NOUVEAU GOUVERNEMENT MALIEN, REDUCTION DES SUPER POUVOIRS D’ASSIMI GOITA…
Une semaine après la nomination du Premier ministre, Moctar Ouane, par le président désigné de la Transition, Bah N’Daw, les Maliens sont toujours dans l’attente de la levée des sanctions de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Ce d’autant que l’un des obstacles majeurs qui résidait dans le rôle taillé sur mesure de vice-président de ladite transition aux pouvoirs élargis, a été levé en fin de semaine dernière avec le renoncement du chef de la Junte, à la succession du chef de l’Etat en cas d’empêchement. Ajouté à cela, le profil de civil bon teint du PM Ouane à côté de celui hybride du président N’Daw, l’institution sous-régionale devrait pouvoir lever ses sanctions pour desserrer son étreinte mortelle autour de la gorge du Mali. D’autant que pour faire dans la transparence, la junte a aussi procédé à la publication de la Charte de la Transition, qui était aussi l’objet de fortes supputations. C’est dire si des signes de bonne volonté, les putschistes de Kati en ont montré depuis qu’ils ont été pris en grippe par l’institution sous-régionale suite au coup de force qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) le 18 août dernier, et ont été sommés de rendre le pouvoir aux civils dans les meilleurs délais.
Des concessions et pas des moindres ont été faites par les tombeurs d’IBK
Certes, il existe encore des points d’achoppement comme par exemple la dissolution du CNSD (Comité national de salut du peuple) et la libération des autorités arrêtées à défaut de leur traduction devant le juge, mais force est de reconnaître que des concessions et pas des moindres ont été faites par les tombeurs d’IBK. C’est pourquoi, aussi justifiée que puisse paraître la position de fermeté de la CEDEAO vis-à-vis de la junte, celle-ci peut paraître à présent incompréhensible pour les Maliens qui souffrent le martyre de l’embargo qui frappe leur pays, si cela ne passe pas, à leurs yeux, pour un manque d’empathie de l’institution sous-régionale à leur endroit. C’est dire si les nerfs des Maliens sont mis à rude épreuve avec cette situation de blocus qui se prolonge là où ils étaient en droit de s’attendre à un assouplissement des sanctions, vu les efforts consentis. C’est pourquoi l’on est porté à s’interroger sur ce qui coince toujours pour que la CEDEAO traîne le pas à lever ses sanctions qui pèsent lourdement sur le Mali. D’autant que sur la question, l’institution sous-régionale ne communique pas suffisamment, malgré la multiplication des gestes de bonne volonté du côté de Bamako. Donnant même parfois l’impression de jouer avec les nerfs des Maliens en brandissant toujours de nouvelles exigences chaque fois que certaines ont été satisfaites. D’où ces interrogations qui ne traduisent pas moins toute l’impatience des maliens d’être enfin délivrés. Y a-t-il, au sein de l’institution régionale, des tenants de la ligne dure qui ne veulent pas lâcher du lest pour que cela serve de leçon à d’éventuels apprentis- sorciers des coups de force, tapis dans l’ombre dans certains pays de l’espace communautaire ?
La composition du gouvernement connue depuis hier
Ou bien la CEDEAO attend-elle la composition du gouvernement de la transition pour mieux se faire une idée des ambitions des hommes en kaki, relativement aux postes qu’ils viendraient à y occuper ? Si c’est le cas, elle est désormais située, puisque la composition de ce gouvernement est désormais connue depuis hier. Et sur les 25 portefeuilles, la junte n’occupe que quatre, notamment ceux de la Défense, de la Sécurité, de l’Administration territoriale et de la réconciliation nationale. S’est-elle taillée la part du lion? On peut le penser dans la mesure où elle occupe les postes clé. Qu’à cela ne tienne, le fait que des portefeuilles aient été attribués aux différents groupes, M5-RFP, groupes rebelles, etc., est déjà un bon signe. Quoi qu’il soit, il est temps de mettre fin au calvaire du peuple malien qui, quoi qu’on dise, est censé être le premier bénéficiaire de ces sanctions qui visent à remettre le pays sur les rails de la démocratie, mais qui se trouve malheureusement être celui qui paye en dernier ressort le plus lourd tribut à cette situation. C’est pourquoi, à défaut d’une levée totale des sanctions, un allègement, à travers par exemple l’ouverture des frontières, pourrait non seulement être positivement apprécié du peuple malien, mais aussi serait une bouffée d’oxygène pour une économie presque déjà au bord de l’asphyxie. En tout état de cause, si la CEDEAO veut redorer son blason auprès de cette partie de l’opinion malienne voire africaine très critique, pour qui elle agit plus pour les intérêts des chefs d’Etat que pour ceux des peuples, c’est maintenant qu’elle doit agir en faisant preuve de compréhension à l’égard du Mali. Elle a d’autant plus intérêt à le faire que l’on ne comprendrait pas qu’elle fasse autant preuve de fermeté à l’égard du Mali tout en fermant les yeux sur la question des troisièmes mandats des présidents ivoirien, Alassane Ouattara, et guinéen, Alpha Condé, qui sont autant de coups de Jarnac plantés au flanc de la démocratie et des règles de l’alternance, et que d’aucuns mettent allègrement dans le même registre que le coup d’Etat militaire d’Assimi Goïta et ses camarades. C’est un deux poids deux mesures qui ne se justifie pas et qui appelle la CEDEAO à mettre de l’eau dans son vin, à la suite des putschistes de Kati qui en ont suffisamment mis dans leur thé.
« Le Pays »