PLAINTE DU SOUDAN CONTRE LE TCHAD AUPRES DE L’UA ;: Quel impact ?
Le torchon brûle entre le Soudan et le Tchad. En effet, cela fait plus d’un an que les relations entre les deux voisins se sont davantage détériorées. Khartoum accuse Ndjamena de fournir des aides aux Forces de soutien rapide (FSR) qui, selon elle, commentent des exactions : tueries, viols, déplacement forcé des populations, crimes de guerres et crimes contre l’humanité au Soudan. D’ailleurs, pas plus tard que le 29 octobre dernier, le représentant du Soudan auprès des Nations unies, avait déclaré que 30 camions d’aides humanitaires acheminés vers son pays depuis le Tchad, étaient sous la protection des FSR, alors qu’en réalité, toujours selon lui, ils transportaient des armes sophistiquées pour l’ennemi. Forte de cette accusation, Khartoum a déposé une plainte officielle contre le pouvoir tchadien devant la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples basée à Banjul en Gambie. Cette plainte en date du 1er novembre 2024, vise à poursuivre les FSR et leurs alliés étrangers devant les juridictions internationales. Ces accusations, comme on pouvait s’y attendre, ont été réfutées par Ndjamena qui assure ne pas intervenir au Soudan, sauf en tant que médiateur pour ramener la paix dans ce pays en proie à la guerre civile. Voilà qui, vraisemblablement, risque de ne pas faire retomber la tension entre les deux pays. Si le plaignant affirme détenir des preuves tangibles sur l’implication de son voisin, c’est à lui de les fournir à la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, à même de permettre à la juridiction africaine de se prononcer. L’Union africaine (UA) pourrait alors saisir l’occasion pour dénoncer et essayer de mettre fin aux ingérences extérieures dans cette guerre qui a fait des centaines de milliers de morts, des millions de déplacés et créé un besoin urgent d’assistance. Car, il faut le reconnaitre, les Forces armées soudanaises dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan, et les Forces de soutien rapide avec à leur tête le général Mohamed Hamdan Daglo, sont toutes soutenues par des puissances étrangères. Des soutiens qui, malheureusement, ne permettent pas de mettre un terme à ce conflit qui a totalement dévasté le pays. Désormais, tous les regards sont tournés vers l’UA qui doit donner une suite à cette plainte. Se donnera-t-elle les moyens d’y parvenir ? On attend de voir. En tous les cas, elle peut déjà compter sur l’enquête que mènera sa juridiction saisie. Si elle aboutit, l’organisation continentale pourra alors confirmer ou infirmer les accusations portées contre le Tchad.
Edoé MENSAH-DOMKPIN