LE MINISTRE CLEMENT SAWADOGO AUX TRAVAILLEURS DE LA FONCTION PUBLIQUE : « Il n’est pas possible d’accorder le statut autonome à tout le monde »
Le ministre en charge de la Fonction publique, Clément Sawadogo, entouré d’autres membres du gouvernement, a animé une conférence de presse le 18 mai 2017 à Ouagadougou, sur la grogne sociale au sein des mouvements syndicaux. Ce fut l’occasion pour lui de s’exprimer sur la grève du Syndicat autonome des agents du Trésor public (SATB), enclenchée depuis le 8 mai dernier.
Depuis l’avènement du régime actuel, l’on assiste à des revendications tous azimuts. En effet, presque tous les corps de la Fonction publique sont en ébullition, pour exiger de meilleures conditions de vie et de travail. Et la plupart des travailleurs, dans leurs plateformes revendicatives, réclament l’adoption d’un nouveau statut autonome propre à eux. Sur ce point, le ministre de la Fonction publique, du travail et de la protection sociale, Clément Sawadogo, a tenu un langage ferme : « Il n’est pas possible d’accorder le statut autonome à tout le monde. Je rappelle à tous les fonctionnaires qu’ils ont été recrutés sur la base du statut général. Il faut soustraire ce point des plateformes revendicatives ». Et aux organisations syndicales qui organisent des sit-in pendant des jours, voire des semaines, pour réclamer de meilleures conditions de travail, le ministre Clément Sawadogo leur répond : « Un sit-in d’une semaine n’est pas normal (…). Le sit-in est une forme de manifestation spontanée des travailleurs qui, face à une situation donnée, expriment leur mécontentement (…). Un sit-in qui s’étend sur une semaine est une grève illégale (…). Faire un sit-in qui va de 7h à 12h pendant une semaine est une grève illégale et les fonctionnaires le savent (…). Une telle grève peut faire l’objet de sanctions ». Et comme causes de cette recrudescence des grèves, le ministre Clément Sawadogo y voit la liberté d’expression qui permet de nos jours, à tout le monde, a-t-il précisé, de manifester pour revendiquer. A cela, il a ajouté la question des rivalités entre corporations et des raisons politiques. Quant au nouveau projet de loi sur le droit de grève en cours d’élaboration, le ministre Clément Sawadogo a fait une précision de taille : « Le gouvernement n’y est pour rien. C’est une proposition de loi venue des parlementaires. Il ne faut pas tout de suite incriminer l’Etat (…). Je n’ai pas d’opinion à émettre sur cette loi». Revenant sur le statut autonome attribué aux magistrats qui a fait des gorges chaudes, il a voulu donner quelques précisions. Selon ses explications, ce n’est pas le gouvernement actuel qui a accordé le statut autonome conféré aux magistrats. « Le statut autonome des magistrats était déjà voté sous la Transition, inscrit dans la Constitution et décliné par une loi adoptée par le CNT (NDLR : Conseil national de la Transition (….). Nous n’avons fait que terminer la manœuvre en prenant des décrets d’application. Ceux qui sont contre cela devraient manifester au moment où on votait la loi. Quand nous sommes arrivés, nous avons été accueillis par la grève des magistrats (…). Le ver était déjà dans le fruit. Le corps de la magistrature fait partie des pouvoirs constitutionnels, notamment le pouvoir judiciaire. Dans tous les pays que je connais, le corps de la magistrature fait toujours l’objet d’un statut spécial. Autour de nous, il n’y a pas un seul pays sur lequel on peut prendre l’exemple pour dire le contraire (…). Tout est parti des assises qui se sont tenues sous la Transition et qui ont réuni magistrats, société civile et membres du gouvernement. Les corps para-militaires que nous avons ajoutés, c’est parce que leur gestion n’est pas une gestion de type civil. Il y a des aspects qui relèvent de la gestion militaire et des aspects qui relèvent d’une gestion civile », a-t-il dit. A cette conférence de presse, le ministre Clément Sawadogo avait, entre autres, à ses côtés, le Conseiller spécial du Premier ministre, Pr Magloire Somé, le ministre de la Communication et des relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, Remis Fulgance Dandjinou, et la ministre déléguée auprès du ministre de l’Economie, des finances et du développement durable, chargée du budget, Edith Clémence Yaka.
