PROCES DU PUTSCH MANQUE : Le MBDHP appelle à la vigilance
En prélude au procès du 27 février prochain du putsch manqué de septembre 2016 , le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP) a animé une conférence de presse dans la matinée du 20 février à son siège. Un procès qui doit être conduit avec rigueur et transparence… afin que toute la lumière soit faite et tous les coupables condamnés, selon Chrisogone Zougmoré, président du MBDHP.
Un test grandeur nature de crédibilité de notre système judiciaire, de ses acteurs impliqués dans le procès du putsch et de sa capacité à rendre justice à notre peuple. C’est le sens que le président du MBDHP donne au procès des putschistes qui se tiendra le 27 février prochain, si cette date était maintenue. Ce procès, à son avis, interpelle l’ensemble des démocrates, patriotes et révolutionnaires et appelle à plus de vigilance. Pour cela, le MBDHP, par la voix de son président, Chrisogone Zougmoré, interpelle la Justice afin que tout soit mis en œuvre pour que toute la lumière soit faite sur les crimes et délits commis lors du putsch et que les auteurs et commanditaires soient condamnés à la hauteur de leur forfait. La justice neutre n’existe pas, a indiqué Prospère Farama, l’un des avocats des victimes du putsch manqué, puisque, dit-il, un juge est toujours conditionné par beaucoup de facteurs, dont, entre autres, la situation sociopolitique ambiante. Mais il se dit tout de même convaincu qu’on peut avoir une Justice indépendante, des juges indépendants. Tout doit être mis en œuvre pour qu’il n’y ait pas de non-dits à l’issue du procès, à son avis. A ceux qui invoquent des conventions internationales, des recommandations de l’ONU au profit des personnes arrêtées dans le cadre du putsch, l’avocat rétorque qu’aucune convention internationale ne permet à une personne de tuer ses propres (con)citoyens. « Ne laissons pas aux gens le prétexte que la Justice a laissé des zones d’ombres qu’elle n’a pas éclairées », a-t-il relevé. Quid de ceux qui pensent qu’il faut supprimer le Tribunal militaire au prétexte qu’il serait une juridiction d’exception ? Pour Me Farama, il faut une réforme des institutions judiciaires au Burkina, pas des réformes judiciaires de type bourgeois, mais pour aboutir à, ou avoir des juridictions en adéquation avec les aspirations du peuple. Les victimes ne veulent pas de vengeance, elles demandent la justice, que le droit soit dit, foi de l’avocat. Droit que l’on ne saurait dire que dans le sens de la justice, et non assurer l’impunité à qui que ce soit, de son point de vue. En tant qu’avocat des victimes, il a déploré qu’on parle de la protection des droits de ceux qui ont tué, mais très peu de la protection des droits de ceux qui ont été tués, de ceux qui ont été blessés à vie. Tribunal militaire ou tribunal civil, cela ne change rien aux règles de droit connues de tous, à son avis. Les coupables seront condamnés et les innocents seront acquittés, selon l’avocat. Pas de compromission politique ou politicienne quelconque dans le procès, à l’entendre, au nom d’une certaine réconciliation ! Les gens peuvent se réconcilier, mais ceux qui ont commis des crimes doivent être condamnés, a-t-il conclu.
Lonsani SANOGO