NOUVELLE DU VENDREDI : Un faux jugement
C’était un après-midi de jeudi. Il était 16h. Sur une grande avenue dans un quartier du pays des hommes intègres, je me suis arrêté par le plus grand des hasards devant une boutique pour recharger mon portable en unités d’appel. Le commerçant, un homme d’une quarantaine d’années, lisait un livre religieux et sa radio était aussi captée sur une chaîne identique.
Par son accoutrement et ses manières, ses signes extérieurs religieux étaient très dominants et appréciables.
Je le saluai et payai les unités. Dans l’attente de ma monnaie, arriva devant la boutique une jeune fille âgée d’entre 18-20 ans sur son vélo. Elle nous salua gentiment et demanda un renseignement.
Pouvez-vous m’indiquer, s’il vous plaît, l’hôtel M situé dans ce quartier ?
Le boutiquier observa un moment de silence tout hésitant, puis répondit :
Toutes mes excuses, mais je ne connais pas ce lieu.
La jeune fille semblait surprise et continua son chemin. Le vendeur alors déclara :
Le monde est en perdition. Que c’est si triste de voir des jeunes filles en plein jour se vendant dans les hôtels.
Sans commentaire, je pris ma monnaie, démarrai ma moto en pensant :
D’un autre angle de regard, l’hôtel est un lieu de dépravation des mœurs, mais pour ceux qui voyagent et arrivent dans un endroit inconnu, c’est le lieu de s’offrir un abri et une intimité
Un instant après, je dépassai la jeune fille. Juste à l’angle de l’autre rue, je vis un kiosque café et m’arrêtai de nouveau. C’est alors que je vis un panneau et fus fort surpris. Sur le panneau était marqué : hôtel M., maison d’hôtes tout confort, restaurant et piscine.
Le boutiquier qui officiait à deux rues de là ne pouvait pas ignorer ce lieu.
Instinctivement, je m’arrêtai, attendis la jeune fille et lui indiquai le panneau. C’est alors que tranquillement la jeune fille me confia :J’ai compris que le boutiquier en refusant de me renseigner, m’a vite jugée. Il m’a vite prise pour une prostituée en quête de clients à l’hôtel. Élève en classe de terminale, je travaille pendant ces moments de vacances dans un pressing et je viens dans cet hôtel pour déposer les factures de ma patronne en voyage.Elle me remercia, entra dans l’hôtel pendant que je commandais mon café. Cinq minutes après, elle ressortit et sur son vélo reprit le chemin pour d’autres dépôts de factures.De cet épisode de la vie courante, en pensant au boutiquier bien installé dans sa vie spirituelle et religieuse, apte à juger son prochain, son regard envers la jeune fille était simplement faux et déplacé. Je pensai à cette phrase du père d’un ami : « Il faut souvent éviter dans nos actes les jugements et condamnations prématurés ». Toutes les croyances du monde se résument en cette sainte parole : « Ne jugez pas si vous ne voulez pas être jugé. »
Ousseni Nikiéma, 70-13-25-96
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jeunedame seret
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Merci pour l’enseignement. Mais il faut toujours juger pour bien publier nos petitesses et animer la vie.
8 décembre 2018