RENE EMILE KABORE, PRESIDENT DU RSR, EXILE EN COTE D’IVOIRE:« Ce n’est certainement pas avec 50 millions de F CFA que l’on finance un coup d’Etat »
L’homme n’est plus à présenter. Nous parlons de René Emile Kaboré, président du Rassemblement pour un sursaut républicain (RSR), ancien ministre de la Jeunesse et des sports de l’ex-président Blaise Compaoré et ex-député. Soupçonné d’être impliqué dans l’affaire du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015, l’homme ne s’est jamais présenté devant la Justice. Du moins, il vit en exil en Côte d’Ivoire depuis ce putsch manqué. Ce qui ne l’empêche pas d’être condamné, par contumace, à 30 ans de prison ferme. «Il est indissociable de l’aile politique du coup d’Etat et a reçu de l’argent en provenance de la Côte d’Ivoire pour soutenir le putsch», a indiqué le parquet lors du procès. En effet, lors des interrogatoires, l’un des accusés a dit avoir reçu 50 millions de F CFA qui lui auraient été en partie versés – ainsi qu’à l’ancien ministre René Emile Kaboré, par des «amis ivoiriens» pour organiser des actions de soutien au putsch. Bref, à la faveur de la récente publication de son livre, « Et si enfin on se disait la vérité », nous avons pu contacter l’homme. C’est lui, l’invité de “Mardi Politique” de ce jour.
« Le Pays » : Comment René Emile Kaboré vit-il son exil depuis 2015 suite à l’affaire du putsch manqué ?
René Emile Kaboré : Je voudrais, à l’entame de cette interview, vous remercier pour votre démarche qui va permettre de véhiculer des informations qui peuvent intéresser vos lecteurs de tous bords. Je veux que vous acceptiez mes vives félicitations pour vous, pour l’ensemble de tout le personnel et de tous ceux qui ont travaillé, autour du Fondateur, à la réussite du journal « Le Pays » qui est aujourd’hui un motif de fierté pour tous les Burkinabè. Ceci dit, René Emile Kaboré vit effectivement hors du Burkina depuis quelques années et Dieu merci, il se porte bien.
Comment jugez-vous vos conditions de vie en Côte-d’Ivoire ?
La Côte d’Ivoire est un grand pays, par sa superficie mais surtout par le dynamisme de son économie qui fait d’elle la grosse locomotive de la zone UEMOA. C’est, de surcroît, un beau pays avec sa façade maritime et ses plages, ses lagunes et ses plans d’eau, ses vallonnements et ses montagnes qui lui donnent du relief. C’est un pays à l’agriculture très diversifiée (cacao, café, ananas, banane, coton, igname, manioc, etc.) et sauf à le vouloir, on ne peut plus y mourir de faim. Globalement donc, on y vit bien et le retour de la paix depuis 2011, offre des perspectives très prometteuses. Pour l’heure, Dieu seul sait quand et comment s’effectuera ce retour que je souhaite bien sûr proche
Avez-vous la nostalgie du Burkina ?
Quand on s’éloigne de la terre qui vous a vu naître, qui a bercé votre enfance et qui vous a vu grandir, après un temps plus ou moins long selon les individus, le mal du pays arrive et s’installe pour certains avec des conséquences dommageables sur leur vie, surtout en l’absence d’une activité qui permet à l’esprit d’être occupé à autre chose qu’au ressassement de la nostalgie du pays. En ce qui me concerne, j’ai des activités qui m’occupent pleinement. Pour ce qui est de mon retour au Burkina Faso, plusieurs facteurs échappent à mon seul contrôle et il m’est par conséquent difficile d’en déterminer une date. Pour l’heure, Dieu seul sait quand et comment s’effectuera ce retour que je souhaite bien sûr proche.
De quoi est fait votre quotidien ?
Entre mes activités professionnelles et sociales, j’ai très peu de temps pour les loisirs. Et puis, écrire un livre demande aussi beaucoup de temps.
