RETROCESSION DE BIENS D’ALI BONGO A L’ETAT GABONAIS : Un geste pas si philanthropique !
A l’occasion du 55e anniversaire de l’indépendance du pays, célébré le 17 août dernier, le président gabonais, Ali Bongo, dans un message à la Nation, a annoncé qu’il cédait à la jeunesse gabonaise sa part d’héritage de son père Omar Bongo Ondimba. Raison avancée par le premier des Gabonais pour justifier son geste : « nous sommes tous les héritiers d’Omar Bongo Ondimba ». Ainsi, les revenus tirés de sa part d’héritage, seront versés à une fondation pour la jeunesse et l’éducation. Quant à l’Etat gabonais lui-même, selon le président, la fratrie Bongo a décidé de lui donner pour le franc symbolique, deux hôtels particuliers de leur défunt père dans la capitale française, notamment dans le VIIème et le VIIIème arrondissement, et une immense propriété dans la capitale gabonaise, destinée à créer une université au profit de la jeunesse gabonaise.
Pour un fait inédit, c’en est un. Car, jamais dans l’histoire de ce pays, voire de l’Afrique, l’on a vu un président céder ses biens à un Etat. En cela, le geste d’Ali Bongo mérite d’être salué. Mais à y regarder de près, l’on se demande s’il est si philanthropique qu’il le laisse croire. L’on peut en douter. En effet, si, sous nos tropiques, l’on est coutumier de dons d’individus à des œuvres caritatives, il n’en est pas de même à l’endroit des Etats. De surcroît, venant d’un président en exercice, le geste est si atypique qu’il ne peut manquer de susciter des interrogations. Ailleurs, comme en Occident par exemple, l’on aurait pu pousser la curiosité jusqu’à chercher l’origine et les modalités d’acquisition de ces biens. Et dans le cas d’espèce, les interrogations sont d’autant plus fondées que le défunt président dont une partie de l’héritage fait l’objet de ces dons, avait été cité dans une affaire dite « de biens mal acquis » de présidents africains. Soupçonnés de thésauriser des fortunes colossales en Europe, cela leur avait valu, à lui et à ses pairs Sassou Nguesso du Congo, Théodoro Obiang Nguema de la Guinée Equatoriale, Eduardo Dos Santos d’Angola et Blaise Compaoré du Burkina Faso, une plainte en 2007 de trois associations françaises pour « recel de détournement d’argent public ». Outre les comptes bancaires pleins à craquer, ces fortunes concernent aussi, entre autres, des complexes immobiliers payés rubis sur ongle dans des quartiers huppés de la capitale française où même des locataires de l’Elysée peineraient à s’acheter un studio.
On reste sans voix face à la fortune colossale des présidents africains
De ce point de vue, l’on ne peut s’empêcher de voir en ces dons, une forme de rétrocession à l’Etat gabonais d’une infime partie de ce qui lui appartient. Et si c’était le cas, ce serait trop facile ! Car cela renverrait l’image du voleur qui dépouille sa victime le matin pour venir lui faire l’aumône le soir. Aussi, dans le contexte pré-électoral actuel, où le président gabonais fait l’objet de vives critiques, on est porté à croire que ces déclarations ont aussi des visées électoralistes, surtout à l’endroit d’une jeunesse démunie, mais dont les voix comptent beaucoup pour la conquête du fauteuil présidentiel. Sans oublier que si cette hypothèse de « biens mal acquis » s’avérait, il n’est pas exclu qu’Ali Bongo ait voulu prendre les devants, dans une affaire qui pourrait prendre un jour des tournures inattendues, quand on sait que certaines associations européennes comme Sherpa, Survie ou Transparency International France, ne désespèrent pas de faire rendre gorge devant les tribunaux, à tous ces « Ali Baba » des économies africaines qui ont pillé le continent et se sont enrichis pour des générations et des générations, en gardant leurs magots camouflés en Occident, au moment où leurs pays ploient sous le poids de la dette. Cela est criminel. Mais si cela a pu arriver, c’est que, quelque part, l’on a permis à ces chefs d’Etat de penser qu’ils pouvaient disposer à leur guise de toutes les richesses de leur pays. Et ils ne s’en sont pas privés. Mais il faut que ça cesse. Pour cela, les Africains doivent prendre leur destin en main, afin d’éviter de donner des pouvoirs trop élargis aux princes régnants. En attendant la concrétisation des gestes d’Ali Bongo, le Gabon ne peut pas cracher sur cette manne, surtout qu’il en a certainement besoin. Il faut seulement espérer qu’à l’image de bien des familles africaines qui ont connu les démons de la division pour les partages d’héritage, la jeunesse gabonaise se montrer digne face à l’héritage de Bongo fils. D’autant plus que la question de l’héritage du défunt président, qui compte 53 héritiers déclarés, n’est pas encore réglée, six ans après son décès. Ses actifs culmineraient à plusieurs centaines de millions d’euros pendant que certaines sources lui attribueraient rien moins que 33 appartements ou maisons en France. Des chiffres à donner le tournis, qui rivaliseraient avec le budget de certains Etats dont Bongo père traitait les salaires des fonctionnaires de perdiems. Aujourd’hui encore, l’on reste sans voix face à la fortune colossale de ces présidents africains dont on n’a pourtant jamais entendu dire que les pères étaient des Crésus, au moment où une grande partie de leurs compatriotes peinent à s’assurer un bon repas journalier, dans des pays où tout reste à faire en matière d’infrastructures, de santé, d’accès à l’eau potable, d’éducation, etc.
Quand un Etat est pauvre au point que des individus doivent voler à son secours, cela traduit tout simplement l’échec de sa classe dirigeante. Et que l’Etat gabonais soit si défaillant à se construire une université au point que le président Ali Bongo soit amené à puiser dans son héritage personnel pour l’en doter, n’est pas à l’honneur du président lui-même. Si ce n’est pas un aveu d’échec, cela y ressemble fort. C’est simplement triste.
Outélé KEITA
ENONGOUÉ
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Il faut être aerosolé pour écrire que le Gabon est incapable de construire une université. Pour votre gouverne, le Gabon a delà trois (3) Universités publiques : l’Université Omar Bongo (Libreville), l’Université des Sciences de la Santé (Owendo) et l’Université des Sciences et Tecniques de Masuku (Franceville).
19 août 2015anta
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ENONGOUÉ, le Gabon pourrait construire, une université par village, si les Bongo le voulaient.Qu’est-ce que le Gabon n’a pas comme ressources? Combien sont les Gabonais?Même pas la moitié de la population de Ouagadougou, avec un territoire plus grand que le Burkina et dix mille fois plus riche.Votre pays est pris en otage par une famille.
24 août 2015