SECOND TOUR DE LA PRESIDENTIELLE EN SIEERA LEONE : Que le meilleur gagne !
Comme le premier, le second tout de la présidentielle sierra-léonaise, s’est déroulé sans couac ni anicroche. Les électeurs, mobilisés devant les bureaux de vote, ont voté dans le calme, le 24 mars dernier. On attend maintenant le verdict qui sortira des urnes pour savoir qui, du candidat du pouvoir Samura Kamara, et celui de l’opposition Julius Maada Bio, succèdera à Ernest Baï Korama qui, à l’issue de ses deux mandats constitutionnels, a décidé de faire valoir ses droits à la retraite. Le fait est d’une si rare élégance qu’il mérite d’être souligné quand on sait qu’en Afrique, la tendance est aux règnes à vie. Le cas le plus emblématique est celui du Tchadien, Idriss Deby Itno, qui, après six mandats consécutifs, fait encore des pieds et des mains, pour rester advitam aeternam au pouvoir. Mieux, il a déjà annoncé la couleur avec les réformes institutionnelles en cours qui déboucheront sur un référendum constitutionnel dont les résultats sont connus à l’avance. Pour revenir à la Sierra Leone, on peut dire, au regard de ce qui nous a été donner de voir, qu’il y a de l’espoir. Car, il faut le dire, ils sont peu, les pays africains qui accepteraient d’organiser des élections où un candidat de l’opposition mettrait en ballotage celui du parti au pouvoir. En règle générale, quand il ne passe pas haut la main, dès le premier tour, le candidat du pouvoir caracole en tête. Ce qui n’est pas le cas en Sierra Leone où le candidat de l’opposition est arrivé en tête avec 43% contre 42 pour son rival. Mais comme en politique, 2×2 ne font pas forcément 4, il faut se garder de crier victoire. Car, on l’a vu en Guinée Conakry où avec près de 44% des suffrages exprimés, au premier tour, Cellou Dalein Diallo a finalement été battu à plate couture par Alpha Condé en 2010. Cela parce que, généralement, dans l’entre- deux-tours, beaucoup d’eau coule sous les ponts, si fait que l’on voit naître parfois des alliances contre-nature. Mais pouvait-il en être autrement ? Assurément non, puisque nous sommes en politique où tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins. Et c’est peu dire. Mais on n’en est pas encore là en Sierra Leone. Pour l’heure, tout le monde est suspendu aux lèvres du président de la Commission électorale qui, avec son équipe, est à pied d’œuvre pour que les résultats provisoires soient rendus publics dans des délais raisonnables. En tout cas, comme nous l’écrivions déjà dans un de nos éditos, la Sierra Leone ne doit pas décevoir. Elle a montré au reste du monde que l’on pouvait compter sur elle en matière de respect de la démocratie. Elle doit donc maintenir le cap.
C’est pourquoi, à l’issue de la proclamation des résultats, si contestation, il y a, celle-ci doit se faire suivant les voies de recours légales comme avait su bien le faire le juriste issu du parti au pouvoir, qui, alléguant qu’il y avait eu des fraudes au premier tour, avait saisi la Haute cour de justice. C’est à ce prix que le pays pourrait éviter une crise post-électorale avec son lot de violences parfois meurtrières. La Sierra Leone n’en a même pas besoin ; elle qui sort d’une longue guerre civile qui l’aura sérieusement éprouvée. Alors, que le meilleur gagne !
Boundi OUOBA