RECOURS EN ANNULATION DES RESULTATS DE LA PRESIDENTIELLE OUGANDAISE
L’opposant chanteur ougandais, Bobi Wine, n’aura pas tardé à reprendre le combat après la levée du blocus autour de son domicile. En effet, ses avocats ont déposé, le 1er février, un recours devant la Cour suprême ougandaise, pour réclamer l’annulation des résultats de la présidentielle du 14 janvier 2021. On se rappelle que l’opposant, arrivé deuxième avec 34,8% des voix à la présidentielle, n’a eu de cesse de contester la victoire de Yoweri Museveni qu’il accuse de s’être livré à des fraudes massives. Si le combat de l’opposant s’inscrit dans une logique de défense de la démocratie, l’on ne peut s’empêcher de se demander si son recours a des chances de prospérer. La balance va-t-elle peser en faveur du farouche adversaire de Yoweri Museveni? Rien n’est moins sûr. Il est vrai que les juges avaient fait preuve de courage et d’indépendance en ordonnant récemment la levée du blocus autour du domicile de l’opposant. Mais de là à croire qu’ils iront jusqu’à annuler les résultats de la présidentielle du 14 janvier, c’est un pas qu’il faut se garder de franchir. En tout cas, on voit mal cette Cour qui aura longtemps obéi aux ordres du satrape, aller à l’encontre de la volonté de ce dernier. Ce serait, et c’est peu de le dire, une première en Ouganda, pour ne pas dire, la fin d’une époque. Car, sauf erreur ou omission de notre part, et de mémoire de journaliste, pas plus de deux cours africaines, à savoir celles du Kenya et du Malawi ont eu le culot d’annuler les résultats d’une présidentielle pour cause d’irrégularités et de fraudes massives. C’est dire si les chances de Bobi Wine sont très minces.
Les Ougandais auraient tort de laisser Bobi Wine seul dans le combat qu’il mène contre le satrape
Ce d’autant que Yoweri Museveni qui dirige sa bananeraie, pardon, son pays d’une main de fer depuis plus de trois décennies, ne s’imagine pas une autre vie en dehors du pouvoir. Cela dit, la Cour suprême qui dispose de 45 jours pour livrer son verdict, joue sa crédibilité. Car, si elle balaie du revers de la main, les éléments de preuves de l’opposant, elle renforcera, à coup sûr, le sentiment des Ougandais qui ne se font pas d’ailleurs d’illusions, qu’elle est au service du prince régnant. En tous les cas, au-delà de Bobi Wine, c’est toute une jeunesse qui espère voir les choses changer en Ouganda. Au-delà de la quête légitime de justice, c’est un combat pour la survie de la démocratie en Ouganda mais aussi et surtout pour la libération de tout un peuple pris en otage depuis plus d’un quart de siècle par un homme. Mais hélas, malgré ses 76 ans, Museveni fait montre d’une soif inextinguible du pouvoir. C’est pourquoi les Ougandais auraient tort de laisser Bobi Wine seul dans le combat qu’il mène contre le satrape. Même si l’issue de la décision de la Cour suprême semble connue d’avance, le peuple ougandais ne doit pas baisser les bras.
Dabadi ZOUMBARA