DEGUERPISSEMENT DE LA GARE STAF DE SAMANDIN
Le 18 mars dernier, la gare de la Société de transport Aorèma et frères (STAF) dans le quartier Samandin, à Ouagadougou, a été sommée de quitter les lieux. Le lendemain 19 mars, nous avons rencontré le PDG de ladite compagnie, El Hadj Adama Boureima Ouédraogo, qui a laissé entendre qu’il n’accepterait jamais cette expulsion, car ayant tous les documents d’obtention du terrain en sa possession. Il avait accusé le PDG de la compagnie Rakiéta d’être l’auteur de sa demande d’expulsion. Selon El hadj Adama Ouédraogo avec qui nous avons échangé hier 7 mai, cela fait bientôt deux mois qu’il a été expulsé des lieux, et les lignes n’ont pas bougé. A l’en croire, il s’agit d’un « sale dossier », et certaines révélations pourraient faire « tomber des têtes ». Plus de détails dans les lignes qui suivent.
« Le Pays » : Plus d’un mois après votre expulsion, où en êtes-vous avec le dossier?
PDG STAF : C’est un sale dossier, j’ai tout fait pour qu’on trouve une solution à l’amiable mais je crois que les autres ne sont pas dans cette dynamique. Pourtant, c’est un dossier très dangereux. Cela fait 50 jours que j’attends. Quand on m’a expulsé le 18 mars dernier, je suis allé voir le président du Tribunal, Boukary Diallo, pour lui faire comprendre qu’ils m’ont fait expulser mais que cela allait occasionner de nombreux problèmes car il y aurait des dénonciations. Le lendemain 19 mars, je suis venu au bureau et j’ai trouvé le PDG de la compagnie Rakieta, Adama Tiendrébéogo, et M. Barro, vice-président de la Fédération des transporteurs, qui m’attendaient. Le PDG de Rakiéta est venu me demander pardon et me confier que dans les trois jours suivants, tout allait être réglé et qu’il allait payer les dommages et intérêts suite à la situation. J’ai alors répondu qu’il n’y avait pas de problème et je ne voulais même pas de problème. Ils sont partis et trois jours après, rien. Plusieurs jours après, ne voyant rien venir, j’ai appelé le patron de Rakiéta qui me dit de ne pas m’en faire, qu’il était à Banfora et qu’il allait revenir pour qu’on règle tout. Mais depuis, rien. Je suis même allé voir de hautes personnalités de ce pays pour leur dire de faire en sorte qu’on trouve une solution pour qu’on n’ébruite pas l’affaire. Mais rien. Cela fait 50 jours que j’ai été expulsé, je ne peux pas attendre indéfiniment. Comme c’est ainsi, je vais devoir passer par la loi. Or, en faisant cela, de grosses têtes vont tomber et cela m’embête. Chacun dégage sa responsabilité. Nous sommes dans un pays de droit, on va devoir faire appliquer la loi…C’est un groupe de bandits bien organisés, qui est allé voir le président du tribunal (NDLR : Boukary Diallo) et je ne sais combien il (le groupe) lui a promis pour qu’il ordonne mon expulsion sur la base de faux papiers.
Mais que dit le PDG de Rakiéta?
Il y a un médiateur et je suis allé voir ce dernier hier (NDLR : notre rencontre a eu lieu le 7 mai), pour lui faire comprendre que j’ai assez patienté et que je ne pouvais pas rester ainsi alors que le temps passe, et que je suis en train de perdre de l’argent, plus de 6,750 millions de F CFA en moyenne par jour.
Pourquoi dites-vous que si l’affaire éclate, des têtes vont tomber?
Mais ceux qui ont fabriqué les faux documents auront chaud. La Justice fera son travail.
A quoi doit-on s’attendre dans les jours à venir?
Jusqu’à présent, je n’ai pas porté plainte parce que je ne voulais pas d’histoire et je voulais un règlement à l’amiable pour ne pas créer de problèmes à qui que ce soit. J’ai tout fait, j’ai patienté, mais je ne peux plus attendre.
Comment avez-vous accueilli la reprise du trafic interurbain, plus d’un mois après son interruption?
J’ai bien accueilli la reprise, c’est un ouf de soulagement pour nous tous.
A combien estimez-vous le manque à gagner suite à cette crise sanitaire qui a entraîné l’interruption du trafic?
Ce n’est pas petit en tout cas. En moyenne, c’est plus de 80 à 100 millions de F CFA de revenus perdus. Le chiffre réel dépasse cela.
Comment avez-vous géré les salaires de vos employés durant tout le moment où tout était à l’arrêt?
J’ai fait ce que je pouvais faire. Je sais que la vie n’est pas facile. Donc, j’ai payé 40 tonnes de riz et celui qui voulait, allait s’inscrire pour prendre. Cela, pour que quand les choses vont reprendre, on puisse déduire de leurs salaires. Il y a eu des cas de maladie, certains ont pris 75 ou 100% de leur salaire. On va déduire tout cela des salaires, au fur et à mesure.
L’une des conditions de la reprise du trafic routier est la limitation du nombre de passagers à bord des cars. Cela vous arrange-t-il?
Cela ne nous arrange pas. Après mes calculs, je me rends compte que par car, je perds 21 800 F CFA. Avec cette mesure, on perd. Nous sommes en train de nous concerter et nous verrons avec l’Etat ce qu’il peut faire pour nous.
Propos recueillis par CD