NOUVELLE CONDAMNATAION DE MORSI : La descente aux enfers continue
L’ex-président égyptien, Mohamed Morsi, n’en finit pas avec les ennuis judiciaires. En effet, déjà condamné à la peine de mort, à la perpétuité et à 20 ans de réclusion dans trois procès distincts, l’homme vient encore d’écoper d’une nouvelle peine de prison à vie. Il a été reconnu coupable d’avoir dirigé une « organisation illégale » et « subtilisé des documents secrets concernant la sécurité de l’Etat » égyptien au profit du Qatar. Certes, Morsi a été acquitté de l’accusation d’espionnage, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que la descente aux enfers semble se poursuivre pour celui-là qui fut le premier président démocratiquement élu de l’histoire du pays des Pharaons. Et c’est peu dire. Car, le président Morsi ne serait pas ainsi humilié à longueur de procès, si, par son entêtement, il n’avait pas voulu faire de l’Egypte une nation théocratique à un moment où le peuple aspire à plus de démocratie et de libertés. A preuve, même l’ex-raïs qui a été aussi chassé du pouvoir de la manière que l’on sait, n’a pas subi autant d’humiliations. Mieux, ce dernier semble même avoir bénéficié d’une certaine mansuétude de la part de la justice égyptienne qui, en 2011, avait acquitté, à l’indignation générale, ses deux fils poursuivis pour faits de corruption. Ce qui n’est pas le cas pour Morsi dont les partisans, depuis sa destitution en juillet 2013 par l’armée, sont la cible privilégiée d’une sanglante répression en Egypte.
Il ne faut pas que ces condamnations tous azimuts prennent la coloration d’un règlement de comptes
En tout cas, ils sont nombreux, les Frères musulmans qui croupissent aujourd’hui en prison, certains ayant tout simplement préféré prendre le chemin de l’exil. Et ce n’est pas tout. Car, du fait de l’intransigeance de Morsi, la confrérie des Frères musulmans, pourtant connue pour ses œuvres caritatives, a été classée comme une organisation terroriste par les autorités égyptiennes. Conséquence, n’étant plus autorisée à exercer en toute légalité, elle a fini encore par entrer dans la clandestinité comme ce fut le cas sous l’ère Moubarak. Ce qui sonne comme un recul à nul autre pareil pour une organisation qui, naguère, détenait le pouvoir d’Etat. Cela dit, le président Abdel Fattah al-Sissi doit savoir raison garder. Car, à force de s’acharner sur Morsi, il finira par le rendre sympathique, s’il n’en fait pas déjà un martyr, voire un héros. C’est pourquoi il ne faut pas que ces condamnations tous azimuts prennent la coloration d’un règlement de comptes, comme le pensent certains Egyptiens qui estiment que al-Sissi en fait trop vis-à-vis de Morsi en particulier et des Frères musulmans, en général. Du reste, ces derniers gagneraient à opérer leur mue, en emboitant le pas à Ennahda, le parti islamiste tunisien ; lui qui a décidé, sans ambiguïté, de faire la part des choses entre sa ligne politique et ses activités religieuses.
Boundi OUOBA