PRESIDENTIELLE AU SENEGAL : Le jeu reste ouvert
Lancée le 9 mars dernier, la campagne pour la succession de Macky Sall a amorcé, le week-end écoulé, sa dernière ligne droite. En effet, il ne reste plus que moins d’une petite semaine aux 19 candidats en lice qui allient différentes stratégies, allant du porte-à-porte aux meetings en passant par les caravanes, pour tenter de convaincre l’électorat. Mais, d’ores et déjà, l’on peut féliciter les acteurs politiques sénégalais qui font preuve d’une grande maturité politique. Car, pour l’instant, et ce, malgré le contexte politique tendu qui a précédé la campagne, l’on ne déplore aucun incident violent de nature à entacher la crédibilité du prochain scrutin. Bien au contraire, l’on a assisté à une détente progressive de l’atmosphère avec la libération des deux ténors du PASTEF, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. L’arrivée de ce duo sur la scène de la campagne apporte un peu plus de piment aux joutes oratoires électorales. Cela dit, la question qui, bien évidemment, taraude tous les esprits, du fait de cette nouvelle donne, est la suivante : quelles sont les chances du candidat du Pastef de remporter l’élection ? L’on pourrait, a priori, penser que Diomaye fortement handicapé par son absence sur la ligne de départ au moment où le top départ de la course a été donné, pourrait ne plus rattraper le temps perdu. Et cette situation, à juste raison, a même suscité des inquiétudes quant à l’équité et à l’égalité des chances de tous les candidats.
Diomaye Faye a encore toutes ses cartes en main
Mais les légendes des derniers arrivés qui coiffent au sprint final, les favoris de la course, sont légion. Cela dit, Diomaye Faye a encore toutes ses cartes en main. Et pour cause. Même s’il n’est pas Ousmane Sonko, il bénéficie du soutien sans réserve de ce dernier. Et il faut le dire, le parti a su utiliser la persécution politique et judiciaire dont il a été victime pour élargir sa base politique et sociale. En effet, le capital de sympathie engrangé du fait de ce martyr, pourrait être converti en voix électorales dans les urnes au profit du PASTEF. Autrement dit, le vote pour le candidat du PASTEF aurait été nettement plus massif s’il devrait porter sur Sonko. Mais si le candidat du PASTEF porté par l’élan de la sympathie populaire demeure une option sérieuse, l’on peut cependant se demander si cela est suffisant pour damer le pion au candidat de la majorité présidentielle, Amadou Ba. Rien n’est moins sûr dans la mesure où la majorité présidentielle a tout de même un bilan à défendre et dispose de l’appareil d’Etat qui reste encore largement à son service. Mais il est vrai que cet avantage peut être vite avalé par les turpitudes de Macky Sall qui, non seulement, a tardé à se décider à lâcher le pouvoir, omettant ainsi de préparer son dauphin. Mais aussi il a eu la malheureuse initiative de vouloir s’octroyer un bonus au pouvoir. Il a ainsi écorné son image. Toute chose qui pourrait entacher sérieusement l’image de son parti. Pire, l’on sait qu’Amadou Ba ne fait pas l’unanimité au sein même de sa famille politique. C’est dire si nombre de ses camarades politiques ne mouilleront pas, comme il se doit, le maillot pour lui. Surtout que le scrutin présidentiel au Sénégal n’est pas couplé aux législatives où les candidats se battent pour le parti et leur destin personnel. Cela dit, il ne faut pas oublier les 17 autres candidats dont certains ne comptent pas pour du beurre. Ils peuvent surtout être des faiseurs de roi en cas de second tour et cela constitue déjà en soi une grande victoire politique.
SAHO