DECRET MIGRATOIRE DES ETATS-UNIS CONTRE LES TCHADIENS : Macron en avocat intéressé de Déby
L’on se souvient qu’il y a peu, l’Amérique de Donald Trump frappait, par son décret migratoire, d’ostracisme le Tchad. Motif invoqué : «des manquements à la sécurité et la présence de groupes terroristes sur le territoire tchadien». Dans son réquisitoire contre le pays de Déby, l’Administration Trump lui reproche de ne pas partager de manière adéquate les informations concernant la sécurité du public et le terrorisme. Cette décision avait suscité les réprobations du pestiféré qui avait fait part à l’ambassadrice américaine de ses sentiments d’injustice et d’incompréhension, estimant qu’elle ne reflétait pas le niveau de coopération entre les deux Etats. L’Union Africaine avait fait écho de cette clameur de désapprobations des Tchadiens, sans pouvoir pour autant émouvoir l’Administration américaine. Un nouveau palier vient d’être franchi sur l’échelle de la protestation contre la décision américaine, avec la sortie du président français, Emmanuel Macron, qui se dit surpris et frappé de perplexité et de sentiment d’injustice face à la mesure. La France, de ce fait, plaide pour une solution diligente entre les deux pays pour «lever cette interdiction» qui rend indésirables les Tchadiens dans le pays de l’Oncle Sam. S’il faut se féliciter de ce parti pris du locataire de l’Elysée pour le Tchad, l’on devine aisément qu’il agit en avocat intéressé. En effet, le Tchad, en plus de figurer dans le pré-carré traditionnel de la France, est son allié stratégique et militaire dans la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne. N’Djamena abrite le Centre de commandement de la Force Barkhane et l’Hexagone ne pouvait donc pas, ne serait-ce que par gratitude, se taire et laisser aller à la noyade un pays qui, dit-on, s’est ruiné financièrement dans ses opérations militaires contre l’extrémisme violent au Mali aux côtés de l’armée française, mais aussi au Nigeria et au Niger voisins, au point d’éprouver des difficultés à s’acquitter de son devoir régalien de payer les salaires de ses fonctionnaires.
La voix de la France compte dans le monde
La sortie de la France vient donc mettre du baume au cœur de Déby qui se sentait payé en monnaie de singe par ce décret migratoire américain et lui remonter ainsi le moral au moment où, gagné par la lassitude, il ne cachait plus son amertume face au manque de soutien de la communauté internationale dans son engagement « opiniâtre » dans la lutte contre le terrorisme. L’on se souvient en effet, qu’il n’y a pas longtemps, le « guerrier du désert » menaçait de retirer toutes ses troupes combattantes au Mali et par la suite, n’a montré aucun enthousiasme à se rendre aux Etats-Unis pour la 72e Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies, en marge de laquelle devrait se tenir une rencontre du G5 Sahel. Le secours de Macron à Déby pourrait être aussi interprété comme une main tendue à un allié traditionnel de l’Elysée qui s’éloignait du giron français. L’on se rappelle les sorties du président tchadien contre le franc CFA et du rapprochement que sa position sur cette monnaie avait pu opérer du temps de la campagne électorale française, avec la candidate du Front National, Marine Le Pen. En lui tendant une bouée de sauvetage en ces instants de mélancolie, le président français tente-t-il d’amadouer son homologue tchadien ? Cela dit, l’on peut se poser la question de savoir si la sortie de Macron peut infléchir la décision de Trump. Rien n’est moins sûr. Surtout que la déclaration du président français vient encore mettre en exergue et approfondir la divergence des points de vue des deux leaders quant à la gestion de notre monde. Mais une chose est certaine, la voix de la France compte dans le monde et il y a déjà en cela du bien dans la sortie de Macron, en ce sens que Trump sait désormais qu’il ne peut pas mener à sa guise la barque partout.
SAHO