HomeA la unePROLONGATION DU MANDAT DE LA MONUSCO  : Les résultats escomptés seront-ils au rendez-vous ?

PROLONGATION DU MANDAT DE LA MONUSCO  : Les résultats escomptés seront-ils au rendez-vous ?


Beaucoup n’en croient pas leurs oreilles. Et pourtant, c’est la réalité. Il s’agit, en effet, de la prolongation, pour un an, du mandat de la Mission de l’organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Conge (MONUSCO). Ainsi en a décidé le Conseil de sécurité et ce, en vertu de la résolution 2765. Avec un effectif maximum autorisé de 11500 militaires, 600 observateurs militaires et officiers d’état-major, 443 policiers et 1270 membres d’unités de police constituées, la MONUSCO aura, entre autres missions, de contribuer à la protection des populations civiles dans les zones où elle est déployée, appuyer la stabilisation et le renforcement des institutions de l’Etat ainsi que les principales réformes de la gouvernance et de la sécurité en RDC. Les résultats escomptés seront-ils au rendez-vous ? Telle est la question que bien des observateurs se posent ; certains n’hésitant même pas à afficher leur pessimisme surtout que le Conseil de sécurité n’a pas donné un mandat robuste et offensif à la MONUSCO. C’est, du reste, ce qui explique qu’après plus d’une décennie, ses résultats sur le terrain,  restent très mitigés.

 

Pour un aveu d’impuissance, c’en est un

 

 A preuve, la RDC ne se porte pas mieux qu’elle ne l’était hier ; en témoignent les incursions meurtrières des groupes armés rebelles. Le plus puissant d’entre eux, est le M23 qui, en plus de semer la mort et la désolation sur le terrain, contrôle plusieurs localités de la partie orientale de la RDC. Il est même à craindre que si rien n’est fait, il n’en vienne à prendre le contrôle de la capitale de cette partie du pays qu’est Goma. N’est-ce pas d’ailleurs pour cette raison que les autorités congolaises qui, on s’en souvient, avaient publiquement désavoué les forces onusiennes au point de demander leur départ, ont décidé de faire un rétropédalage en demandant leur maintien ? Pour un aveu d’impuissance, c’en est un. Car, on se rappelle qu’en plus des autorités congolaises qui la clouaient au pilori, la MONUSCO a fait face à des manifestations hostiles de populations stipendiées au point que par-endroits,  elle a vu certaines de ses  installations pillées et incendiées. Des pertes en vies humaines ont même été enregistrées. Pourquoi donc après tout ce ramdam, le pouvoir de Kinshasa a-t-il décidé de  changer son fusil d’épaule alors même que la MONUSCO était sur le point d’amorcer son retrait de la RDC ? La réponse est simple. Les forces armées congolaises, visiblement mal entrainées, ne font pas le poids face aux rebelles du M23 qui, soutenus par le Rwanda, dit-on, avancent sans coup férir. La situation est si critique que le président Félix Tshisékedi, manifestement à la peine, vient d’opérer un chamboulement au sein du commandement dans l’espoir d’obtenir de meilleurs résultats sur le terrain. La MONUSCO pourra-t-elle donc ramener la paix dans l’Est de la RDC ? Pas si sûr d’autant que la solution militaire a montré ses limites. Qui pis est, la médiation conduite par Luanda, elle aussi, piétine.

 

 

Kinshasa semble décidée à dénoncer les dérives des entreprises étrangères qui s’approvisionnent en minerais des conflits

 

 

 A preuve, la rencontre, la semaine dernière, des deux chefs d’Etat que sont Félix Tshisékedi et Paul Kagamé, qui était censée aboutir à un accord de paix, a viré au fiasco parce que n’ayant même pas eu lieu. En fait, pendant que Kigali exige l’ouverture de négociations directes avec le M23, Kinshasa s’y oppose catégoriquement. Que faire donc face à une telle impasse qui traduit toute la complexité de la situation qui prévaut dans l’Est de la RDC ? La question reste posée.  C’est dans ce contexte qu’accusé à tort ou à raison, d’utiliser dans ses produits, des minerais illégalement exploités, le géant américain Apple a enjoint ses sous-traitants de « suspendre l’approvisionnement en étain, tantale, tungstène et en or en provenance de la RDC et du Rwanda ». Cela fait suite à une plainte que Kinshasa a déposée contre l’entreprise en question, en France et en Belgique, les 16 et 17 décembre derniers. En attendant de voir l’évolution de la bataille judiciaire qui se profile à l’horizon, entre la RDC et Apple, on peut, d’ores et déjà, saluer une victoire d’étape pour Kinshasa qui semble désormais décidée à dénoncer les dérives de toutes les entreprises étrangères qui s’approvisionnent en minerais des conflits pour ne pas dire qui pêchent en eaux  troubles. Elle a d’autant plus raison qu’elle se retrouve au milieux de la  fournaise d’une guerre dont elle a du mal à supporter le fardeau et qui profite à des intérêts cachés. Ce qui fait dire à certains que les immenses ressources dont dispose la RDC, sont à l’origine  de ses malheurs.

 

« Le Pays »


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