SUSPENSION DE L’AIDE AMERICAINE AU GABON : Une décision symbolique !
Les Etats-Unis ont qualifié les évènements survenus le 30 août dernier au Gabon, ayant occasionné le renversement du président Ali Bongo, de « coup d’Etat ». Or, dans la tradition des Américains, dès lors qu’une telle qualification est formellement reconnue, l’Administration a l’obligation de suspendre son assistance et sa coopération avec le pays concerné. En ce qui concerne le Gabon, les Etats-Unis s’étaient donné plus d’un mois d’observation ; le temps d’évaluer l’évolution de la situation. Finalement, ils n’ont eu d’autre choix que d’accepter le fait accompli ; ce qui les a contraints à suspendre leur aide et assistance au gouvernement gabonais, à l’exception de l’aide humanitaire, sanitaire et à l’éducation. Mais quand on sait que Washington n’est que peu engagée au Gabon, on peut, sans risque de se tromper, conclure que la décision qu’elle vient d’annoncer, est seulement symbolique. Surtout qu’elle n’exclut même pas une reprise prochaine en « même temps que des actions concrètes ». En fait, les Etats-Unis n’abandonnent pas totalement le Gabon. Bien au contraire, ils promettent d’apporter leur soutien à une « transition durable vers une gouvernance civile » et cela, au nom « des intérêts partagés de sécurité dans le golfe de Guinée ». On comprend aisément.
Les Etats-Unis font profil bas en maniant le bâton et la carotte
Car, au moment où les grandes puissances se bousculent sur le continent africain, les Etats-Unis, quoiqu’attachés aux valeurs et principes démocratiques, ne veulent pas laisser le terrain libre aux adversaires que sont la Russie, la Chine et la Turquie. C’est pourquoi ils font profil bas en maniant le bâton et la carotte, de peur de se retrouver dans la même situation que la France aujourd’hui en perte de vitesse sur le continent noir. La preuve, excepté le Gabon, l’Hexagone est clouée au pilori dans bien des pays en transition, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger, où ses soldats ont pratiquement été humiliés avant d’être contraints à faire leurs parquetages. Certes, on n’en est pas encore là au Gabon mais tout porte à croire qu’au plan interne, la purge a déjà commencé au sein de l’armée. En effet, le lieutenant-colonel Frédéric Bongo qui n’est personne d’autre que le demi-frère du président déchu, Ali Bongo, vient d’être radié des effectifs de l’armée et de la garde républicaine pour « faute contre l’honneur, la probité et les devoirs généraux, fautes contre la discipline militaire et manquements aux règles de services ». Si, en 2022, il avait déjà échappé à une première procédure de radiation grâce à son demi-frère de président d’alors qui n’avait pas entériné la décision, Frédéric Bongo, cette fois-ci, est visiblement dos au mur. Car, on se demande comment il pourra se tirer d’affaire ; lui qui, pendant une décennie, a forgé son influence et sa puissance dans le renseignement. Est-ce parce qu’il en sait trop que le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, pour parer à toute éventualité, a décidé de le radier? Tout porte à le croire. Car, rien ne dit que Frédéric Bongo, s’il a l’occasion, ne tentera pas de venger son démi- frère en perpétrant un coup d’Etat contre Oligui Nguema.
B.O