REPRISE DU DIALOGUE POLITIQUE EN COTE D’IVOIRE
Le 16 décembre 2021, le dialogue politique a repris en Côte d’Ivoire sous la houlette du Premier ministre, Patrick Achi. Un dialogue qui dure depuis plus de deux ans et qui attend de connaître son épilogue. En effet, il a été entamé, en janvier 2020, par feu le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, puis poursuivi par son successeur, Hamed Bakayoko, avant que ce dernier ne soit, lui aussi, arraché comme son prédécesseur à l’affection de ses compatriotes en plein exercice de ses fonctions de chef du gouvernement, dans les conditions que l’on sait. Cela n’avait pas empêché ce dialogue de connaître des avancées significatives à travers les points d’accord, de convergence et les recommandations qui avaient abouti à la tenue, en mars dernier, des élections législatives qui se voulaient les plus inclusives possibles, dans un climat apaisé. C’est dire combien, dans un souci d’apaisement du climat sociopolitique, ce dialogue était une nécessité pour la Côte d’Ivoire où les démons des violences politiques ne dorment jamais que d’un œil. C’est dire aussi si en plus de saluer la reprise de ce dialogue politique qui participe hautement de la décrispation, l’on attend de lui qu’il aille à son terme au grand bonheur du peuple ivoirien.
La recomposition de la CEI sur des bases consensuelles ne peut être qu’un signal positif
Car, les enjeux sont énormes en termes de renforcement de la démocratie et d’apaisement du climat sociopolitique. Cela contribuerait à donner plus de chances et de contenu à la réconciliation nationale que le président Alassane Dramane Ouattara (ADO) appelle de tous ses vœux. Cela est d’autant plus nécessaire que malgré la relative accalmie sur le plan politique, la Côte d’Ivoire reste encore profondément balafrée par la crise post-électorale de 2010-2011 dont certaines plaies peinent encore à se cicatriser. Et quoi de mieux pour tourner définitivement la page que le nécessaire consensus politique autour des questions qui fâchent, pour une préservation de la paix sociale ? C’est dire si en attendant de voir si les fruits de ce dialogue politique tiendront la promesse des fleurs de l’apaisement du climat sociopolitique, on peut affirmer que la Côte d’Ivoire est sur le bon chemin. Elle l’est d’autant plus que la première phase de ce dialogue politique qui s’était tenue au premier semestre de l’année 2019, avait abouti à la recomposition de la Commission électorale indépendante (CEI). Quand on sait toutes les attentions que cette institution a cristallisées dans un passé récent et le rôle ô combien négatif qu’elle a pu jouer dans l’exacerbation de la crise en 2010-2011, sa recomposition sur des bases consensuelles ne peut être qu’un signal positif. Et avec la nouvelle reconfiguration de la scène politique nationale qui a, entre autres, vu la naissance d’une nouvelle formation politique, en l’occurrence le Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI) de l’ex-président Laurent Gbagbo qui ne compte pas pour du beurre en Côte d’Ivoire, une éventuelle recomposition de la Commission électorale dans un souci d’équilibre des forces en présence, ne serait pas une mauvaise chose en soi.
Reste à espérer que le consensus prévaudra jusqu’au bout
Bien au contraire, cela pourrait renforcer la confiance entre acteurs de la classe politique, dans la perspective des élections locales de 2023 qui se profitent déjà à l’horizon. C’est pourquoi il faut souhaiter que ce dialogue politique aboutisse à des conclusions et des recommandations fortes, qui puissent permettre à la Côte d’Ivoire de se réconcilier avec elle-même. C’est le seul combat qui vaille la peine d’être mené ; tant le pays revient de loin. Mais la force du dialogue politique ne pourra véritablement opérer en Côte d’Ivoire que si les acteurs politiques font preuve d’engagement sans réserve et de sincérité dans les contributions aux débats. C’est à ce prix qu’ils pourront se donner les meilleures chances d’un dialogue fructueux dans la perspective de la réconciliation nationale vers laquelle la Côte d’Ivoire s’achemine à petits pas. Pourvu donc que la montagne n’accouche pas d’une souris. Car, c’est la Côte d’Ivoire tout entière qui gagnerait à tourner résolument le dos aux violences politiques qui ont fait tant de mal au pays, pour résoudre les questions essentielles dans un cadre républicain et civilisé. A commencer par le président ADO qui a besoin de paix et de sérénité pour conduire à bien son troisième mandat engagé dans un climat plutôt agité. Reste maintenant à espérer que le consensus prévaudra jusqu’au bout ou, à tout le moins, que les acteurs politiques de la majorité et de l’opposition parviendront à s’accorder sur l’essentiel, dans l’intérêt du peuple ivoirien. Dans le même élan, il reste à espérer que, des exilés politiques aux prisonniers d’opinions, en passant par toutes les personnes physiques ou morales engagées dans le débat politique sur les bords de la lagune Ebrié, personne ne sera laissé sur le bas- côté de la route de la réconciliation nationale qui devrait permettre au pays de prendre un nouveau départ. Il y va de l’intérêt du pays.
« Le Pays »