Avez-vous des nouvelles de votre famille restée au pays ?
Ma famille nucléaire est un peu partout dans le monde et avec les nouvelles technologies de l’information, les contacts restent étroits avec tout le monde, jusqu’au village.
Dans l’opinion d’une partie des Burkinabè, vous avez refusé d’assumer vos actes devant la Justice en fuyant votre pays. Qu’en dites-vous ?
Selon vous, une partie des Burkinabè pense ou m’accuse d’avoir refusé d’assumer mes actes et d’avoir fui devant la Justice de mon pays. Soit. Ce que je peux affirmer, c’est que cette partie des Burkinabè dont vous parlez, se trompe. Pourquoi ?
–Tout d’abord, de quels actes parlez-vous ? Il ne peut s’agir que de toutes les arguties qui ont pu être avancées telle cette allusion de SY Chérif devant le tribunal, selon laquelle j’ai eu une vive discussion le 15 septembre 2015 à la sortie d’une réunion du GISAT (Salle des banquets de Ouaga 2000) où reprenant à peu près la thèse de Etienne Traoré (dans l’Observateur Paalga du même jour), il soutenait, comme à regrets, que n’eût été leur «mansuétude» pour n’avoir pas été jusqu’au bout de leur coup d’Etat «insurrectionnel», nous ne serions pas là encore à les ennuyer. J’avais tenu à lui rappeler que la belle salle dans laquelle se tenait la réunion, n’était pas leur œuvre et que si nous avions fait preuve d’intolérance comme eux, ils n’auraient jamais eu accès à ces lieux. Et j’avais conclu en lui disant que nous règlerions nos différends en famille et à la maison. En réalité, j’ai toujours considéré Chérif comme un petit frère et j’étais loin de penser qu’il allait interpréter cet incident survenu juste la veille du coup d’Etat du 16 septembre, comme une preuve de mon implication. C’est un peu court. Mais vu l’importance du personnage, dans le système (Haut représentant de son président, ministre de la Défense), sa parole devenait un ordre en direction du tribunal. Je voudrais vous rappeler quelque chose : en juillet 2015, notre parti, le Rassemblement pour un sursaut républicain (RSR), a donné une importante conférence de presse. Il a annoncé, à cette occasion, très clairement qu’il ne prendrait pas part aux élections de 2015 si la loi d’exclusion dite loi Chérif, restait en vigueur. Vous avez vu la suite. Malgré l’ordonnance de la Cour de justice de la CEDEAO, malgré les engagements non tenus de Michel Kafando, cette loi scélérate a bel et bien été maintenue et nous, nous avons tenu parole. De ce fait, nous n’avons jamais reconnu les résultats de ces élections et avons toujours rejeté les institutions qui en sont issues. Nous restons attachés à l’Etat, mais encore une fois, nous rejetons le régime issu des élections sélectives de 2015. Il est donc clair que je ne reconnais au tribunal militaire créé par ce régime, aucune compétence pour connaître d’une affaire me concernant. Au demeurant, ma position et mon appréciation du tribunal comme du procès, sont consignées dans le livre que je viens de publier.
Vous avez été jugé et condamné dans l’affaire du coup d’Etat. Quel commentaire faites-vous de cette condamnation ?
Une telle sentence s’apparente à une loi de la jungle. Les «forts» du moment jugent comme ils veulent et décident de ce qu’ils veulent, jusqu’à ce qu’ils rencontrent plus fort. La démocratie exige l’acceptation préalable des règles du jeu par tous. Ce n’est visiblement pas le cas au regard des longues batailles de procédure, des nombreux incidents et des déclarations des avocats de la défense.
Dites-nous quel rôle vous avez joué lors du coup d’Etat manqué ?
Je vous soupçonne de vouloir vous ériger en tribunal pour refaire le procès. En réalité, je n’ai pas beaucoup à dire. Le temps est un autre nom de Dieu.
