DECES DE MGr KPODZRO : Une page se tourne
La nouvelle est tombée, hier, 9 janvier 2024, tel un couperet. Mgr Philippe Fanoko Kpodzro n’est plus. Il a tiré sa révérence à l’âge de 93 ans, en Suède où il vivait en exil depuis quelque temps. L’homme que pleure le clergé togolais est né en 1930 à Tomégbé dans la région des Plateaux au Togo. Après une quarantaine d’années de vie épiscopale, il prend sa retraite en 2007. Depuis lors, il s’engage aux côtés de l’opposition togolaise dont il comptait fédérer les forces aux fins de provoquer l’alternance dans son pays. Pari qu’il n’a malheureusement pas pu relever jusqu’à sa mort. En effet, la Dynamique Monseigneur Kpodzro qu’il avait formée en 2019 en vue de soutenir la candidature de Gabriel Messan Agbeyome à la présidentielle de 2020, n’a pas pu battre le président Faure Gnassingbé dans les urnes. Conséquence, craignant pour sa propre vie, le pélat qui avait revendiqué la victoire de son candidat, avait dû quitter le pays pour s’installer, dans un premier temps, au Ghana voisin avant de s’envoler plus tard pour la Scandinavie où il a finalement rendu l’âme. De l’héritage de l’homme, on retiendra qu’il a activement participé à l’introduction du multipartisme dans les années 90 au Togo. Même si certains de ses compatriotes gardent de lui l’image d’un personnage controversé, force est de reconnaître que Kpodzro a joué un rôle important dans l’histoire politique de son pays.
Mgr Kpodzro n’était pas en odeur de sainteté avec le régime de Faure Gnassingbé
Car, en plus d’avoir été le président de la Conférence nationale souveraine organisée pour sortir le Togo de la crise politique, il a présidé le haut-commissariat chargé de la rédaction de la Constitution de 1992. Il fut également président de l’Assemblée nationale du 20 août 1991 à février 1994. Mais ses prises de positions sur les questions politiques, son franc-parler et ses nombreuses sorties médiatiques fracassantes ont fait qu’il n’était pas en odeur de sainteté avec le régime de Faure Gnassingbé qui, s’il est vrai qu’il n’avait pas engagé de poursuite judiciaire à son encontre, ne manquait pas de lui tailler des croupières. Si fait qu’il a fini par passer de vie à trépas, tel un pauvre hère, loin de la mère-patrie. On se rappelle encore sa vidéo qui avait défrayé la chronique sur les réseaux sociaux, dans laquelle il déclarait, depuis son exil, n’avoir plus où loger ou de quoi manger, faute de moyens financiers. Ce cri de détresse n’avait visiblement pas attendri les autorités togolaises qui, plutôt que de faciliter le retour du prélat au bercail, étaient restées sourdes. En tout cas, une chose est certaine. Avec la disparition de l’archevêque émérite de Lomé, c’est une page de l’histoire politique du Togo qui se tourne.
B.O