HomeA la uneCOUP D’ETAT DEJOUE AU BENIN : Patrice Talon saura-t-il en tirer les leçons ?

COUP D’ETAT DEJOUE AU BENIN : Patrice Talon saura-t-il en tirer les leçons ?


Après la folle journée du 7 décembre 2025 qui a vu le président béninois, Patrice Talon, échapper à un coup d’Etat, le calme est revenu à Cotonou.  Mais au moment où les Béninois et Béninoises se remettent de leurs émotions, certains continuent de s’interroger sur les tenants et les aboutissants de ce coup de force manqué, qui a failli mettre un coup de frein à l’ordre constitutionnel. Et ce, au moment où l’on s’y attendait le moins, d’autant plus que le président Patrice Talon n’a jamais été aussi près de tenir sa parole et de passer la main à l’issue de son second mandat qui échoit dans quelque quatre petits mois.

 

Patrice Talon gagnerait à travailler à la décrispation de l’atmosphère sociopolitique

 

De quoi se convaincre qu’au-delà des apparences, il y a un véritable malaise dont les militaires frondeurs ont voulu crever l’abcès, en invoquant un lot de griefs pour justifier leur tentative de déchoir de son trône, le locataire du palais de la Marina, par les armes. Mais si l’homme d’affaires devenu président a pu garder son fauteuil grâce à la vigoureuse riposte des forces loyalistes, la question qui se pose est de savoir s’il saura tirer les leçons de ce pronunciamiento avorté qui, après coup, apparaît comme un avertissement sans frais pour lui. La question est d’autant plus importante qu’au-delà des revendications des comploteurs, l’atmosphère sociopolitique reste teintée de souffre dans ce contexte préélectoral où, entre embastillement d’opposants et mise à l’écart du principal parti d’opposition, « Les Démocrates » de l’ancien président Boni Yayi, les frustrations sont nombreuses. Et ce, dans une ambiance où le président Talon est accusé de dérives autoritaires par ses contempteurs. Autant dire que s’il est vraiment soucieux de laisser en héritage à son successeur, une société béninoise réconciliée avec elle-même, le chef de l’Etat gagnerait à faire son autocritique pour rectifier le tir, le cas échéant. Il en sortirait d’autant plus grandi qu’à l’opposé de certains de ses pairs africains qui ont choisi de faire dans le tripatouillage constitutionnel pour se maintenir indument au pouvoir, lui a décidé de respecter l’esprit et la lettre du texte fondamental de son pays en s’en tenant aux deux mandats autorisés. Cela est à son honneur. Mais tout porte à croire que certains en attendaient plus dans un pays qui a souvent été présenté comme la vitrine de la démocratie sur le continent noir. Quoi qu’il en soit, au crépuscule de son règne, Patrice Talon gagnerait à travailler à la décrispation de l’atmosphère sociopolitique de sorte à ne pas léguer un lourd contentieux à son successeur. Et, les mêmes causes produisant souvent les mêmes effets, ce coup d’Etat manqué, comme nous l’évoquions déjà, peut être considéré comme un coup de semonce au cœur d’une démocratie qui a toujours eu une réputation à défendre. Toujours est-il qu’à l’étape actuelle de son magistère, le président Talon ne perdrait rien en montrant de la magnanimité envers ceux de ses adversaires politiques comme Rekya Madougou, Sébastien Ajavon ou encore Joël Aivo, condamnés dans divers dossiers judiciaires qui ont d’autant plus fait jaser que ces opposants se présentaient comme de redoutables challengers prêts à défier le chef de l’Etat dans les urnes.

 

Patrice Talon devrait mettre un point d’honneur à consolider la paix et la cohésion sociale

 

Ceci expliquerait-il cela ? A chacun de se faire son opinion sur la question. En attendant, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et Patrice Talon a pu enchaîner deux mandats consécutifs pour dérouler son programme au profit de ses compatriotes. Autant dire que pour mieux marquer l’Histoire et polir davantage son image, il gagnerait à se poser plus en rassembleur que de donner l’image d’un homme à la rancune tenace. Et au moment de passer la main, il devrait mettre un point d’honneur à consolider la paix et la cohésion sociale, au moment où la menace djihadiste se présente de plus en plus comme un défi majeur pour son pays. Pour en revenir aux auteurs du coup d’Etat, maintenant que la situation est « totalement sous contrôle », pour reprendre les termes du chef de l’Etat, leur sort semble, d’ores et déjà, d’autant plus scellé que Patrice Talon a promis une punition à la hauteur de leur « forfaiture ». En attendant, au lendemain du coup d’Etat, la situation restait encore quelque peu volatile au Bénin où certaines chancelleries occidentales invitaient leurs ressortissants « à la plus grande prudence ».

 

« Le Pays »

 

 

 


No Comments

Leave A Comment