Quid de la grève du SATB ?
Parlant de la grève du Syndicat autonome des agents du Trésor public (SATB) enclenchée depuis le 8 mai dernier, le gouvernement a noté qu’il y a eu des avancées dans les négociations. En effet, la plateforme revendicative des agents du Trésor public comporte 19 points qui se résument, entre autres, à l’institution d’un statut autonome des agents du Trésor, l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de carrière pour les agents du Trésor, la dotation en moyens humains, matériels en quantité et en qualité, l’opérationnalisation des trésoreries principales dans les 45 provinces du pays, le renforcement du personnel des postes comptables à l’étranger, l’opérationnalisation du statut de l’Agence judiciaire du trésor (AJT), l’audit et l’expertise du siège du Trésor public sis à Ouaga 2000. Sur les 19 points, le Conseiller spécial du Premier ministre, Magloire Somé, a expliqué qu’à la date du 17 mai dernier, 9 points ont fait l’objet de consensus. « Il y a 6 points qui sont en discussion et 4 points constituent un blocage », a-t-il soutenu. Qu’à cela ne tienne, le ministre Clément Sawadogo a relevé que les négociations se poursuivent avec le syndicat. « Le gouvernement fait tout ce qui est de son possible pour trouver une solution judicieuse à cette crise qui est de nature à créer des désagréments à l’ensemble de la société, en particulier aux acteurs économiques du privé et aux services publics », a-t-il soutenu. Pour lui, dans ce bras de fer qui oppose le SATB au gouvernement, il a estimé que beaucoup d’efforts ont été consentis. « Le gouvernement a déjà annoncé au syndicat qu’il prendrait des mesures énergiques pour l’amélioration des conditions de travail sur tous les axes cités dans la plateforme. S’agissant des traitements et autres avantages servis aux agents, là aussi, le gouvernement s’est dit disposé à apporter des améliorations là où cela est possible, tout en respectant les principes de cohérence et d’équilibre dans la gestion des personnels de l’Etat », a-t-il souligné. A l’en croire, les seuls points sur lesquels l’Etat n’a pas voulu prendre des engagements de peur de perdre la face, ce sont bien l’application du statut autonome et l’augmentation du taux d’indexation du Fonds commun sur la trésorerie nette. « Le gouvernement a expliqué au syndicat qu’il se trouve dans l’impossibilité, pour des raisons objectives, de donner satisfaction à ces points », a-t-il précisé. En dépit de ces efforts, le gouvernement dit être étonné que les membres du SATB annoncent encore d’autres mouvements pour les semaines à venir, alors même que les négociations sont en cours. « Au-delà du SATB, le gouvernement appelle l’ensemble du monde syndical de notre pays à emprunter la voie du dialogue social et à renoncer à un durcissement de ton inopportun des luttes qui, à terme, hypothéquerait dangereusement toute possibilité d’apporter les solutions souhaitées aux préoccupations et doléances des travailleurs », a lancé le ministre Clément Sawadogo à l’ensemble des travailleurs de la Fonction publique. Du reste, la ministre déléguée auprès du ministre de l’Economie, des finances et du développement durable, chargée du budget, Edith Clémence Yaka, a fait savoir qu’il est difficile pour l’instant, d’évaluer l’impact de la grève du SATB sur l’économie nationale. Pour elle, il faudra attendre la fin du mouvement d’humeur pour mieux statuer sur son impact.
Mamouda TANKOANO
BOUDA
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J’ESPÈRE SURTOUT QUE LEURS SALAIRES SUBIRONT DES AMPUTATIONS PROPORTIONNELLES A LA DURÉE DE LEUR FORFAITURE? SOYONS PLUS RESPONSABLES ET NE LIMITONS L’ÉTAT A NOS POCHES ET AUTRES INTÉRÊTS ÉGOÏSTES.
21 mai 2017