MEETING DU CFOP : Faisons preuve de discernement
Demain 29 avril 2017, aura lieu, en principe, le meeting du Chef de file de l’opposition politique (CFOP) aux fins d’interpeller le pouvoir, dit-on, sur sa manière de gérer les choses. Pour les uns, ce meeting n’a pas sa raison d’être, d’autant qu’il intervient dans un contexte pour le moins fragile, marqué d’un côté par la menace djihadiste et de l’autre par la récession économique. Pour eux, l’heure doit être plutôt à l’union sacrée autour de Roch Marc Christian Kaboré et non pas à des tentatives de règlements de comptes politiques sur fond d’ambitions personnelles. Pour les autres, ce meeting a toute sa raison d’être, étant entendu que plus d’un an après l’arrivée au pouvoir du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), on ne sent pas bouger les lignes. Les plus durs vont jusqu’à dire que tous les signaux sont au rouge et que le pays vacille. En un mot comme en mille, pour eux, le Burkina Faso va mal, tant et si bien qu’il faut faire du bruit pour réveiller nos dirigeants. Voyez-vous, chacun y va de son argumentaire. Mais moi fou, je ne prendrai partie pour personne. Car, comme vous le savez, j’aime l’objectivité dans tout ce que je fais et je déteste par-dessus tout la subjectivité. C’est pourquoi je ne me bornerai pas à dire qui a raison et qui a tort. La preuve est que même nous qui sommes les laissés-pour-compte de la République, nous donnons de temps à autre de la voix à travers des marches-metings. Mais, autant le droit de manifester est garanti, autant le devoir d’inscrire toute action dans la République est reconnu par les textes. Cela dit, je demande au CFOP de tout faire pour éviter les débordements de quelque nature que ce soit. Je le dis parce que le Burkina Faso n’a pas actuellement besoin de tambouille. Du reste, si on n’y prend garde, on risque d’effrayer davantage nos partenaires qui, en dépit de la menace terroriste, ont cru en nous en restant à nos côtés. Faisons donc preuve de discernement pour ne pas jouer le jeu de nos ennemis, et Dieu seul sait s’ils sont nombreux.
J’aime le fair play mais pas la chienlit
Je suis pour le respect des libertés publiques, mais j’ai horreur de la pagaille. C’est pourquoi d’ailleurs je félicite le pouvoir qui, en dépit de tout, a autorisé le meeting du CFOP. Ce serait un grand recul si le gouvernement interdisait, pour une raison ou une autre, ce meeting que l’opposition politique appelle de tous ses vœux. Cela dit, je veux demander au pouvoir de ne pas rejeter systématiquement et en bloc tout ce que dit l’opposition. A ce propos, j’étais très heureux d’ailleurs d’entendre Salifou Diallo, à l’issue du discours sur la situation de la nation du Premier ministre, rappeler à ses camarades de parti que ce n’est pas parce que l’opposition les critique qu’il faut se voiler la face. La critique, quand elle est constructive, fait avancer. Et jusque-là, exceptées quelques brebis galeuses, notre opposition s’est montrée responsable et républicaine. Elle joue pleinement son rôle de contre-pouvoir. Or, une démocratie sans contre-pouvoir n’en est pas une. Prenez l’exemple du Mali où pendant plus d’une décennie, c’était pratiquement l’unanimisme politique et social. La suite, on la connaît. Le pays a sombré. Pour éviter donc ce qui est arrivé au Mali, j’encourage le pouvoir à souvent prêter une oreille attentive à ce que disent l’opposition, la société civile et même les syndicats. Cela permet une profonde introspection pouvant déboucher sur une remise en cause de nos agissements. Car, comme le disait quelqu’un, on ne gouverne pas innocemment. Mais encore une fois, j’insiste sur le fait que tout cela doit se faire dans le respect de l’un et de l’autre. J’aime le fair play mais pas la chienlit.
« Le Fou »