Beaucoup vous accusent d’avoir financé les putschistes. Est-ce bien le cas ?
Très sérieusement, pensez-vous un seul instant que cela soit fondé ? A votre avis, combien faut-il pour faire un coup d’Etat ? Salif Diallo nous a donné des indications sur les aides multiformes que les RSS (Roch, Simon, Salif) ont reçues pour le leur. Aujourd’hui, vous avez appris comme moi, selon votre confrère Le Dossier, que Mahamadou Issoufou réclame le remboursement de 3 milliards de F CFA à Roch et c’est sans doute la partie visible de l’iceberg. Or, il n’était pas le seul financier. Cela nous donne un ordre d’idée de la hauteur du financement d’un coup d’Etat. Ce n’est certainement pas avec 50 petits millions que l’on finance un coup d’Etat.
Maintenant que le jugement est fini et que vous êtes condamné, que comptez- vous faire ?
Je réfléchis. Si vous avez des suggestions, ce sera avec plaisir que je les analyserai.
Vous venez de publier un livre où vous parlez de la vérité. De quelle vérité s’agit-il ?
Effectivement et le titre est «Et si enfin on se disait la vérité». Il s’agit de notre vérité à tous. Cette vérité qui est un passage obligé pour la réconciliation. Pas la «vérité-mensonge» de circonstance, pas cette «vérité de propagande», servie pour tromper, abuser du peuple et voler des victoires. Mais la vérité qui avoue ses erreurs, ses crimes et ses fautes.
Quelle a été votre source d’inspiration ?
Plus que les miennes, la misère et les souffrances du peuple burkinabè. C’en est de trop et tout cela doit s’arrêter. Encore nous faut-il avoir l’intelligence et le courage de chercher à savoir où nous avons trébuché. Le Burkina, jadis et très longtemps havre de paix et de liberté, devient brutalement un pays de tous les malheurs, accusant une véritable descente aux enfers. Les terroristes de tous bords y ont trouvé un terrain fertile où ils se pavanent en toute impunité. Plus aucun jour ne passe sans que le Burkina n’ait à pleurer ses fils tombés au front ou lâchement assassinés à la maison, au champ, à l’église, au temple ou à la mosquée. Ils sont des centaines de milliers (presque 500 000 selon les derniers chiffres), exilés à l’intérieur de leur propre pays, à errer, tels des gens sans patrie, affamés et assoiffés, spoliés, meurtris dans l’âme et physiquement fatigués, le long des routes ou sous les arbres. Ce spectacle en mondovision heurte les consciences et interpelle. Comment en sommes-nous arrivés là ? Dans le livre, j’affirme et je démontre par les faits, que le mensonge est la clé de voûte et qu’il est temps qu’enfin, on se dise la vérité. Tant que nous refuserons de nous dire la vérité, nous resterons dans cette situation de blocage dans laquelle nous sommes englués.
Dans quelles conditions le livre a-t-il été écrit ?
Je ne connais pas les conditions habituelles, puisque c’est la première fois que je m’y essaie. Pour moi, il aura fallu que je m’organise pour trouver du temps pour faire de la recherche documentaire et pour écrire. Il aura fallu régler d’autres aspects, notamment financiers. Le livre a été réalisé à comptes d’auteur. Ce n’est certainement pas une sinécure.
Comment les Burkinabè peuvent-ils avoir accès à votre ouvrage ?
Il est en vente à la librairie MERCURY et à DIACFA librairie au prix de 8 000 F CFA.
Qu’est-ce que le livre apporte de nouveau dans la vie politique et sociale et dans l’histoire du Burkina Faso?
