HomeA la uneRECONNAISSANCE DES MARIAGES COUTUMIERS ET RELIGIEUX : Une mise en phase avec les réalités socioculturelles nationales

RECONNAISSANCE DES MARIAGES COUTUMIERS ET RELIGIEUX : Une mise en phase avec les réalités socioculturelles nationales


« Longue a été la nuit mais le jour a fini par se lever », pourrait-on dire avec l’adoption, en Conseil de ministres, en sa séance du 10 juillet dernier, du nouveau Code des personnes et de la famille, avec comme l’une des innovations majeures, la reconnaissance des mariages coutumiers et religieux. L’on sait, en effet, que sous les régimes précédents, le projet couvait mais n’était finalement jamais arrivé à maturité, pour on ne sait véritablement quelle raison. L’effet immédiat de cette reconnaissance légale, est que désormais, les unions faites par les autorités coutumières et religieuses pourront, sous des conditions précises, être transcrites sous le registre d’état civil avec les mêmes effets et les mêmes conséquences que le mariage civil célébré dans les mairies. En attendant de voir les conditions qu’édictera le législateur, l’on peut déjà saluer cette nouvelle disposition de la loi qui viendra, à coup sûr, sortir de l’ombre pour leur conférer un statut légal, des milliers d’unions mais aussi mettre en phase les Burkinabè avec leurs réalités socioculturelles. L’on peut même espérer que cette nouvelle loi vienne renforcer les liens conjugaux dans un contexte où les divorces sont légion. En effet, dans bon nombre de sociétés, le mariage qui est une alliance entre deux familles, est indissoluble et les traditions prévoient même des mécanismes pour pallier les difficultés de la vie conjugale.

 

Le nouveau Code des personnes et de la famille permettra de protéger la veuve et l’orphelin

 

L’autre effet attendu du nouveau Code des personnes et de la famille, c’est qu’il permettra de mieux protéger la veuve et l’orphelin, souvent exclus de l’héritage au motif qu’ils n’ont pas de statut légal conféré par les registres d’état civil.  C’est dire si les autorités de la Transition ont eu le nez creux en adoptant ce nouveau dispositif règlementaire. Cela dit, on espère que le législateur fera montre de perspicacité  pour ne pas adouber, au travers de cette nouvelle loi, les mauvaises valeurs que peuvent contenir certaines de nos pratiques coutumières en lien avec le mariage. L’on peut citer, entre autres exemples, l’endogamie, les mariages forcés, les mariages précoces, les dots surélevées, la ségrégation nuptiale basée sur les castes et les ethnies et l’on en passe. La plupart de ces antivaleurs sont d’ailleurs prohibées soit par la Constitution du Burkina Faso, soit par d’autres textes législatifs en vigueur dans le pays. Il s’agira donc de faire en sorte d’éviter les conflits de textes mais surtout de faire en sorte que les mauvaises pratiques citées ne viennent pas entacher une innovation majeure qui vaut son pesant d’or dans la construction des cellules sociales de base que sont les familles. Cela dit, en attendant de voir le nouveau dispositif règlementaire, il convient aussi de sensibiliser les leaders coutumiers et religieux sur ce supplément de pouvoir que l’on confère à leurs actes. Des drames nés des mariages coutumièrement ou religieusement arrangés, il en existe. D’où la nécessité d’inscrire leurs actes dans la modernité et dans la légalité pour le plus grand bonheur de ceux qu’ils administrent de par la volonté des ancêtres et de Dieu.

 

Sidzabda 


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