CRISE AU SEIN DU PARTI PRESIDENTIEL SUR FOND DE PERCEE DES GROUPES ARMES EN RDC : Les nuages s’amoncellent sur la tête du président Tshisekedi
En République démocratique du Congo (RDC), c’est la crise au sein de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti présidentiel dont le chef a été relevé de ses fonctions, le 11 août dernier, par l’organe disciplinaire dudit parti. Augustin Kabuya, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est accusé de mauvaise gestion, népotisme et autres antivaleurs par ses contempteurs qui lui reprochent aussi son manque de vision à la tête du parti au pouvoir. Une destitution qui n’est pas du goût de l’intéressé et de ses partisans qui contestent la légitimité de la réunion qui l’a déchu de ses fonctions, tout en qualifiant leurs adversaires de « pêcheurs en eaux troubles ». La question qui se pose est la suivante : jusqu’où ira la crise ? La question est d’autant plus fondée qu’en contestant son limogeage, Augustin Kabuga s’en est remis à l’arbitrage du président Félix Tshisekedi qui voit ces tensions comme un signe de « vitalité démocratique » sans toutefois se hasarder à trancher dans le vif.
Il paraît impératif que Fashi sorte de sa torpeur pour mettre de l’ordre dans ses rangs
Une attitude qui n’est pas loin d’en dire long sur l’embarras du chef de l’Etat congolais qui n’a certainement pas envie de fragiliser son parti en prenant position pour un camp contre un autre. Mais en prenant le risque de laisser la situation se décanter seule, le président Tshisekedi ne rend pas service à lui-même, ni au parti, au moment où il a plus que jamais besoin du soutien des siens pour faire face aux défis de l’heure. Et ces fissures au sein du parti au pouvoir dans un contexte de percée des groupes armés qui ne cessent de gagner du terrain dans une région de l’Est en passe d’être mise, si ce n’est déjà le cas, sous coupe réglée par les rebelles, sont un mauvais signal pour le locataire du palais de la Nation de Kinshasa. Si l’on ajoute à ce tableau peu reluisant de sa gestion du pouvoir, ses relations exécrables avec ses voisins ougandais et surtout rwandais pour leur soutien supposé ou réel aux insurgés du M23, c’est peu dire que le président Tshisekedi est dans la tourmente en raison de ces gros nuages qui s’amoncellent sur sa tête. Toujours est-il que plus il restera silencieux sur le sujet, plus cela accentuera la crise au sein de son parti où la tension couve depuis des mois. C’est pourquoi il paraît impératif que Fashi sorte de sa torpeur pour mettre de l’ordre dans ses rangs en ne laissant pas pourrir une situation qui pourrait lui créer plus de tort que de bien. Autrement, s’il n’arrive pas à faire l’union sacrée dans son propre camp, comment peut-il espérer fédérer les énergies de ses autres compatriotes autour de son programme et dans son combat pour sortir le pays de l’ornière? Pour le reste, au regard de leur timing en plein second mandat du chef de l’Etat, ces dissensions criardes au sein du parti présidentiel, ne manquent pas d’interroger. Est-ce des règlements de comptes ? Assiste-t-on déjà aux prémices d’une guerre de positionnement en vue de la présidentielle de 2028 ? Bien malin qui saurait, pour l’instant, répondre à ces questions.
Il appartient au président Tshisekedi d’avoir une saine lecture de la situation
En attendant, la situation délicate que traverse le pays, exige plus de cohésion dans les rangs des partisans du chef de l’Etat. Lequel est engagé sur plusieurs fronts, aussi bien à l’intérieur du pays où le défi de la crise sécuritaire dans l’Est du pays reste entier, qu’à l’extérieur où il ne cesse de dénoncer le soutien du président rwandais, Paul Kagame, aux rebelles du M23. Un mouvement dont l’avancée dans le Nord-Kivu, reste autant une menace pour le régime de Kinshasa qu’un signe de l’impuissance et de l’incapacité des forces armées de la RDC à faire face à la situation. Et ce, dans un contexte où les condamnations de soldats fuyards à la peine capitale, ne paraissent pas suffisamment dissuasives pour les candidats à la désertion plus enclins à prendre la poudre d’escampette qu’à affronter l’ennemi. Il appartient donc au président Tshisekedi d’avoir une saine lecture de la situation tout en prenant conscience de la fragilité de son régime, et de travailler à resserrer les rangs de ses partisans autour de lui. A moins que son attitude ne trahisse une volonté cachée de se débarrasser du chef de son parti pour des raisons que le militant lambda ignore, tout comme la politique a souvent ses raisons que la raison ignore.
« Le Pays »