bander les muscles face à un candidat malheureux dont les recours ont été rejetés et qui n’a plus aucune chance de renverser des résultats entérinés par la Cour constitutionnelle ?

Ce n’est pas en donnant le sentiment d’instrumentaliser la Justice contre un adversaire déjà vaincu, que Faure rendra sa réélection beaucoup plus propre

Quoi qu’il en soit, pour un scrutin qui était déjà plié, en s’acharnant de la sorte contre l’opposant et candidat malheureux dont les cris d’orfraie ne sont pas loin de se noyer dans les flots de la lagune de Bè, Faure se paie une mauvaise publicité dont il aurait pu se passer. Car, l’empressement de la Commission électorale à proclamer sa victoire dans les conditions que l’on sait, n’a pas été sans semer le doute dans certains esprits. Et ce, au-delà même du Togo. C’est pourquoi l’arrestation de l’opposant peut paraître, aux yeux de certains observateurs, comme une cabale judiciaire, pour éteindre toute contestation. Dans tous les cas, les Togolais sont restés jusque-là impassibles à l’appel de l’opposant à défendre sa victoire, et n’ont pas non plus montré d’enthousiasme à suivre Monseigneur Philippe Kpodzo, dans sa volonté de mourir en martyr pour son filleul. Si ce n’est pas un signe de résignation, cela y ressemble fort. Et cela devrait interpeller le chef de l’Etat togolais.  De quoi alors Faure a-t-il encore peur ? Lui seul pourrait répondre à cette question. En attendant, ce n’est pas en donnant le sentiment d’instrumentaliser la Justice contre un adversaire déjà vaincu, qu’il rendra sa réélection beaucoup plus propre et plus crédible aux yeux de certains observateurs. Surtout avec le score stalinien qui semble avoir été taillé sur mesure. Au contraire, cela ne fera qu’assombrir une victoire aux fortes exhalaisons de fraude, dans une élection qui aura été loin de donner toutes les garanties de transparence et d’équité. Pour quelqu’un qui briguait un quatrième mandat, Faure ne pouvait que rendre une pâle copie de la démocratie qu’il prétend défendre dans son pays. Espérons que Gnassingbé fils entendra le cri du cœur des Evêques en remettant en liberté le sieur Agbeyomé.

« Le Pays »


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