Condamnation du maire de Dakar : Les ambitions présidentielles de Khalifa Sall entre les mains du juge d’appel et de l’autre Sall
Dans les geôles depuis le 7 mars 2017, le maire de Dakar, Khalifa Sall n’y sortira pas de sitôt. En tout cas, au terme d’un marathon judiciaire, le 30 mars dernier, le juge Malick Lamotte a prononcé la sentence le condamnant à cinq ans d’emprisonnement ferme et cinq millions d’amende pour « faux et usage de faux » et « escroquerie ». Un verdict qui n’a pas manqué de susciter un grand tollé au sein des soutiens du maire de Dakar dénonçant un procès politique orchestré par le régime en place pour disqualifier un adversaire de taille dans la perspective de la présidentielle de 2019. Le tribunal de Dakar qui a joué les arbitres en conduisant ce dossier impliquant une personnalité politique de haut rang comme Khalifa Sall a dû marcher sur les œufs pendant le procès pour ne pas prêter le flanc de prendre le parti du plus fort dans un combat politique que se livrent à distance, depuis les deux mastodontes de la scène politique sénégalaise, Macky et Khalifa Sall depuis que le second cité a affiché ses intentions présidentielles. Par ailleurs, disons que pour tous ceux qui sont attachés à une gouvernance vertueuse ou à la moralisation de la vie politique ont dû applaudir des deux mains la condamnation du maire Sall qui n’a pu convaincre le juge Lamotte de son innocence dans cette affaire de gestion opaque des fonds publics.
La démission du juge Ibrahima Dème apporte de l’eau au moulin des « amis » de Khalifa Sall
Cela dit, la condamnation de Khalifa Sall est prononcée à un moment où la justice sénégalaise est comme plongée dans une crise de confiance. Depuis un certain temps, le pouvoir judiciaire est vivement critiqué pour avoir des atomes crochus avec l’exécutif. Une situation dénoncée même par des membres de la corporation comme le juge Ibrahima Dème qui démissionnant de la magistrature le 26 mars dernier a parlé d’une justice aux ordres tout en affirmant : « Je démissionne d’une magistrature qui a démissionné ». De quoi apporter de l’eau au moulin des « amis » de Khalifa Sall qui pensent que la condamnation de leur « champion » est faite à dessein pour le mettre à l’écart de la conquête du fauteuil présidentiel, l’année prochaine. A moins que le juge d’appel ne fasse renaître un quelconque espoir en annulant sa condamnation ou en réduisant considérablement la peine, pour l’heure, le maire sexagénaire n’a plus d’autre choix que de ranger ses ambitions présidentielles. Il lui reste peut-être à croiser les doigts et espérer que Macky Sall lui accorde une grâce présidentielle pour faire mentir ses adversaires sur ses intentions de mettre course un challenger de taille à la façon du Russe Poutine et l’Egyptien Al-Sissi. Une éventualité qui pourrait, peut-être, rendre beaucoup plus crédible la présidentielle de 2019.
Drissa TRAORE