INCENDIE MEURTRIER AU SENEGAL : Quand un pèlerinage vire au drame
Une cérémonie religieuse qui vire au drame ! C’est le moins que l’on puisse dire de l’incendie survenu dans la partie orientale du Sénégal où étaient réunis pour une dizaine de jours, des milliers de musulmans. En effet, un incendie qui s’est déclaré dans l’après-midi a fait, selon un bilan provisoire, 22 morts et 87 blessés dont une vingtaine dans un état grave. L’origine de ce drame, à l’heure où nous tracions ces lignes, n’était pas encore connue, mais on sait seulement que les flammes ont été soutenues par un vent violent, si fait qu’elles se sont rapidement propagées dans la brousse, affectant bon nombre de huttes en paille ou en bois, qui servaient d’abris aux pèlerins. En tout cas, la situation était si critique que le ministre sénégalais de l’Intérieur et de la sécurité, accompagné d’une délégation gouvernementale, a fait le déplacement de Médina Gounass, en attendant l’arrivée sur les lieux du chef de l’Etat Macky Sall, prévue pour aujourd’hui même, 14 avril 2017. Toutefois, faut-il le rappeler, ce drame n’est pas le premier. Des incendies ont souvent lieu lors de ce pèlerinage mais jamais, l’on n’avait enregistré un tel lourd bilan. En 2010, six personnes avaient péri et plusieurs autres avaient été blessées dans des conditions similaires. En 2014, une partie du site avait été complètement ravagée par les flammes. On oublie volontiers l’incendie qui s’était produit en 2013, dans une école coranique du quartier dakarois de la Médina, au cours duquel neuf jeunes talibés avaient perdu la vie.
Il faudra revoir les installations dans leur ensemble
Au regard de ce qui précède, on peut affirmer que très rarement le pèlerinage de Médina Gounass se termine dans la joie. Alors pourquoi ? C’est le lieu d’en appeler à la responsabilité des autorités sénégalaises qui ne doivent plus se contenter, après chaque catastrophe, de présenter des condoléances aux familles des victimes. Il faut, en sus, des mesures rigoureuses pour parer désormais à toute éventualité, tant la comptabilité macabre devient longue. Sans chercher à ébranler la foi des pèlerins, pourquoi ne pas délocaliser le site, si tant est que le Dakaa de Medina Gounass est un endroit “accidentogène” ? A défaut d’en arriver à cette solution pour le moins extrême, il faudra, à tout prix et ce avant chaque pèlerinage, revoir les installations dans leur ensemble afin d’éviter toute surprise désagréable. Mais on comprend bien que de telles mesures, si elles venaient à être adoptées, ne sauraient se passer d’une vaste campagne de sensibilisation, au risque de donner l’impression que les autorités sénégalaises ont une dent contre la communauté musulmane, de loin la plus nombreuse au pays de la Téranga. Il faut donc éviter tout amalgame susceptible d’affecter l’unité nationale, surtout dans ce contexte mondial marqué par la montée du radicalisme religieux sur fond de haine et de rejet de l’autre dans sa différence. C’est dire que Macky Sall marche sur des œufs. Il doit savoir manier la carotte et le bâton.
B.O