LA MISSIVE A MON ONCLE
Cher neveu,
Ce n’est décidément pas la joie, comme on le dit sur les bords de la lagune Ebrié, en ce mois d’août. Que ce soit chez vous avec le décès accidentel, le 12 août, du « roi du Coupé-décalé », Dj Arafat, ou chez nous, la douleur est immense car la mort a encore frappé à nos portes. Chez nous, la douleur est à son comble. Tiens-toi bien, le 30 juillet dernier, c’est le Dima de Boussouma, de son vrai nom Salfo Théodore Ouédraogo, qui nous quittait. Moins de trois semaines plus tard, soit le 17 août, c’est le Kupiendiéli, roi du Gulmu, qui s’éclipsait pour toujours. Alors que nos larmes n’ont même pas encore séché, des terroristes en ont rajouté à notre douleur.
En effet, le 19 août dernier, le détachement militaire de Koutougou, dans le Soum, a été attaqué par des individus lourdement armés. Le bilan est lourd : 24 morts, une perte jamais enregistrée dans l’histoire de notre armée depuis le début des attaques terroristes en janvier 2016. Ladite attaque a également fait 7 blessés et 5 portés disparus. Deux des blessés auraient succombé à leurs blessures, portant le nombre de morts à 26. Quant aux 5 disparus, fort heureusement, ils ont été retrouvés vivants trois jours après l’attaque. Un deuil de 3 jours, soit du 23 au 25 août, a été observé pour la circonstance. Du côté des terroristes, l’on parle de 40 malfrats mis hors d’état de nuire.
Cher neveu, ce drame intervenu au sein de nos Forces de défense et de sécurité, nous laisse sans voix. Pourra-t-on, un jour, venir à bout du péril terroriste ? Cette question, bien des Burkinabè se la posaient depuis longtemps mais au regard de la situation, la peur gagne davantage les esprits. A quand le retour de la sécurité dans notre cher pays ? Seul Dieu pourra y répondre. En tout cas, ce bilan macabre a fini par faire sortir les uns et les autres de leurs gonds. C’est le cas de certains partis politiques, notamment l’Union pour le progrès et le changement (UPC) de Zéphirin Diabré, ou d’Organisations de la société civile qui ont, tout simplement, réclamé la démission du gouvernement Dabiré. Le Premier ministre de la Transition, Yacouba Isaac Zida, lui, a déploré cette énième attaque et dit ne pas comprendre qu’avec « une armée de plusieurs dizaines de milliers d’hommes, ce gouvernement n’arrive pas à venir à bout de simples aventuriers égarés ».
Deux médailles pour le Burkina aux jeux africains au Maroc
Mais cher neveu, il n’y a pas que les civils qui en veulent aux autorités, après ce drame de Koutougou. Il y a la Grande muette elle-même. En effet, dans la nuit du 22 au 23 août, des militaires ont exprimé leur mécontentement en tirant en l’air toute la nuit durant au camp Guillaume Ouédraogo, à Ouagadougou. Dieu merci, des rencontres avec la hiérarchie militaire et appels au calme des autorités ont permis de faire baisser la tension. L’opposition, pour sa part, s’est voulue plus modérée. Tout en appelant à l’union sacrée de tous les Burkinabè pour faire face à cette situation, elle a, dans une déclaration, laissé entendre que la résolution de la crise sécuritaire ne doit pas être uniquement militaire, mais qu’il fallait trouver des solutions ad hoc. Cet appel sera-t-il entendu ? Difficile d’y répondre.
Espérons que la participation du chef de l’Etat au sommet du G7 à Biarritz, en France, les 25 et 26 août 2019, et surtout son appel à un véritable partenariat international dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Sahel, permettront de faire bouger les lignes, c’est-à-dire que les 7 grandes puissances de la planète poseront le geste qui sauve afin de nous sortir de cette situation difficile. En attendant, ceux qui seront bientôt situés sur leur sort sont les 84 accusés dans le cadre du putsch manqué de 2015. En effet, les plaidoiries sont achevées et le verdict est attendu pour le 2 septembre prochain.
Je te quitte sur cette note en t’informant que la moisson est maigre pour nos athlètes qui prennent part aux jeux africains au Maroc. En attendant la fin de ces jeux prévue pour le 31 août prochain, le Burkina n’a obtenu que deux médailles de bronze, pour l’instant. Bonne chance à eux et que ces derniers jours leur apportent toutes les chances du monde.
Au revoir et à bientôt !
Ton oncle