HomeA la uneSOMMET DE NAIROBI SUR LE CLIMAT : L’Afrique paiera-t-elle cash ses propres turpitudes ?  

SOMMET DE NAIROBI SUR LE CLIMAT : L’Afrique paiera-t-elle cash ses propres turpitudes ?  


En prélude à la Conférence des parties (COP) 28 prévue pour se tenir en décembre prochain aux Emirats arabes unis, les chefs d’Etat africains ont tenu, du 4 au 6 septembre derniers à Naïrobi au Kenya, un sommet continental sur le climat, à l’effet de dégager une position commune dans les moyens à mettre en œuvre dans la lutte contre le réchauffement climatique. Un sommet qui se justifie d’autant plus que face aux grandes puissances qui ne sont pas par hasard les plus grands pollueurs du monde, l’Afrique, qui subit durement les conséquences du changement climatique, peine à peser véritablement dans les grandes décisions et encore plus à être récompensée à la hauteur de ses efforts pour la préservation de la planète. Mais, en lieu et place de la convergence de vues qui devait sceller leur unité et faire leur force avant le voyage dans la mégalopole émiratie qui se veut le centre des affaires du Moyen-Orient, les chefs d’Etat africains ont étalé dans la capitale kényane, des divergences qui laissent douter de la capacité de l’Afrique à montrer un front uni au sommet de Dubaï.

 

L’unanimité est loin de se dégager au sein des dirigeants africains

 

Des disparités de centres d’intérêts qui sont d’autant plus inquiétantes qu’elles semblent révélatrices d’une volonté de prêcher chacun pour sa chapelle, en privilégiant des intérêts plutôt égoïstes au détriment de l’intérêt général. En effet, pendant que certains, à l’image du Congolais Denis Sassou Nguesso, plaident pour que l’énergie carbone soit au cœur de la lutte pour l’obtention de financements et la création d’un marché carbone mondial autour des forêts du bassin du Congo, de l’Indonésie et du Brésil qui, à elles trois, « concentrent 80% de la biodiversité mondiale et constituent le régulateur de l’équilibre carbone de la planète », d’autres, à l’instar du Comorien Azali Assoumani,  ou encore du Djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, militent plutôt pour le développement d’une économie bleue, axée sur les océans. Le président sénégalais, Macky Sall, quant à lui, est sur la même longueur d’onde que l’hôte de ce sommet, le Kényan William Ruto, qui estime que c’est le développement d’une économie verte qui est au cœur du combat, avec son pendant du non-respect des engagements de financements internationaux. C’est dire si à ce sommet sur le climat de la capitale kényane, l’unanimité est loin de se dégager au sein des dirigeants africains, par rapport à la stratégie à adopter pour défendre au mieux les intérêts du continent. Comment, dans ces conditions, ne pas nourrir des inquiétudes quand on sait que les grandes puissances qui sont par ailleurs les plus grands pollueurs, ne sont pas des enfants de chœur dans les négociations sur le climat ? Et quand on voit combien il est parfois difficile d’arracher certains accords, on se demande si l’Afrique ne paiera pas cash ses propres turpitudes si ses représentants devaient aller en rangs dispersés au sommet de Dubaï. Déjà, le continent noir est victime d’iniquité dans les efforts déployés pour faire face à la crise climatique.  

 

Cette façon de tirer chacun la couverture à soi, pourrait être fortement préjudiciable aux intérêts du continent africain

 

Car, non seulement il n’a pas les moyens de réagir aux phénomènes extrêmes contrairement aux pays du Nord, mais aussi il semble abandonné à lui-même au point de paraître le dindon de la farce, dans le principe du pollueur-payeur visant à instaurer cette forme de « justice climatique » qui peine encore à tenir les engagements des différentes COP. Et que dire de la promesse non tenue de l’Accord de Paris de 2015, de fournir 100 milliards de dollars par an pour atténuer les conséquences de la vulnérabilité des pays africains aux changements climatiques ? Autant de faits qui ne poussent pas véritablement à l’optimisme quant à la prise en compte des intérêts de l’Afrique dans la lutte contre le réchauffement climatique ; du moins si le continent noir n’est pas capable de peser dans la balance pour la faire pencher en sa faveur. De toute évidence, sans remettre en question la pertinence des arguments avancés par les uns et les autres, cette façon de tirer chacun la couverture à soi, pourrait être fortement préjudiciable aux intérêts du continent africain, si rien n’est fait d’ici le début de la COP28, pour arrondir les angles et accorder les violons. Et l’Afrique pourrait hypothéquer ses chances de devenir cette « superpuissance des énergies renouvelables » dont le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutteres, qui en a fait la déclaration à la tribune de ce sommet de Naïrobi, le 5 septembre dernier, voit le potentiel en elle. Au moment où la cagnotte de 4,5 milliards de dollars d’investissements dans les énergies propres sur le continent noir, annoncée par les Emirats arabes unis, se présente comme une grande opportunité à ne pas rater. L’Afrique saura-t-elle être au rendez-vous ?

 

 « Le Pays »  

 

 


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