MOBILISATION DE 14 MILLARDS CONTRE LE VIH/SIDA, LA TUBERCULOSE ET LE PALUDISME
Ouverte le 9 octobre 2019, à Lyon en France, la 6e Conférence de reconstitution du Fonds mondial contre le VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme, s’est achevée hier sur une note d’espoir, pourrait-on dire. En effet, au terme de la rencontre à laquelle plusieurs chefs d’Etat du continent ont pris part, le président français, Emmanuel Macron, a annoncé avec joie, que l’objectif fixé, à savoir recueillir un montant de 14 milliards de dollars de financement pour les trois prochaines années auprès de partenaires privés et publics, a été atteint et ce, grâce aux engagements des anciens et nouveaux donateurs parmi lesquels on compte des Africains. Comme pour montrer que son pays qui était attendu au tournant, veut redorer son blason, le président français a, sans détour, annoncé une contribution à hauteur de 1,5 milliard d’euros plus 60 millions d’euros supplémentaires. Toujours est-il que la France a augmenté de 20%, sa contribution par rapport aux années antérieures, se hissant ainsi au rang de deuxième plus grand contributeur après l’Amérique de Donald Trump. Tout cela est bien beau, mais l’on pourrait dire que le plus dur commence car, entre les engagements pris et le débat de leur concrétisation, il y a un fossé abyssal. En tous les cas, il faut souhaiter que chaque contributeur tienne parole, notamment les pays africains dont l’engagement cette année, est inédit. En effet, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria, l’Afrique du Sud pour ne citer que ceux-là, ont tous pris l’engagement de délier les cordons de la bourse. Et c’est à leur honneur car après tout, ils sont les plus grands bénéficiaires des fonds qui seront mobilisés pour vaincre la pandémie d’ici à 2030. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le jeu en vaut la chandelle d’autant que les financements, en ce qui concerne notamment la lutte contre le VIH/SIDA, ont tari. A tel point que certains redoutent une résurgence de la pandémie.
L’Afrique doit se donner les moyens de repenser son système sanitaire
Sous cet angle, on peut donc dire que la rencontre avait vraiment sa raison d’être. En tout cas, la mobilisation des 14 milliards de dollars est un espoir pour tous ceux qui souffrent de ces trois pandémies. Il faudra encore insister sur une réalité : le tout n’est pas de prendre des engagements comme c’est de coutume. Au-delà des promesses, il faudra bien des actes concrets. Surtout que l’humanité est face à cet enjeu crucial, celui de venir à bout, d’ici à 2030, de ces trois épidémies qui font quotidiennement trois millions de morts à travers le monde. C’est en cela qu’il convient de saluer l’engagement des pays africains dont la très faible contribution (1%) en termes de mobilisation des ressources pour ce Fonds, laissait perplexe. Avec les nouveaux engagements pris, on ose espérer qu’ils ont compris qu’ils doivent se départir de cette posture d’éternelle assistée, d’une Afrique toujours encline à compter sur les autres. Vu la gravité et la persistance de ces maux, il est grandement temps qu’elle se positionne davantage sur le front sanitaire. En tout cas, c’est ce à quoi l’invitait, du reste, l’Elysée qui avait évoqué, et à juste titre, la nécessité, pour les bénéficiaires africains du Fonds, de renforcer leurs investissements dans leurs propres systèmes de santé. Et l’on peut dire que la France a bien fait d’avoir mis le doigt sur la plaie. Car, pour de nombreux Etats africains, le système sanitaire est dans un tel état de délabrement, voire d’agonie, que toute la bonne volonté et l’humanité des partenaires occidentaux, s’apparentent parfois au tonneau des Danaïdes. C’est pourquoi l’Afrique doit se donner les moyens et le courage de repenser son système sanitaire. Ce faisant, elle doit bâtir une politique de santé plus osée et plus ambitieuse, édifiée notamment sur une politique constante de recherche fondamentale et appliquée, à l’image de l’Afrique du sud qui a inventé et produit ses propres remèdes pour soulager bien de ses patients atteints de Sida. Autrement, le continent n’aura de cesse de tendre la sébile, pour des résultats qui continueront toujours à montrer leurs limites. Assurément, l’Afrique doit se réinventer un système qu’elle doit accompagner de bonnes pratiques en matière de bonne gouvernance dans le secteur très sensible de la santé.
« Le Pays ».