ENLEVEMENT D’UN JOURNALISTE FRANÇAIS A GAO
Cela fait plus de deux mois que le journaliste français, Olivier Dubois a été enlevé au Mali par des hommes armés. A cette occasion, des marches de soutien organisées par ses proches, ont eu lieu le 8 juin dernier aussi bien à Bamako et à Paris. En effet, alors qu’il avait rendez-vous, en début avril dernier, avec un cadre du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) de Iyad Ag Ghali, le free-lance ne donnera plus signe de vie. Du moins jusqu’au 4 mai dernier, quand il apparaissait dans une vidéo de 21 secondes, circulant sur la toile. Dans ladite vidéo, Olivier Dubois précise lui-même avoir été kidnappé par le GSIM, le 8 avril dernier. A sa famille, à ses amis ainsi qu’aux autorités françaises, le scribouillard installé au Mali depuis 2015, demande de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour le libérer. Tout semblait pourtant avoir été soigneusement ficelé et méticuleusement préparé avec des intermédiaires locaux, pour la réussite du projet, voire du scoop. En plus des proches du journaliste qui, dit-on, avaient été mis au parfum du projet de reportage, les autorités françaises en auraient été, elles aussi, informées à l’avance. Alors qu’est-ce qui a pu faire pschitt ? Les choses ont-elles tourné court au moment où le journaliste s’y attendait le moins, une fois sur place ? Ou faut-il croire que l’interview devait plutôt servir, pour les “barbus”, d’appât ? Si l’hypothèse du piège tendu à ce journaliste que l’on dit « expérimenté » et parfait connaisseur des réalités du terrain, était avérée, alors cela rappellerait le triste souvenir des circonstances des assassinats, en 2013, à Kidal dans le Nord-Est du Mali, des journalistes français Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Ces deux journalistes, on s’en souvient, venaient d’interviewer peu avant leur mort, un responsable des rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).
Ce kidnapping vient rappeler combien le journalisme demeure un métier à risques sous nos tropiques
Face à l’appel à l’aide de Olivier Dubois, quelle posture l’Elysée adoptera-t-elle ? Elle qui a clairement affiché son opposition à toute négociation avec les groupes terroristes, et particulièrement le GSIM. L’on mesure, en tout cas, tout l’embarras du président Macron qui voit de nouveau tomber un caillou dans ses souliers. Réjoui de la libération, en octobre 2020, du denier otage français au Sahel, qui n’était autre que l’humanitaire franco-suisse, Sophie, l’actuel locataire de l’Elysée se voit à nouveau contraint de gérer avec une extrême délicatesse, cette nouvelle prise d’otage d’un ressortissant français au Sahel. Comment s’y prendra-il ? Une chose est sûre : le GSIM a entre ses mains, une prise exquise dont il pourrait faire un puissant moyen de chantage, une précieuse monnaie d’échange et une grande valeur marchande pour autant que Paris mette en berne son principe déclaré. Toujours est-il que ce nouvel enlèvement d’un Français au Mali, vient relancer le débat sur les risques énormes et parfois inconsidérés, que prennent bien des Occidentaux en se rendant dans des zones très peu recommandées, réputées pour être très dangereuses. Certes, en se rendant à Gao, Olivier Dubois n’y est pas allé dans la peau de touriste téméraire amateur de sensations fortes ou en quête de publicité. Dans son cas, c’est son travail de journaliste qui l’y a amené. Pour autant, le risque dont il ne niait certainement pas la réalité, en valait-il la peine ? D’aucuns diront qu’après tout, ce sont les risques du métier. Soit ! Mais quel que soit le degré d’amour qu’on puisse éprouver pour ce métier, il ne faut jamais perdre de vue qu’avant tout, « rien ne vaut la vie ! ». On n’ose pas croire, en tout cas, que Olivier Dubois a été envoyé en mission à Gao, par l’une des rédactions des journaux pour lesquelles il travaillait, sans que celle-ci n’ait pris, au préalable, le maximum de garanties nécessaires. Sans doute ce projet de reportage qui dévorait M. Dubois, a-t-il relevé d’une initiative personnelle de journaliste indépendant qu’il est. En tout état de cause, ce kidnapping vient rappeler combien le journalisme demeure un métier à risques sous nos tropiques, surtout dans des zones fortement gangrénées par le mal terroriste. L’Etat malien a-t-il été informé du projet ? Si oui, le journaliste a-t-il, en ce qui le concerne, scrupuleusement observé les consignes de sécurité que ne manquent généralement pas de formuler les autorités habilitées, en pareille situation ? En attendant, tout le mal qu’on puisse souhaiter à notre confrère français, c’est qu’il s’en sorte sain et sauf ! Autrement dit, on touche du bois … pour Dubois.
CBS