RETOUR DE LAURENT GBAGBO A MAMA
Dix jours après son retour au pays, l’ancien président ivoirien, définitivement acquitté par la Cour pénale internationale (CPI), de crimes contre l’humanité et crimes de guerre, a foulé le sol de son village natal. C’était le 27 juin dernier dans une ambiance des grands jours qui caractérise généralement le retour de l’enfant prodigue. Le Christ, ainsi qu’on le surnomme, est donc enfin de retour à Mama, dans le Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire où ses partisans qui trépignaient d’impatience, l’attendaient de pied ferme. « Je veux voir le corps de mon président pour savoir s’il est réellement à Gagnoa. C’est la joie, nous sommes excitées, nous sommes animées par la joie », a laissé entendre une des femmes fortement mobilisées à l’occasion et qui arboraient fièrement des pagnes à l’effigie de leur champion. Rappelons qu’avant Mama, Laurent Gbagbo a dû faire une escale dans le village voisin de Blouzon où il s’est recueilli sur la tombe de sa mère décédée alors qu’il était en détention provisoire à la prison de Scheveningen à La Haye. Toute chose qui mérite d’être soulignée et saluée à sa juste valeur, surtout quand on sait que son rival qu’est l’actuel président, Alassane Dramane Ouattara (ADO), n’a pas eu droit aux mêmes égards puisque les reliques de sa génitrice, on s’en souvient, avaient été exhumées aux temps fort de la crise par les partisans, dit-on, de Laurent Gbagbo, alors chef de l’Etat.
Laurent Gbagbo se doit de faire montre de doigté
C’est tant mieux donc si les uns et les autres ont accepté de jeter la rancune à la rivière pour ne privilégier que l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire. Cela dit, après l’étape de Mama, on attend de voir la suite que donnera Laurent Gbagbo vers qui tous les regards sont tournés. Car, de l’attitude qu’il adoptera dans les prochains jours, dépendra le succès de la réconciliation nationale que le président ADO appelle de tous ses vœux. Tous ses faits et gestes seront scrutés aussi bien par le pouvoir que par ses militants qui ne jurent que par lui. En clair, Laurent Gbagbo est très attendu sur le chantier de la réconciliation. Pas plus qu’il aura fort à faire pour ressouder le Front populaire ivoirien (FPI) qui est sur le point de voler en éclats avec deux camps qui, depuis des années, se disputent le leadership. Il s’agit du camp de Pascal Affi N’gnessan et de celui de Assoa Adou qui se regardent en chiens de faïence, les uns se revendiquant plus loyaux à Gbagbo que les autres. Et comme pour ne rien arranger, est venu s’ajouter le divorce en cours, du couple Gbagbo qui ne manquera pas de fragiliser davantage le parti, surtout quand on sait que dame Simone n’est pas une militante de la 25e heure et qu’elle mobilise beaucoup dans les milieux évangéliques. Laurent Gbagbo se doit donc de faire montre de doigté s’il veut que le FPI qui a perdu le pouvoir d’Etat, ait la chance de le reconquérir. A défaut, le parti risque de mourir de sa belle mort.
Boundi OUOBA