PHENOMENES CLIMATIQUES EXTREMES EN AFRIQUE : Le continent noir peut-il en guérir ?
Ponts cassés, routes coupées, maisons écroulées, terres agricoles détruites, bétail emporté, c’est le spectacle désolant des inondations qui frappent de plein fouet l’Afrique en cette saison hivernale 2024 et qui sont devenues un sujet de préoccupation majeure sur tout le continent noir. Non seulement pour les populations qui en subissent directement les conséquences, mais aussi pour les gouvernants à qui incombe la responsabilité de trouver des solutions aux problèmes de leurs compatriotes. Toujours est-il que selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), plus de cinq millions de personnes dans 16 pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, ont été touchées par les inondations depuis le début de l’année. Le Tchad, le Niger et le Nigéria étant parmi les pays les plus touchés, avec près de 80% des personnes affectées. De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) recensait, en septembre dernier, plus de quatre millions de personnes affectées par les inondations catastrophiques provoquées par des pluies torrentielles dans 14 pays d’Afrique de l’Ouest. Et ce, dans un contexte où la crise de la faim touche près de 55 millions de personnes dans cette partie de l’Afrique.
Travailler à mettre en place des politiques adaptées au nouveau contexte de changement climatique
De quoi renforcer les inquiétudes de ces organisations humanitaires en raison de la hausse vertigineuse des besoins dans un contexte où l’aide humanitaire se fait de plus en plus rare. C’est dire la situation difficile que vivent ces populations qui ont le sommeil trouble, dès que le ciel s’assombrit. Comment peut-il en être autrement quand on sait que du Tchad au Mali en passant, entre autres, par le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Ghana et on en oublie, ces pluies diluviennes ont déjà fait des centaines de morts et des milliers de sinistrés ? C’est dire combien ces phénomènes climatiques extrêmes sont durement vécus par les populations en Afrique. La question qui se pose est la suivante : le continent noir peut-il en guérir ? La question est d’autant plus fondée qu’à en croire une note publiée par le Système régional intégré d’information agricole de la CEDEAO (Agrhymet), les précipitations enregistrées dans la bande sahélienne et localement au Nord des pays du Golfe de Guinée, ont été supérieures de 120% à 600% aux moyennes de 1991-2020. C’est dire si les choses peuvent aller de mal en pis pour des populations qui ne sont pas préparées à faire face à la situation. C’est dire aussi si la question du dérèglement climatique avec les conséquences que l’on sait, reste aujourd’hui plus qu’hier, une équation à résoudre impérativement. Car, si l’on peut se réjouir de l’abondance des pluies qui préfigurent généralement d’une bonne saison, le revers de la médaille, ce sont toutes ces catastrophes qui constituent autant de casse-tête pour les dirigeants que de désagréments pour les populations qui se retrouvent, du jour au lendemain, au milieu du gué.
Ces phénomènes de dérèglements climatiques doivent interpeler la conscience humaine
Le fait est que sur le sujet, les responsabilités restent partagées entre les populations qui manquent parfois de civisme en jetant des ordures ménagères dans les caniveaux qui s’en trouvent bouchés, et les pouvoirs publics qui ne jouent pas toujours leur rôle d’anticipation. Au-delà, il appartient aux Etats de travailler à mettre en place des politiques adaptées au nouveau contexte de changement climatique pour pouvoir faire convenablement face aux urgences liées à ces catastrophes naturelles. En tout état de cause, quand on pense qu’au Mali et au Niger par exemple, la rentrée des classes a été retardée à cause de ces inondations, on comprend qu’il y a véritablement péril en la demeure. C’est dire si ces phénomènes de dérèglements climatiques doivent interpeler la conscience humaine. Car, la planète est véritablement en danger avec ces catastrophes dont la presse se fait régulièrement l’écho un peu partout dans le monde et qui ne frappent pas que l’Afrique. Autant dire que c’est le sort et la survie de l’humanité qui sont en jeu. C’est le lieu d’appeler les Etats à plus de responsabilité, à commencer par les grandes puissances qui ne sont pas par hasard les grands pollueurs et qui refusent toujours d’entendre raison, malgré les alertes et la multiplication des sommets sur le climat qui se suivent et se ressemblent. En attendant, l’Afrique a besoin de la solidarité de la communauté internationale pour venir en aide aux sinistrés, dans un contexte rendu encore plus difficile par l’insécurité alimentaire et, par endroits, la menace terroriste qui affectent de nombreuses populations.
« Le Pays »