Vous savez, quand deux personnes lisent un livre, elles n’y trouvent pas forcément le même intérêt. Autour d’un repas, les convives n’y trouvent pas forcément la même satisfaction. J’ai voulu apporter ma petite contribution à la recherche de solutions aux gros problèmes que nous vivons. Qui plus est, dans notre pays, nous avons une jeunesse forte et dynamique qui, malheureusement, n’a pas toujours reçu les informations qu’elle est en droit d’attendre. Ce qui fait qu’elle peut être trompée de bonne foi. Sur cent personnes qui parlent du Sankarisme, combien savent en réalité de quoi ils parlent? On parle de Sankara en évoquant un espoir d’approfondissement de la démocratie, plus de liberté et de droits de l’Homme ; toutes choses qui sont exactement à l’opposé des valeurs que prônait Sankara. Un autre exemple : des citoyens bien informés de nos traditions, de nos valeurs morales, de la loi et de l’histoire de notre jeune république, n’auraient jamais mis le feu au symbole premier de la République : l’Assemble nationale.Bref, la communication qui accompagne l’ouvrage est : «Pour comprendre ou mieux comprendre la grave crise qui secoue le Burkina Faso depuis Octobre 2014».
Votre pays est dans l’œil du cyclone terroriste, quelles en sont les explications et les raisons ?
C’est précisément l’une des raisons de la parution du livre.
Selon vous, comment en sortir ?
Plusieurs pistes existent. Mais de façon chronologique et prioritaire, beaucoup évoquent ou ont évoqué la nécessité d’une véritable réconciliation nationale. Ici, au Burkina et en interne, il y a eu le gigantesque travail de la CODER dont notre parti, le RSR, est membre actif. Mais le gouvernement, pensant pouvoir se jouer de tout et de tous, a, depuis la Transition, choisi de botter en touche. De l’extérieur, des voix se sont élevées pour insister sur la nécessité et l’urgence de réconcilier les Burkinabè. La Chancelière allemande en est la parfaite illustration ; elle qu’on ne peut pas soupçonner de ne pas savoir de quoi elle parle. Je ne comprends pas l’entêtement du pouvoir MPP à ce niveau car c’est lui dont les légions ont pillé, brûlé et tué, qui aurait eu le plus à gagner d’une véritable réconciliation. Peut-être le comprendra-t-il un jour. Il sera peut-être trop tard. Il y a aussi que le président Blaise Compaoré a, avec beaucoup d’humilité, proposé son assistance. Il n’y a personne, ni au Burkina Faso, ni ailleurs, sauf les gens de mauvaise foi, qui doute de ses capacités maintes fois démontrées. Là aussi, aucune réponse. Inviter toutes les armées du monde à venir au Burkina Faso ne me semble pas la solution qui, encore une fois, ne peut que venir de nous-mêmes d’abord. Ressortir d’un placard poussiéreux, un Pierre Ouédraogo et ses CDR, ressemble à une plaisanterie de mauvais goût qui ne peut tromper que ceux qui ignorent tout du tort que les exactions de ces milices d’un autre temps, ont fait au régime de Sankara. Les CDR sont, en effet, une des causes du soulagement général de la large majorité des Burkinabè à la suite de la mort de Sankara. Ramener Pierre Ouédraogo et ses CDR, traduit aussi clairement le désarroi du pouvoir MPP qui, en l’absence d’une vision qui lui soit propre, tâtonne de tous côtés. C’est un très mauvais signal.
Quel regard portez-vous sur le pouvoir du MPP ?
Là encore, je vous renvoie à mon livre. J’y donne mon opinion sans fioriture. Mais je vous préviens, mes notes vous paraîtront peut-être trop sévères. Mais à bien observer la situation, elles me semblent justes.
Avez-vous des discussions avec le régime en place dans la perspective de votre retour au bercail ?
Aucun contact !
Comment se dessine votre avenir politique alors que votre parti a disparu pratiquement de la scène politique ?
Je vous rappelle que ce n’est pas le parti qui m’a créé.
Comment voyez-vous l’issue des élections de 2020 ?
