SITUATION NATIONALE: L’UAS suspend son mot d’ordre de grève
L’Unité d’action syndicale (UAS) a décidé de suspendre son mot d’ordre de grève générale sur toute l’étendue du territoire national lancé le 16 septembre dernier, pour faire échec au coup d’Etat du Conseil national pour la démocratie (CND). C’était au cours d’un point de presse tenu ce 26 septembre 2015 au Centre d’éducation ouvrière à Ouagadougou.
«L’Unité d’action syndicale (UAS) a décidé de suspendre, à partir de ce jour samedi 26 septembre 2015, le mot d’ordre de grève générale, sur toute l’étendue du territoire national», a annoncé en début d’après-midi, Bassolma Bazié, président de mois des centrales syndicales et syndicats autonomes. C’était le 26 septembre dernier à Ouagadougou. Une décision qui intervient, selon Bassolma Bazié, au regard des acquis importants enregistrés par les luttes syndicales et en prenant en compte un certain nombre de difficultés liées notamment à la rentrée scolaire, à la situation dans les hôpitaux et services de santé, etc. Ainsi, les travailleurs ont été invités à reprendre service ce jour 28 septembre 2015. En effet, l’UAS avait lancé un mot d’ordre de grève le 16 septembre dernier pour faire barrage au coup de force perpétré par le Conseil national pour la démocratie (CND). Il avait donc décrété une grève générale sur l’ensemble du territoire national. Un mot d’ordre largement suivi, si bien que l’UAS s’est félicitée de l’adhésion des travailleurs et des populations qui a permis de « faire échec au coup d’Etat réactionnaire de type fasciste, d’obtenir la libération des personnes arrêtées et fait important, la dissolution du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) ».
Par contre, pour la levée du mot d’ordre, Bassolma Bazié a estimé que la période de crise que traversait le Burkina n’était pas propice à cela. Selon lui, c’est l’analyse de l’environnement qui va permettre de lever le mot d’ordre de grève en temps opportun. «Au vu des éléments en notre possession, on ne peut pas indiquer une période pour lever le mot d’ordre. C’est le temps, l’analyse de l’environnement qui vont le permettre ; cela d’autant que nous sommes dans une période de crise », a-t-il ajouté.
Des lettres d’explication sont adressées aux travailleurs
Parlant de la décision du Procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou annonçant le gel des avoirs des auteurs et complices présumés du putsch du 16 septembre dernier, Bassolma Bazié a expliqué que la position des syndicats était de faire en sorte que tous les Burkinabè responsables de crimes économiques et de sang répondent devant la Justice, et non d’indiquer les acteurs politiques qui doivent être frappés d’exclusion.
Avant cette conférence de presse de l’UAS, une délégation ministérielle conduite par le ministre de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale (MFPTSS), Augustin Loada, a rencontré le mouvement syndical en fin de matinée, pour transmettre un message du Gouvernement de la Transition. « Comme vous l’avez vu, le mouvement syndical a apporté une contribution décisive à l’échec de ce coup d’Etat et c’était un devoir pour nous, même si c’était un engagement citoyen de sa part et qui n’avait pas besoin de remerciement particulier, de porter ce message de félicitation, de gratitude du Gouvernement vis-à-vis du mouvement. Ensuite, dans la perspective d’une normalisation de la vie des travailleurs et des Burkinabè en général, le Gouvernement a pris un certain nombre de dispositions d’ordres juridique et pratique sur le terrain et nous aimerions que le mouvement syndical accompagne ces efforts en vue d’une normalisation en levant le mot d’ordre de grève générale qui avait été lancé. Bien entendu, la vigilance s’impose à nous tous, mais nous pensons que nous devons progressivement tourner la page et ce serait bien que les travailleurs reprennent le travail parce qu’il y a beaucoup à faire pour reconstruire notre pays », a confié le ministre Loada.
Pour sa part, la délégation syndicale, avec à sa tête le président de mois de l’UAS, Bassolma Bazié, a indiqué que les syndicats n’ont fait qu’exécuter leur devoir qui est de défendre la démocratie, les libertés, la dignité et la vie humaine. « De ce point de vue, nous n’avons pas besoin d’être remerciés spécialement », a dit M. Bazié qui a par ailleurs fait savoir que des informations leur parvenant font état de ce que des lettres d’explication sont adressées aux travailleurs. Pour ce faire, il a invité le Gouvernement à prendre toutes les dispositions afin qu’aucune forme de répression, quelle que ce soit la forme, ne soit prise à l’encontre d’un Burkinabè.
Colette DRABO et Thierry SOU