Très honnêtement, ma préoccupation est à la situation que vit notre pays avec ces morts au quotidien et la misère que vivent nos concitoyens, avec en prime une menace d’effondrement de l’Etat. Pour tout vous dire, je suis même scandalisé de la débauche d’argent du MPP qui, selon les dernières
informations, aurait passé une commande de 100 véhicules pour sa campagne électorale, alors qu’il se plaint tous les jours du manque d’argent pour équiper convenablement nos Forces de défense et de sécurité. En lieu et place du grand raout, samedi au stade pour soi-disant soutenir les FDS, le MPP aurait pu annoncer en leur faveur un don de 2.200.000.000 de F CFA en faisant l’économie de sa commande. Le sentiment qui m’anime, à distance, est que le pouvoir MPP n’a pas encore pris la mesure de la situation de guerre et de détresse dans laquelle est plongé notre pays. D’une certaine manière, je pense qu’il y a même comme de l’indécence à se polariser sur cette élection de 2020 et cette histoire de recensement général d’une population dont une partie croissante n’a plus de domicile que sur les routes et sous les arbres.
Que faut- il faire ?
Il faut réfléchir. Il faut prendre en compte notre situation de guerre.
Il faut trouver le moyen de tout consacrer au sauvetage du pays d’abord. Il faut donner plus de place à l’armée. Il faut taire toutes ces fausses querelles politiciennes et appeler à l’union sacrée. Les formules existent en droit, même dans tous ces pays donneurs de leçons, où alors que nous en avons une pratique millénaire, ils apprennent seulement maintenant l’intérêt de la formule « Travail contre Prison». Maintenir tous ses valeureux soldats, des baroudeurs et des généraux expérimentés en prison alors que le pays brûle et que tout le monde sait que leur apport permettrait sans conteste de sauver la vie de beaucoup de nos concitoyens, refuser ou retarder la main tendue du président Compaoré dont personne n’ose douter de la compétence et de l’expérience, relève, sans peur des mots, d’une essence criminelle. Nous ne pouvons plus nous cantonner dans des postures idiotes de règlement de comptes personnels pendant que nous risquons la dislocation, voire la disparition du plus grand héritage de nos parents. Y aura-t-il des élections en 2020 si le drapeau terroriste flotte à Ouagadougou ? Si le MPP, qui, depuis quatre ans, n’arrive pas à trouver la moindre solution, n’arrive pas à comprendre ça, alors qu’il dégage ! Il a clamé partout qu’il peut. S’il ne peut pas, personne ne l’y contraint, surtout qu’il est arrivé au pouvoir dans les conditions d’apartheid électoral que l’on sait. Car, enfin, le Burkina Faso, notre pays à tous, n’est pas la propriété du MPP seul qui aurait le droit de le gérer, sans aucun résultat, à sa guise.
Les exilés politiques burkinabè se rencontrent-ils souvent et quels sont leurs rêves ?
Je ne connais pas une association des exilés politiques en Côte d’ivoire. Mes rapports avec nos compatriotes vivant en Côte d’Ivoire se font sans distinction de statut politique.
Quels sont vos rapports avec Blaise Compaoré aujourd’hui ?
Mes rapports avec le SEM le Président Blaise Compaoré sont comme toujours, empreints de respect et de grande considération. C’est un grand homme pour lequel j’ai beaucoup de reconnaissance, naturellement pour tout ce qu’il a fait pour notre pays et partant pour nous tous. Je fais partie des 71% de Burkinabè qui exigent son retour au pays qu’il a tant servi et pour lequel il veut encore apporter son soutien dans les moments difficiles que le temps traverse.
Quel appel lancez-vous au peuple burkinabè ?
Dans la situation que vit le Burkina, je lance plutôt un appel à Dieu : daigne Dieu, bénir et protéger le Burkina Faso et son peuple.
Interview réalisée par Michel NANA